Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Quand on est très petit, la longueur des bras permet juste d'atteindre le coeur de ceux qui nous embrassent. Quand on est grand, de les maintenir à distance.
Pour quelques instants autour du corps de notre frère, il n'y eut que les choses parfaites, les sentiments premiers, les heures d'avant le chaos de la vie. Pour quelques instants, nous fûmes de nouveau ensemble...une famille.
Grégoire Delacourt est un auteur que je lis de temps en temps, car c'est un auteur qui fait du bien et que j'apprécie beaucoup depuis que je l'ai découvert avec "La liste de mes envies". J'ai lu ensuite "On ne voyait que le bonheur"...avec autant de plaisir.
Seul "La première chose qu'on regarde" ne m'a pas enthousiasmé !
La famille d'Edouard est une famille unie, tout du moins en apparence. Dumbo, son père a hérité du commerce de ses ancêtres. Mais il n'est plus le même depuis qu'il est revenu de la guerre d'Algérie et sombre peu à peu dans la dépression. Sa mère se rebelle et décide de profiter de sa beauté et de s'amuser un peu...
Il y a aussi Claire, sa sœur, différente car trop rêveuse et romantique, et son frère pas tout à fait d'aplomb dans sa tête.
Quand, à 7 ans, Edouard écrit son premier poème, tout le monde crie au miracle. Il ne peut être qu'un génie et peut-être même un futur Rimbaud !
Toute sa vie, il sera obligé de suivre son destin...enfin je devrai dire plutôt, celui que la famille l'oblige à suivre : il sera l'écrivain de la famille !
Mais derrière les non-dits, il sera aussi celui qui pansera ses plaies et la vengera des accrocs inévitables que la vie lui réserve.
Il sera l'espoir d'une vie nouvelle et surtout meilleure...
Ce roman, sans doute en partie autobiographique, est une chronique familiale drôle et touchante à la fois, emplie de pudeur et de douceur, qui nous permet de suivre Edouard de sa plus tendre enfance à l'âge adulte.
C'est sur lui que pèsera tout l'espoir des siens et il devra coûte que coûte venger son père dont l'affaire périclite, faire oublier la séparation inévitable de ses parents, la fragilité de sa petite sœur et le handicap de son frère qu'il faudra finalement placer en institut, puis la déception de sa femme qui le rêvait grand romancier et ira de désillusion en désillusion, car elle n'acceptera jamais l'idée qu'il ne puisse pas écrire.
Sous la plume toujours bienveillante et emplie de tendresse de l'auteur, chacun des personnages trouve sa place au sein d'une famille terriblement humaine.
C'est un roman qui analyse avec beaucoup de finesse et de tendresse, le poids des rêves et des attentes transmis par les parents et les ancêtres aux générations futures.
Le lecteur ressent la pression exercée par la famille sur les épaules du petit Edouard et, devenu adulte, son ennui lorsqu'il se retrouve devant la page blanche...un ennui qui le poursuit même lorsqu'il exerce son métier de publiciste qu'il était pourtant arrivé à aimer, ou bien lorsqu'il se retrouve obligé de mentir à ses proches.
Beaucoup d'entre vous se retrouveront dans ces pages car ce roman est le roman de la vie...tout simplement.
Encore une fois l'auteur nous fait réfléchir sur nos choix de vie et la part du déterminisme familial qu'ils contiennent. Peut-être que pour être heureux, il faudrait tout simplement arrêter d'être ce que les autres attendent de nous ? Certes, mais quel plus bel exemple d'amour filial que de voir le petit Edouard devenu grand, vouloir encore et encore, faire plaisir à ses parents.
Les mots vont-ils l'aider pour autant à sortir de cette situation qui l'étouffe ? C'est à vous de voir !
En lisant ce roman, vous revivrez l'ambiance de toutes ces années passées, car l'auteur nous parle aussi des chansons mythiques, des films et...des livres de son époque.
Je vous invite à aller lire la chronique de Mimi ci-dessous, et à découvrir son ressenti.
C'est elle qui m'a donné envie de découvrir ce titre-là que je n'avais pas encore lu, c'est dire !
L'écrivain de la famille de Grégoire Delacourt - Mes petites boîtes
Les mots étaient là pourtant. Tout était là. Les adjectifs, les adverbes, les propositions subordonnées, les pronoms relatifs, la conjugaison du verbe être au plus que parfait et pourtant j'...
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