Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
A ceux qui souffrent actuellement d'un cancer et à leurs aidants-aimants, je dédie, en conclusion, ce message d'espoir :
"Le malheur peut être un pont vers le bonheur."
Proverbe japonais
Ce livre est un témoignage poignant.
L'auteur que beaucoup d'entre vous connaissent à travers sa page Facebook ou son blog (je vous met les liens en fin d'article), raconte son long combat, vécu entre le diagnostic de son cancer du sein et aujourd'hui. C'est le récit de longs mois de traitements, d'interrogations et de doutes, de moments heureux ou d'angoisses.
Découvert lors d'un simple examen de routine, alors qu'elle venait à peine de s'installer à sa retraite aux Sables d'Olonne, et espérait commencer une nouvelle vie, Martine est dans un premier temps anéantie par cette nouvelle, d'autant plus que les médecins lui annoncent, plutôt abruptement, un cancer très agressif.
Mais sa personnalité de battante, lui permet de rebondir très vite, pour elle mais aussi, afin de préserver ses proches le plus possible. Au départ cependant, elle a du mal à réaliser ce qui lui arrive et surtout ce qui l'attend, espérant ainsi en ne mettant pas de mots sur son mal, qu'il n'existe pas. Mais très vite le personnel médical, par son attitude ou ses paroles, la ramène à la réalité. Elle ne peut pas fuir, il faut qu'elle accepte puis regarde la maladie en face... pour pouvoir se battre.
Dans ce témoignage, Martine fait le récit de ses blessures passées et elle nous explique aussi la façon dont ses proches ont ressenti les événements, ce en quoi cela l'a aidé ou pas. Elle nous parle de ses difficultés à se confier à ses proches, à décrire son ressenti de femme, face à la mutilation, aux conséquences des traitements même si par chance, elle les a plutôt bien supportés.
Ce livre n'est cependant pas qu'un témoignage axé sur elle-même, elle refuse d'être réduite à sa maladie, elle veut continuer à vivre le plus possible "comme avant", tout en réalisant que justement rien ne sera plus comme avant. Elle lit, elle se promène dans la nature, elle profite de la plage regrettant juste de ne pas pouvoir nager, ni profiter du soleil qu'elle aime tant.
En parallèle de son récit, elle n'oublie pas de retracer le contexte social de ces mois passés, montrant pas là que malgré tout, la vie continue de s'écouler en dehors d'elle-même et de la maladie, mais que cette vie-là, si elle l'émeut encore (comme les attentats de Nice en particulier) ou la passionne (comme les élections présidentielles) c'est à présent avec un certain recul qu'elle l'observe...
Aujourd'hui tout a changé, et elle peut même dire ouvertement sans se tromper que ce cancer l'a transformé. Il lui a permis de penser à elle, de modifier sa vie quotidienne, de se remettre au sport et d'éprouver du plaisir de se dépasser. Il lui a permis aussi de concrétiser son désir et son besoin d'écrire. Elle est aujourd'hui heureuse du présent tel qu'il est et de la présence de sa famille, de ses amis autour d'elle. Sa maladie a donné à sa vie une toute autre dimension.
Je doute de la sincérité de mon époux. C'est un taiseux. Il refoule ses sentiments. Si on l'écoute, tout va bien. Il garde pour lui ses pensées négatives. Je sens en ce moment qu'il angoisse pour moi et peut-être, légitimement pour lui-aussi. Voir quelqu'un qu'on aime diminué sur le plan physique et psychologique est douloureux...
J'ai beaucoup réfléchi à nos relations et je crois que je la rejetais [elle parle de son oncologue]. Le fait même de la voir me plaçait face à une réalité que je refusais. A chaque rencontre, elle insistait : j'avais un cancer agressif, je devais l'admettre et en tenir compte. Plus je le niais, plus elle me le rappelait !
Arrivée au dernier paragraphe de ce témoignage, je me suis sentie libérée d'un immense poids. D'abord de savoir que Martine allait bien, même si comme elle nous l'explique, la personne atteinte d'un cancer devra toute sa vie vivre avec, ensuite, de savoir que pour l'instant, je n'avais pas eu à vivre tout cela moi-même.
[Dois-je rappeler ici que toutes les femmes doivent se soumettre à cet examen de dépistage, car plus tôt une tumeur est décelée, plus légères seront les conséquences.]
C'est humain je pense de ressentir cela, ce qui ne veut pas dire que je sois indifférente ou insensible. Je m'explique. J'ai perdu des proches dont ma meilleure amie de cette terrible maladie. Je n'en suis pas encore réellement remise d'ailleurs et elle me manque beaucoup. Presque tous les jours je pense à elle à ce qu'elle et sa famille ont enduré, à ses enfants adultes certes aujourd'hui, mais qui portent en eux cette perte immense alors qu'ils étaient de jeunes ados. J'ai parmi mes proches, comme beaucoup d'entre vous, des personnes qui se battent quotidiennement. Mais être présents quand l'autre en éprouve le besoin, l'écouter, lui tenir la main lors des journées difficiles, donner un coup de main sans en avoir l'air pour qu'il ou elle, ne se sente pas diminué par sa maladie, ce n'est pas la même chose que de le vivre, cela n'a rien à voir et ceci dit, c'est donc avec beaucoup d'humilité que je vais vous livrer mon ressenti par rapport à ce témoignage.
