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Les yeux d'Ari Thór commençaient à se faire à l'obscurité. Il distinguait maintenant les montagnes aux sommets enneigés. En levant la tête, il se perdait dans le ciel étoilé et pouvait suivre des yeux la Voie lactée, chose plutôt extraordinaire pour un citadin confirmé.
La lumière des étoiles avait parcouru une distance inimaginable pour parvenir jusqu'à lui, perdu dans ce fjord abandonné du nord de l'Islande.
Je rappelle que cette série, "les Enquêtes de Siglufjördur", est parfaite pour les amateurs de polars nordiques. Ce sont de très bons romans de détente, faciles à lire, et avec du suspense, ce qui ne gâche rien.
A noter pour ceux qui n'aiment pas les séries : tous les tomes peuvent être lus séparément car, si le cadre vous emmène bien en Islande, les enquêtes sont différentes. De plus de nombreux rappels font le lien entre les différents opus afin de ne pas perdre le lecteur.
Dans ce troisième opus, la petite ville de Siglufjördur, située au nord de l'Islande, se retrouve mise en quarantaine, suite à la découverte d'un cas de fièvre hémorragique. Un visiteur étranger et l'infirmière qui l'a soigné viennent de succomber. La ville est en alerte, isolée du monde.
L'inspecteur de police Ari Thór, dont nous avons fait connaissance précédemment, n'a pas grand chose à gérer durant l'absence de son chef, Tómas. C'est alors qu'il reçoit une étrange demande d'un dénommé Heddin. Ce dernier voudrait avoir plus de détails sur le décès de Jórunn, sa tante, qui a eu lieu cinquante ans auparavant. Elle aurait succombé à un empoisonnement. Il est persuadé que ce n'est pas un suicide comme cela a été annoncé à l'époque, ni un accident du au fait qu'elle aurait confondu le sucre et la mort aux rats. Il a en effet retrouvé une mystérieuse photo sur laquelle se trouvait un jeune homme totalement inconnu le tenant dans les bras alors qu'il n'était qu'un bébé. Or ses parents, son oncle et sa tante, étaient censés vivre seuls à la ferme. Que faisait donc ce mystérieux jeune homme auprès d'eux. Et surtout, qui est-il ?
Ari Thór va relancer l'enquête pour occuper ses journées solitaires.
En parallèle, il est contacté par Ísrún, la jeune journaliste de Reykjavik dont nous avions fait connaissance dans le précédent opus. Elle couvre les affaires touchant la ville, et en particulier, l'épidémie. Mais elle est très occupée car son équipe s'occupe aussi de la mystérieuse disparition d'un bébé, et de la mort du fils d'un homme politique, une mort qui n'a rien d'accidentelle. Elle remet sans cesse leur interview à plus tard.
Pour garder contact avec elle, mais aussi à cause de la mise en quarantaine, et de l'interdiction de circuler, il va lui demander d'aller interroger un vieux monsieur se trouvant en maison de retraite près de chez elle et faisant partie de la famille d'Heddin.
Tous les deux vont se prendre au jeu, et travailler ensemble sur cette affaire, mais après tant d'années, peut-on encore trouver des témoins ou des indices fiables ?
C'est mal connaître la curiosité naturelle de cette jeune femme et d'Ari Thór... Heddin ne sera pas au bout de ses surprises.
Il reconnut immédiatement la femme sur la photo, avec ses cheveux bruns coupés court ; elle portait le même genre d'habits : un épais pull de laine et un manteau. La seule différence, c'est qu'ici elle souriait, alors que sur la photo elle semblait être ailleurs.
Elle me sourit, pensa Ari Thór. Il avait l'impression qu'elle voulait lui transmettre un message, ou une mission_ elle le suppliait de lever enfin le mystère sur sa mort.
Dès le premier chapitre, le lecteur est mis dans l'ambiance d'un polar. En effet, le domicile d'un jeune couple est visité en pleine nuit. Robert décide de ne pas en parler à Sunna sa compagne, et de faire changer les serrures, d'autant plus qu'il a l'impression constante d'être surveillé. Puis, le bébé de Sunna est kidnappé en pleine journée. Le lecteur plonge donc dans l'intrigue et le mystère sans attendre.
Comme toujours dans les romans de Ragnar Jónasson, le suspense est maintenu jusqu'au bout mais n'est pas l'essentiel du polar.
Le grand intérêt de la série c'est l'ambiance !
Grâce à cette ambiance nordique particulière, dans laquelle les gens prennent le temps de vivre, c'est une atmosphère étrange qui se dégage de ce roman, lors de la lecture. La description des paysages, la nuit interminable qui oppresse les habitants, le froid, l'hiver qui se prolonge, tout est remarquablement bien décrit.
Le fait que les personnages soient dépeints avec leurs faiblesses, leurs difficultés de vivre nous les rend encore plus sympathiques.
L'écriture est fluide, le suspense bien présent, les rebondissements aussi puisque que l'on passe d'un personnage à l'autre, de l'enquête de l'inspecteur à la vie de la journaliste et aux événements qu'elle couvre, de secrets de famille à des histoires de drogue, de meurtre non élucidé sous fond de complot politique. J'aime la relative lenteur dans la mise en place des différentes affaires mais il faut reconnaître que par la suite on ne s'ennuie pas et que la fin nous surprend car nous n'avions pas du tout pensé à ce que le jeune inspecteur va nous révéler (et son raisonnement tient parfaitement la route).
C'est donc un bon polar sans prise de tête, sans hémoglobine et facile à lire, ce n'est pas de refus pour se distraire de temps en temps, en particulier en vacances.
Si vous n'avez jamais lu de polars nordiques, si vous rêvez d'aller un jour en Islande, c'est un auteur qui vous permettra de découvrir l'ambiance en douceur.
De plus dans celui-ci un guide de prononciation va aider les plus récalcitrants d'entre vous qui redoutent les noms imprononçables de là-bas.
A demain pour la suite de la série...