Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

Balzac et la petite tailleuse chinoise de Dai Sijie

Balzac et la petite tailleuse chinoise de Dai Sijie

Au début de l’année 1971, Luo et le narrateur ont respectivement 18 et 17 ans lorsqu’ils sont envoyés au « Phénix du Ciel», une zone de montagne comprenant une vingtaine de villages, située près de Yong Jing, au bord du fleuve Ya,  pour y faire leur « rééducation ». Coupables d’être fils de dentiste et de médecin, ils sont condamnés  à se rendre dans les montagnes, comme tous les jeunes intellectuels de l’époque.

En effet, depuis la fin de l’année 1968, le président Mao a changé profondément le pays en interdisant la lecture de livres autres que le petit livre rouge et les manuels scolaires (de propagande), en décidant de fermer les universités et d’envoyer à la campagne les jeunes intellectuels, tous issus de familles riches donc bourgeoises,  pour y être rééduqués par les paysans pauvres.

Isolés dans le village le plus haut perché de la région, les deux jeunes gens vivent dans une maison sur pilotis qui fut durant plusieurs années leur résidence et le témoin de leurs jeunes années.

Grâce au petit réveil de Luo, possédant un coq qui bouge à chaque seconde, ils deviennent rapidement respectés par le chef du village qui tombe en adoration devant l’objet.

Cependant la vie quotidienne est rude : il leur faut supporter l’isolement, les saisons, la rusticité de leur vie, comprendre les réticences et les peurs des paysans devant l’inconnu (le roman débute sur l’épisode inénarrable du violon !), travailler dur et dans des conditions très difficiles (porter des seaux en bois sur le dos, contenant de l’ « engrais naturel » liquide, monter des pentes vertigineuses, extraire du charbon…), et tenir le coup moralement et physiquement. Heureusement, il y a le violon anti-déprime dont sait jouer le narrateur, et les talents de conteur de Luo, qui vont leur permettre d’avoir régulièrement deux jours de congés par mois pour se rendre à la ville visionner un des films en plein air, et revenir ensuite le raconter aux paysans, subjugués !

C’est lors d’une descente dans un village proche où, un de leur ami d’avant, le « binoclard », fils d’un écrivain et d’une poétesse, effectue sa rééducation, que leur vie bascule (enfin celle de Luo et par ricochet celle du narrateur puisque Luo est son ami de toujours) : ils rencontrent sur leur chemin, le tailleur…et font quelques semaines plus tard, la connaissance de sa fille, une vraie princesse, la Petite Tailleuse. Elle commence par soigner Luo avec des plantes lors d’une terrible crise de paludisme, et les deux jeunes gens tombent amoureux.

C’est à cette période que les deux garçons découvrent que le « binoclard » cache une valise dans sa chambre. Persuadés que celle-ci contient des livres interdits, ils ne lui laisseront aucun répit, lui rendront moult services…jusqu’à ce que celui-ci cède et leur en prête un, un livre de Balzac !

La lecture du livre leur ouvre les yeux sur le monde extérieur, l’amour et ses plaisirs. Luo part au petit matin retrouver la petite tailleuse et découvre l’amour, le narrateur recopie des extraits du livre à l’intérieur de sa veste en peau pour ne pas oublier les mots, avant de rendre le livre comme promis…

Les deux jeunes gens deviennent obsédés par l’existence de cette valise et sont prêts à tout pour en connaître le contenu. Lorsqu’ils apprennent la libération proche du « binoclard », ils en viennent même à monter tout un scénario pour la voler.

Sous leur torche électrique, ils découvrent tous les grands auteurs occidentaux !

Mais Luo ne sait pas encore que sa vie est en train de basculer et qu’il va vivre le plus grand malheur de toute son existence. Lui qui désire tant transformer la Petite tailleuse, va voir son rêve se réaliser.

 

C'est un roman envoûtant, indescriptible, dont la lecture m’avait captivée voilà déjà quelques années, et que j’ai eu beaucoup de plaisir à relire pendant mes vacances. Il a obtenu de nombreux prix littéraires. Par contre, je n'ai jamais vu le film qui a été inspiré par ce roman. J'ai toujours peur d'être déçue par l'image qui ne reflète pas forcément "ma" réalité.

Il peut être lu dès l’âge de 14 ans par les ados qui découvriront ainsi tout un pan de l’histoire de la Chine, tout en suivant l’histoire de ces jeunes privés de tout, sauf d’espoir…

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article