Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Les images sont magnifiques. Le drone rase l'eau immobile, dans la première lumière ambrée de l'aube, entre les blocs de glace scintillants. L'eau, le soleil et le vent les sculptent depuis des jours dans d'élégants et fragiles équilibres. Puis le drone se stabilise à deux cent mètres du front du glacier, et on voit soudain s'ourlet sous lui le remous du mascaret, poli d'or blanc et de cuivre roux par les rayons rasants du soleil, qui roule vers le glacier...
Le roman débute alors qu'un petit avion est obligé de se poser en catastrophe en pleine tempête, sur le plus grand glacier d'Islande, le Vatnajökull. Nous sommes en 1995. A son bord, deux hommes, dont l'un tient dans sa main un attaché case, relié à une menotte. Tous deux vont glisser dans la crevasse, emportés par le vent. En 2002, deux hommes viennent à nouveau sur le glacier. L'un d'entr'eux recherche les traces des anciennes éruptions volcaniques. En explorant la crevasse, ils tombent sur les deux cadavres...
Des années après, un témoin oculaire qui filmait avec son drone le spectacle du front glaciaire en train de s'effondrer dans la lagune, découvre trois cadavres pris dans la glace et...la carlingue d'un avion.
A ce stade, le lecteur sait donc que l'un des hommes venus sur le glacier en 2002 est porté disparu ou encore en vie. Bien entendu, nous ne saurons qu'à la fin du roman de qui il s'agit, et ce qui lui est réellement arrivé....ce qui participe au suspense et à l'envie de tourner les pages.
Le réchauffement climatique est responsable du recul des glaciers partout dans le monde et, à des kilomètres de là, au Groenland...il provoque l'apparition d'une ancienne base nucléaire américaine (voir ICI pour en savoir plus sur cette base qui a réellement existée) bien cachée sous la glace depuis la guerre froide et tenue secrète jusqu'à présent.
Pendant ce temps, en pleine tempête, un chalutier en fuite est intercepté par un hélicoptère des forces spéciales. À son bord bien cachée dans la cale, Botty une toute jeune inspectrice pugnace découvre le cadavre de la jeune Anika, 15 ans, recherchée par toute la police islandaise. Les deux pêcheurs, des jumeaux, sont immédiatement arrêtés et Botty portée aux nues par la presse dès le lendemain. Mais cela ne va pas durer car peu de temps après les jumeaux sont assassinés sous les yeux de tous, par un député qui affirme qu'Anika était sa maitresse. C'est la stupeur ! Comment Botty a-t-elle pu laissé passer une info aussi primordiale durant son enquête ?
C'est Kornelius Jakobson, évincé de la police depuis peu, qui va être chargé de ces affaires au départ comme simple consultant et témoin, car c'est lui qui a assisté à la fracturation du glacier et a filmé la scène avec son drone. Il va enquêter avec plusieurs autres personnes dont l'inspecteur Ari Eiriksson qui a comme signe particulier de déclamer toute la journée tout un chapelet de maximes plus ou moins compréhensibles et loufoques, extraites des carnets de son grand-père. D'autres personnes influentes interviendront pour faire éclater le vérité.
Le lecteur comme toujours devra s'accrocher pour s'y retrouver et ne pas se perdre parmi tous ces personnages, comprendre qui sont les vrais/faux gentils et les vrais/faux méchants jusqu'à ce que les histoires se rejoignent. Mais au passage, il découvrira des héros attachants car tellement humains avec leur solitude, leurs problèmes personnels, et leurs failles. Kornélius surnommé "le pire meilleur flic du pays" parce qu'il se met toujours dans des situations impossibles tant dans sa vie privée que dans sa vie professionnelle, fera tout pour découvrir les vrais coupables, parfois même au péril de sa vie, il se rendra pour cela jusqu'au Groenland et au Danemark et mettra au jour des manigances politiques, de la corruption, les actions pas très nettes des services secrets, et celles d'un avocat plus que véreux.
