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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

Histoire d'une baleine blanche / Luis Sepulveda

Editions Métailié, 2019

Editions Métailié, 2019

Mon monde n'est que silence. Pas un être ne se plaint, crie, grogne ou hurle sous la surface des eaux. Nous seuls, les êtres les plus grands, brisons parfois le silence...
A la surface, en revanche, la voix du vent est incessante, le choc des vagues, les cris des mouettes et des cormorans et parfois la voix de l'être le moins apte à vivre en mer.
L'homme.

D'un coquillage trouvé sur la plage, une voix se fait entendre, c'est celle de la baleine blanche (un cachalot). Elle sait de quoi elle parle, elle qui a pendant des décennies protégé les eaux entre la côte et l'île sacré des indiens Mapuches, les Lafkenches, qui vivent là tout près de la mer et que l'on surnomme pour cela, les Gens de la mer. 

La baleine blanche nous raconte sa vie quotidienne. Se nourrir, dormir parfois seulement d'un oeil, se reproduire, protéger les petits après leur naissance et jusqu'à ce qu'ils soient autonomes. Elle a vécu longtemps et a beaucoup de choses à nous raconter même si elle a connu parfois la solitude, elle a aussi connu l'entraide, les appels de détresse des autres cétacés et beaucoup d'autres choses. 

Mais ce qu'elle a tenu coûte que coûte à faire, c'est à remplir la mission secrète que lui avait confié une vieille baleine blanche, juste avant de mourir : protéger les morts des Gens de la mer lors de leur traversée sur l'île. Et le moment venu guider leurs âmes au-delà de l'horizon.  

Mais au XIXe siècle, il est devenu difficile de remplir cette mission : des hommes viennent de plus en plus nombreux pour chasser la baleine. Arrive même sur les lieux un horrible capitaine, se sentant puissant sur son baleinier Essex (vous voyez de qui elle nous parle ?), un homme terriblement cruel qui ne voudra plus qu'une seule chose dans sa vie : attraper cette énorme baleine blanche qu'il va surnommer Mocha Dick car elle a mis ses hommes à la mer et sa fierté de capitaine avec...

La baleine blanche devra livrer une guerre terrible pour se défendre de la folie des hommes et ce que nous découvrons d'eux à travers son regard acéré, n'a vraiment rien de très réjouissant.

Tous les hommes ne sont pas comme les Gens de la mer.
Nous les baleines et les dauphins, nous avons entendu leurs voix inquiètes de la présence de plus en plus nombreuses d'autres hommes venus d'endroits lointains, des étrangers qui prennent dans le bois, la terre et la mer tout ce qu'ils veulent, sans demander avant et sans aucun signe de gratitude.
Les baleiniers appartiennent à cette espèce d'hommes venus du monde de l'ingratitude et de la convoitise.

J'ai trouvé cette fable écologique animalière vraiment émouvante ainsi énoncée du point de vue de la baleine blanche qui porte, vous vous en doutez, un regard sans concession sur le monde des hommes. Elle est racontée en quatorze chapitres courts ce qui la rend facile à lire, mais malgré les apparences, ce livre ne s'adresse pas du tout aux jeunes enfants car il est très engagé au point de vue social et politique. Je l'ai d'ailleurs emprunté dans le rayon adulte de ma médiathèque.  

Pour comprendre l'histoire, le vocabulaire, tout comme le message véhiculé dans ses pages, il faut être à mon avis un grand ado et c'est, à mon avis à cet âge, une lecture à partager en famille pour en débattre. 

J'ai trouvé très intéressante la découverte des Lafkenche, ce peuple du bout du monde qui vit en Patagonie et continue à perpétuer les traditions apprises de leurs ancêtres. Je ne connaissais pas cette légende amérindienne des "trempulwake" dont l'auteur relate l'histoire : Quatre baleines blanches doivent porter vers l'au-delà après leur mort, les hommes du peuple Lafkenche, un peuple qui a toujours vécu près de la mer et dans le respect de ce qu'elle leur a donné. 

Luis Sepulveda est un auteur d'origine chilienne.

Il a toujours trouvé important de nous faire connaître son pays natal à travers son œuvre. De plus, il adore la mer et la connait de manière intime car il a été mousse sur un baleinier, puis il a sillonné les mers pour Greenpeace, dans les années 1980, ce que je l'avoue, j'avais oublié. 

J'aime l'écriture poétique de l'auteur, une écriture forte qui nous touche en plein cœur. Protéger l'environnement est plus que jamais d'actualité et protéger les Cétacés aussi quand on pense que certains pays les chassent encore.

L'auteur débute l'histoire en évoquant un cachalot échoué sur une plage. Nous savons tous que lorsque c'est le cas, ils sont rarement morts de mort naturelle. L'ingurgitation de plastique peut en être la cause et cela nous concerne directement, remet en question nos modes de vie au quotidien, et les décisions prises par nos dirigeants politiques. 

Enfin, c'est la mer qui prend la parole dans le dernier chapitre...et nous livre un message émouvant. 

Bravo à Anne Marie Métailié, la traductrice, qui a su préserver la beauté des mots...le lecteur entend le chant des baleines, nage dans l'océan avec la baleine blanche, découvre ce peuple magnifique que l'on surnomme "les Gens de la mer"...

