Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Le sextant
Absurde jouet ! Hochet pour amiraux hautains et capitaines vaniteux, le monde se gausse de ton astuce et de ton pouvoir, mais après tout, tu ne peux rien de plus qu'indiquer le pauvre, l'unique point de la vaste planète où toi-même tu te trouves.
Voici le second opus de Moby Dick adapté par Christophe Chabouté d'après l'oeuvre éponyme d'Herman Melville. Le premier est présenté sur mon blog ICI.
Le récit commence alors que Queequeg, l'ami d'Ismaël, prend froid dans la cale où il travaille depuis trois jours dans l'humidité. Croyant sa dernière heure arrivée, il demande au charpentier de lui construire un cercueil en forme de canoë, mais rien ne se passe comme prévu car ce n'était pas son heure pour mourir. Ce qu'il ne sait pas c'est que ce cercueil servira un jour...je ne vous dirai pas pour qui.
Tous les baleiniers qu'ils croisent se sont éloignés par prudence du monstre, et chacun y va de son histoire qui ajoute un peu plus de folie et de mystère à la légende de Moby Dick.
Le capitaine Achab lui fait tout le contraire. Il est tellement obnubilé par sa traque que malgré les tentatives de ses hommes pour l'inciter à rebrousser chemin, il persiste et ne revient pas en arrière. Sa détermination et son obsession deviennent même pure folie.
Il donne l'ordre au forgeron du bord de lui fabriquer un énorme harpon pour assouvir sa vengeance. La scène dans laquelle il demande à ses hommes de lui donner chacun un peu de leur sang pour tremper le fer, au lieu de le tremper dans l'eau, est tout à fait édifiante à ce sujet tout en étant fascinante car tous les hommes lui obéissent et l'admirent à cet instant précis. En faisant cela, ils signent aussi une sorte de pacte qui les unit dans la folie de leur capitaine.
Pourtant Starbuck fait tout ce qu'il peut pour ramener le capitaine à la raison, mais tous les marins sont désormais devenus otages des décisions du capitaine et redoutent chaque jour davantage la confrontation avec ce gigantesque cachalot, une rencontre qu'ils pressentent inévitable.
Et voilà que Moby Dick est devant eux, le récit relatant les trois jours de chasse du monstre est effroyable, ce sont ces trois jours qui mèneront le Pequod au naufrage...
Le lecteur sait alors que la quête touche à sa fin.
Je pourrai reprendre mot pour mot l'avis que j'ai émis lors de ma lecture du tome 1. Je vous invite à le lire si vous ne l'avez pas encore fait.
Le graphisme tout en noir et blanc apparait indispensable à l'ambiance particulièrement dramatique qui règne sur ce baleinier. Le lecteur comme l'équipage sombre à chaque événement un peu plus en avant dans la folie du capitaine. Les scènes sont d'une rare justesse et la tension monte au fur et à mesure que le drame approche à grands pas...
Ce récit de 134 pages est comme dans le premier tome divisé en chapitres, débutants par un extrait du texte original d'Herman Melville. Les planches silencieuses alternent avec les planches bavardes et sont toujours aussi belles.
L'assaut final est cinématographique et remplace n'importe quel discours qui aurait paru bien moins approprié que ces planches absolument magnifiques.
Ce tome 2 me permet de participer à nouveau au challenge de Fanja, Book Trip en mer (voir ICI)...
Et de souhaiter une très belle fête à tous les papas ce dimanche ! Le mien adorait les récits d'aventure en mer ou autre qui le faisaient rêver, et avait lu "Moby Dick" bien entendu. Il aurait même aimé découvrir cette BD...car il n'y a pas d'âge pour en lire !