Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Voilà un thriller parfait pour les amateurs du genre. C'est le premier volet d'une trilogie. Il est suivi par "L'île au secret" et "La dernière tempête" que je lirai sans doute lorsque je les trouverai en médiathèque puisqu'il ne s'agit pas d'une suite et que tous les tomes peuvent se lire séparément. A noter, les trois titres sont parus en poche.
Il suffisait de mettre un pied dans le jardin pour se sentir immergé dans la nature. Avec la mer si proche, le vent soufflait beaucoup, il est vrai. Mais Hulda s'était toujours accrochée au vent frais de l'océan, aussi froid soit-il, comme une bouée de sauvetage. Elle fermait les yeux, debout sur le rivage, au pied de la maison, laissant son esprit se remplir des échos de la nature_ le fracas des vagues, le miaulement des goéland. Elle respirait, tout simplement.
L'inspectrice Hulda Hermannsdóttir arrive en fin de carrière dans quelques semaines, lorsque son patron lui propose de s'arrêter tout de suite pour laisser sa place et son bureau à un jeune collègue, histoire de rajeunir l'équipe tout de suite. Elle a 64 ans et adore son métier. Elle est suffoquée par cette proposition qui ressemble à un ordre car jamais son supérieur ne lui avait parlé comme ça et en plus, déjà qu'elle ne voyait pas l'arrivée de sa retraite de gaieté de cœur, on l'oblige à en devancer la date !
Elle obtient de son patron, la réouverture d'une enquête "pour s'occuper". Elle décide sans lui en parler de rouvrir celle d'une jeune femme découverte noyée un an auparavant., Elena. Son collègue Alexander qu'elle a toujours jugé "léger" s'était occupé de l'affaire et avait conclu à un simple accident ou à un suicide. Or la jeune femme russe qui venait d'obtenir le droit d'asile qu'elle attendait depuis longtemps, était toute contente et cela a toujours paru improbable à Hulda qu'elle ait mis fin à ses jours aussi brutalement.
Le souci pour Hulda c'est que, non contente d'avoir toujours voulu mener ses enquêtes toute seule, elle va aller marcher sur les plates-bandes de ses collègues sans le faire exprès et se mettre elle-même en danger. De plus, elle a tellement de secrets personnels bien enfouis qu'elle devra affronter ses propres fantômes pour arriver à ses fins.
Échappera-t-elle à son propre passé ?
La lumière faiblissait.
Elle conduisait depuis un moment maintenant et parvenait à se débrouiller dans la neige. Le 4x4 répondait parfaitement à ses sollicitations et la croûte glacée supportait le poids du véhicule. Le blizzard annoncé ne s'était pas encore levé, même si quelques flocons avaient fini par la décider à actionner les essuie-glaces.
Il avait eu raison au bout du compte : ça faisait partie du package, de l'aventure pour laquelle elle avait signé. Elle regrettait de s'être montrée si tiède plus tôt, face à ce défi.
J'ai aimé ce titre encore une fois facile à lire pendant des vacances. Il est très prenant, car bien construit, riche en rebondissements et le suspense est très présent. Impossible de le lâcher avant la fin, et une fin incroyable que je ne vous raconterai pas en plus, car totalement imprévisible.
C'est cependant vu le sujet un thriller plutôt sombre qui nous fait voir les dessous du trafic d'êtres humains, le manque de considération de certains hommes envers ces jeunes femmes qui ne parlent pas leur langue et sont donc particulièrement fragilisées et donc exposées. L'attitude de la gérante du foyer d'accueil des immigrés est regrettable même si le lecteur peut comprendre qu'elle ait d'autres choses plus importantes à régler et qu'elle ne s'attache pas aux personnes de passage. Et je ne vous parlerai pas de l'attitude de certains membres masculins appartenant à la police. Leur portrait n'a rien de flatteur !
Heureusement la perspective pour Hulda de ne pas finir sa vie toute seule, elle qui a eu une vie marquée par les drames, console un peu le lecteur et allège la lecture.
En parallèle, un autre récit dans le récit, nous met sur la piste d'une jeune femme enceinte incitée à abandonner sa petite fille. Et dans un autre, toujours en parallèle de l'enquête principale, un inconnu emmène dans une cabane perdue au coeur de la montagne enneigée, une jeune femme apeurée. A noter que ces deux digressions expliquent apparemment les nombreuses critiques négatives lues sur Babelio. Or ces deux histoires intégrées dans le récit principal, ne m'ont pas du tout gêné, car pour moi, elles font partie intégrante du suspense, et nous n'avons aucun mal à reconstituer parfaitement le puzzle à la fin du roman, lorsque nous aurons identifié petit à petit les différents personnages.
L'écriture de Ragnar Jonasson est simple mais efficace et facilement abordable quand on veut une lecture facile. C'est la raison pour laquelle il rencontre un franc succès mais c'est aussi pour cela qu'il est critiqué. C'est un auteur que je ne comparerai cependant pas pour autant à d'autres auteurs nordiques que j'aime (comme Arnaldur Indridason par exemple), si le lieu est toujours aussi plaisant, ils ont tous deux un style très différent.
Magnus ne bougeait pas, ne parlait pas. Il dévisageait Hulda. Le silence devint si oppressant qu'elle aurait voulu hurler ; elle se sentait trop épuisée pour réagir autrement.
- Vous n'imaginez pas à quel point tout cela est difficile pour moi, Hulda. Combien je suis déçu. Je vous ai toujours respectée.
Bien que sceptique sur ce point, elle ne le contredit pas.
- Vous êtes un modèle pour beaucoup de vos collègues de la criminelle. Et vous avez ouvert la voie pour tant d'autres, comme Karen. Vous me mettez dans une situation impossible.
Hulda ne savait pas comment prendre la chose. Magnus était-il sincère ? Elle l'espérait, mais dans ce cas-là, elle se serait trompée toutes ces années, sous-estimant le respect qu'elle inspirait en réalité à ses collègues ?
Elle inclina la tête, défaite.
Ragnar Jónasson est né à Reykjavik en 1976. Grand lecteur d’Agatha Christie, il entreprend, à dix-sept ans, la traduction de ses romans en islandais. Découvert par l’agent d’Henning Mankell, Ragnar a accédé en trois ans seulement au rang des plus grands auteurs de polars internationaux. "La Dame de Reykjavik" que je vous présente aujourd'hui, a été traduit dans vingt-cinq pays. [Source internet]
Je vous ai déjà présenté la série de six romans intitulée "Les enquêtes de Siglufjördur" :
1 - Snjór (=neige) ICI sur le blog.
2- Nátt (=nuit) ICI sur le blog.
3- Sótt (= idiot) ICI sur le blog.
4- Vík (=baie) ICI sur le blog.
5- Mörk (=obscur) ICI sur le blog.
6- Sigló (=siècle) ICI sur le blog.
Ainsi que "Dix âmes, pas plus", présenté ICI sur le blog.