Mon avis
Je précise tout d'abord que ce témoignage n'est pas un livre triste. Je sais que ça parait incroyable mais Martine Martin-Cosquer garde dans ses propos, l'humour et le recul que nous lui connaissons tous, nous les lecteurs de son blog et de ses premiers écrits. Le ton est léger malgré des propos très réalistes. Les phrases, les titres et les chapitres courts rendent la lecture aisée. De plus, au delà du récit de sa vie quotidienne, de son ressenti et de ses angoisses, son propos est étayé de nombreux poèmes, de références à ses romans ou à ses lectures.
Mais ce n'est pas pour autant un livre facile, car au détour d'une page, alors que vous ne vous y attendez pas, vous serez d'un coup au bord des larmes, et c'est le cœur serré et le souffle court que vous continuerez votre lecture.
Son récit rend hommage au personnel médical qui l'a accompagné au cours de ses longs mois de traitements. Les relations négatives ou positives qu'elle a entretenues avec eux, sont étudiées de près. Il faut noter que la plupart du temps le personnel médical, bien que débordé, fait preuve de beaucoup d'empathie, de gentillesse, d'écoute. Les relations qui lui sont apparues comme négatives au départ, Martine comprendra plus tard à quel point elles lui ont été utiles pour avancer dans la prise de conscience de la maladie, et lui ont donné la volonté de réagir et de se battre.
C'est un livre profond qui, au delà du récit des événements, des rendez-vous, des traitements, de la vie quotidienne, analyse aussi avec la finesse et la pudeur qui la caractérisent, ce qui dans sa vie personnelle a pu être l'élément déclencheur de ce cancer du sein. Je vous laisse le découvrir en lisant son livre, mais vous ne serez pas surpris que cela la touche de très près. Cette prise de conscience lui permet de mener une véritable réflexion sur sa sensibilité encore plus exacerbée par les traitements et l'annonce du cancer, sur la manière dont elle appréhendait la vie avant et réagissait face aux événements, sur ses difficultés à dire à ses proches à quel point elle les aime ce qui a pu leur laisser penser à tort que ce n'était pas le cas.
C'est donc un témoignage précieux car il nous décrit bien à quel point cette nouvelle façon d'appréhender la vie est semblable à une renaissance, une nouvelle jeunesse, porteuse d'espoir en l'avenir. Il nous parle de l'art de rebondir, ce qu'on appelle la résilience, une attitude qui se nourrit de pardon, et d'acceptation du présent quel qu'il soit et cet art à part entière dont seules les personnes ayant subi un traumatisme peuvent se prévaloir, c'est une belle manière de recoudre finement des blessures.
Rien ne sera plus comme avant et Martine nous le montre avec beaucoup de détermination, elle qui a déjà écrit trois romans en plus de ce témoignage et qui accueille son public avec son humour et son sourire tellement réconfortants, lors des signatures de livres qu'elle effectue dans sa jolie région.
La couverture rose, bien entendu, nous fait tout de suite comprendre par le titre et la couleur, le sujet du livre. Elle ne doit pas vous faire fuir, bien au contraire. Ce livre peut non seulement aider ceux qui vivent ou ont vécu la même chose, mais aussi leurs proches, les aidants, les amis, leur famille...
Nous sommes tous concernés par cette maladie qui prend différentes formes selon la personne qu'elle touche et je reste persuadée que d'en parler quand ceux qui l'ont vécu le peuvent, c'est la meilleure façon d'aider ceux qui sont touchés actuellement, eux ou un de leurs proches.
N'hésitez pas et soyez nombreux à aller en direct donner vos impressions de lecture sur la page Facebook de Martine, lien ICI.
Je suis sortie transformée de cette épreuve. Je trouve maintenant la vie sublime et précieuse, car j'ai failli la perdre...
J'ai appris à relativiser tous les problèmes et déceptions, à jouir de chaque instant présent comme si c'était le dernier.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore Martine Martin-Cosquer...
Après une vie professionnelle bien remplie dans les ressources humaines en entreprise et cabinet conseil, Martine Martin-Cosquer s’est installée en Vendée aux Sables-d’Olonne pour une retraite bien méritée.
Elle a écrit pendant dix ans des nouvelles et des poèmes sur son blog "Quai des rimes", lien ICI, un blog qu'elle a aujourd'hui arrêté pour le remplacer par celui-ci ICI, son blog d'auteur.
Elle a déjà publié :
"Je dirai tout" (cosy mystery), publié une première fois sous le titre "Je dis tout mais je ne dis rien".
"Souviens-toi du bus 96" qui a obtenu en 2022 le Prix du meilleur thriller du salon Livre "Comme l’air" de Cergy.
Il suffit de cliquer sur les titres pour voir apparaître mes chroniques.
Merci infiniment à Martine pour son envoi et sa délicate dédicace et désolée pour la longueur de cette chronique.
Bonnes lectures !