Les illustrations de Joëlle Jolivet, tout en noir et blanc sont très belles. Mais j'ai lu sur le net que celles de l'édition en VO l'étaient plus encore. 

Enfin, dans ces pages, vous l'aurez compris l'auteur fait référence à l'histoire vraie qui a inspiré Herman Melville pour son célèbre récit d'aventure maritime, "Moby Dick" que j'ai présenté ICI et ICI en BD l'année dernière. 

La lecture de ce livre me permet de participer à deux challenges tout d'abord le Printemps Latino organisé par "Je lis, je blogue" qui se termine bientôt avec le printemps et que j'ai décidé de consacrer entièrement à Luis Sepulveda au lieu de me disperser, et Le Book Trip en mer 2025 organisé par Fanja, auquel j'avais avec grand plaisir participé l'année dernière. 

Bon weekend de Pentecôte à tous, je vous retrouve pour ma part seulement... mardi !

Dans cette rencontre en mer, le comportement des hommes me parut très étrange. La minuscule sardine n’attaque pas une autre sardine, la lente tortue n’attaque pas une autre tortue, le requin vorace n’attaque pas un autre requin. Il semble que les hommes sont la seule espèce qui attaque ses semblables, et je n’ai pas aimé ce que j’ai appris d’eux.

p. 36-37

Histoire d'une baleine blanche / Luis Sepulveda
Bon weekend de Pentecôte, je vous retrouve pour ma part mardi !

Bon weekend de Pentecôte, je vous retrouve pour ma part mardi !

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M
Ta présentation me donne envie de me plonger dans ce livre
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C
merci beaucoup de ta présentation et de ton ressenti<br /> surement émouvant et bel hommage<br /> douce journée<br /> bisous<br /> patricia
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C
nous nous rejoignons sur cette belle lecture.
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T
Bonjour Manou<br /> J'ai publié mon billet (Choup et toi m'avez bien motivé pour cette lecture!). Je ne connaissais pas l'histoire de "Mocha Dick". <br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
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P
Bonjour Manou,<br /> Comme toujours par tes descriptif détaillé et si bien réalisé tu sais nous donner l'envie de lire. Merci.<br /> Bises et bon début de semaine
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E
Une belle histoire qui donne envie de la lire ! Bon lundi, bisous
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P
Une belle lecture, tentante. En Méditerranée, moult énormes bateaux blessent quotidiennement ces animaux, c'est terrible !!! Lumineuse semaine Manou, merci pour cette piste de lecture. brigitte
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M
Deux beaux ouvrages, à coup sûr ! On voudrait parfois faire partie de ces animaux qui se respectent et bien souvent s'entraident ! Le monde des hommes est tellement décevant, et tous les jours on en prend amèrement conscience...<br /> Heureusement il y a encore des personnes comme toi, si pleine de bienveillance, Manou !
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F
Je n'ai pas été très enthousiaste avec mes lectures de l'auteur jusqu'à présent, mais celle-ci pourrait peut-être me plaire. Choup l'a lu aussi ce mois-ci, du coup je vous la compte comme une LC, même si elle n'est pas concertée.:)<br /> Bon week-end de la Pentecôte ! J'espère que tu en auras bien profité quand tu nous liras.
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M
Oui j'ai vu que sans le faire exprès nous avions publié le même jour. Perso j'ai changé le planning de cette publication plusieurs fois, c'est donc un pur hasard d'autant plus que je connais Choup depuis peu de temps et que j'ai du mal à m'organiser à l'avance...Merci en tous les cas de nous compter des points comme si c'était une LC !
B
Merci infiniment pour ce conseil de lecture Manou !<br /> Je te souhaite un agréable week-end de Pentecôte.<br /> Bisous.<br /> Bernadette.
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S
Quelle magnifique couverture, un bel hommage à cet animal si noble. C'est une belle idée d'avoir un livre illustré sur le sujet.
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P
La baleine doit avoir le même regard que moi sur le monde ! <br /> Je suis étonné de voir qu'il a écrit autant de livres !
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É
Coucou Manou ! Interressante lecture ! Un sujet d'actualité, Paul Watson , célèbre défenseur des baleines 🐳 interpellé et incarcéré par les autorités danoises en 2024...
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E
Bonjour Manou. Tu me fais découvrir un autre roman de cet auteur. Bisous
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R
Un livre qui ne manque pas d'intérêt vu ce qui risque de se passer au niveau écologie, un livre a réveiller les consciences. Bon début de weekend, bizzz
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V
un thème intéressant, et important!! Gros bisous Manou. cathy
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B
Un message politique important.
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M
Bonjour Manou,<br /> je ne me fournis pas trop dans la littérature jeunesse habituellement mais cet ouvrage me parait intéressant.<br /> Bisous.<br /> Bon après-midi,<br /> Mo
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C
respecter le vivant, c'est donner à la vie ses chances de survie ... on l'oublie trop souvent <br /> amitié .
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S
un livre qui me plairait, il nous rappelle que tous les animaux ont une place importante sur cette terre et que nous devons les respecter, malheureusement les baleines souffrent encore beaucoup notamment de la chasse au Japon et ça me révolte ! Bisous Manou.
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