Les plus hauts représentants de la justice dans le pays sont également impliqués dans ces affaires tout comme le député et ce qu'ils veulent éviter à tout prix, c'est que le scandale éclate, et pour cela ils sont prêts à tout pour contrer les découvertes des enquêteurs. Mais heureusement Kornelius sait y faire pour déjouer les pièges et faire parler ceux qui se taisent depuis trop longtemps. Il en impose autant par sa taille que par ses capacités à dénouer les affaires les plus complexes...
Le crime passionnel. Ça laisse supposer qu'on puisse tuer par amour. C'est un concept créé pour trouver une circonstance atténuante aux hommes qui tuent par jalousie. C'est une excuse aux féminicides.
Pour contrer une éventuelle attaque soviétique, l’armée américaine a initié en 1958 le projet Iceworm.
Une prétendue base de recherche scientifique dont l’objectif était d’étudier en profondeur la structure de la banquise. En fait, un projet démentiel, digne du docteur Folamour. Dans un premier temps, ils ont creusé sous la base, baptisée Camp Century, toute une ville souterraine [...]Mais Camp Century leur a surtout servi de point de départ pour déployer le projet Iceworm. Pour faire court : quatre mille kilomètres de galeries sous la glace, équipées pour certaines de rails, afin d’y répartir un stock de six cents missiles à tête nucléaire de type Minuteman améliorés vers plus de deux mille silos de tir.
Voilà un nouveau thriller paru début avril d'un auteur que j'aime beaucoup et dont j'avais particulièrement aimé la trilogie Yeruldelgger, présentée ICI (1er opus) sur mon blog, ICI (second opus) et ICI (troisième opus). Cette trilogie avait reçu d'ailleurs reçu le Grand Prix des lectrices de ELLE, le prix SNCF du polar et le prix Quais du Polar. Pour ceux qui ne le savent pas encore Ian Manook est un des nombreux pseudos du journaliste Patrick Manoukian.
Comme toujours avec lui, le lecteur est pris au piège dès les premières pages. Le ton sonne juste et les personnages sont crédibles. Les paysages sont époustouflants et participent à l'ambiance. L'écriture est fluide mais rythmée, et le suspense est bien présent grâce aux nombreux rebondissements. L'humour parfois caustique, ajoute au plaisir de la lecture...
"Krummavísur" est le troisième épisode d'une trilogie, dont j'ai lu le second opus "Askja" présenté ICI sur mon blog. Aussi, bien que je n'ai jamais lu le premier, j'ai accepté tout de suite de le recevoir lorsque Babelio m'a proposé de le lire, dans le cadre d'une Masse Critique exceptionnelle. Les histoires peuvent se lire séparément donc je lirai un jour, le premier ("Heimaey") peut-être vous, avez-vous commencé à lire cette trilogie dans l'ordre de parution ?
Pour info : Les titres des chapitres correspondent exactement aux derniers mots de leur fin... et le titre du roman est le nom de la chanson que Kornelius entonne souvent, le sombre chant du corbeau affamé, le Krummavísur qui jouera un rôle dans le roman mais chut, je ne vous dirai rien de plus !
Bonne lecture ! Merci à l'éditeur et à Babelio pour leur confiance.
C'est une forme de suicide, dit Miller en le regardant à travers le rétroviseur.
- Quoi ?
- Cette façon de vouloir aller plus loin que le système, au-delà des ordres, au nom d'une intégrité que plus personne n'exige de toi, c'est une sorte de suicide.
- Tu as fait fac d'espion option psycho ? se moque Kornelieus qui vient pourtant d'en arriver à la même conclusion...
Pour info, le blog se met en demi-pause à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 13 mai inclus...Et oui c'est le temps des vacances, vous trouverez donc seulement 3 articles par semaine programmés (lundi, mercredi, vendredi...) et je viendrais vous rendre visite dès que je le peux. Merci de votre compréhension, et n'oubliez pas de laisser un lien valide vers votre blog pour faciliter ma venue !
A très bientôt !