Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Il arrive très rarement, qu'on ait la chance et le bonheur de vivre un grand amour au cours de sa vie. Il arrive, encore plus rarement, que cet amour survive, perdure jusqu'à ce que la mort sépare ceux qui s'aiment...
L'auteur mélange ici réalité et fiction pour nous conter une belle histoire d'amour à partir d'un tableau français qu'il a acheté en 2007 chez un antiquaire de Nice, pour l'offrir à sa compagne, gravement malade et qui mourra quelques mois plus tard.
L'oeuvre intitulée "Orgie" (1928) est un tableau fascinant qui a été peint par une très jeune artiste qui a réellement existé, Chrysis Jungbluth, dont le nom et les oeuvres sont tombés dans l'oubli. Sur le tableau, on peut voir un groupe d'hommes et de femmes de toutes couleurs, quasiment nus, trinquant dans la joie au bonheur de vivre. Chrysis elle-même s'est représentée dans un coin du tableau.
Après s'être documenté sérieusement sur elle, l'auteur se laisse aller à imaginer sa vie d'artiste, ses rencontres, son attitude durant les années folles et l'évolution personnelle qui a été la sienne avant la réalisation de cette oeuvre d'art qui lui a permis d'être reconnue en tant que peintre, à une époque où les femmes ne comptaient pas en tant qu'artiste.
Ce livre est aussi un bel hommage d'amour à celle qui partagea sa vie et à cette période de l'Histoire moderne comprenant la Grande Guerre et les Années folles...
Voilà le lecteur plongé, dès le début du roman, au tout début du XXème siècle, au moment précis où un jeune américain, Bogey Lambert, quitte son ranch natal pour aller combattre les allemands et rejoindre l'armée française. Il est jeune, c'est un boxeur et excellent tireur, et il vient de découvrir qu'il avait des ancêtres français. Ses parents n'ont que lui car il est fils unique mais vont le laisser partir. Il traverse sur Crazy Horse, son cheval, la totalité du continent américain pour se rendre à New York, où il va attendre pendant des mois pour réaliser son rêve, qu'un bateau français lui permette d'embarquer pour l'Europe...
Au même moment ou presque, Gabrielle quitte avec ses parents ses Vosges natales. Son père est colonel et est parti au front. Depuis sa plus tendre enfance, à chacun de ses retours auprès des siens, il initie sa fille à la peinture...
C'est à la fin de la guerre qu'il va lui conter, alors qu'elle est une toute jeune adolescente, la légende qui entoure le "courrier cow-boy", un soldat pas comme les autres, courageux et téméraire, entré dans la Légion étrangère, qui, sur son cheval a amené durant toute la guerre les informations importantes d'un endroit à l'autre, sans jamais avoir peur des lignes ennemies, mais qui un jour a mystérieusement disparu...
Nos hommes se mirent à l'acclamer tandis qu'il traversait le no man's land, poursuivit mon père. De temps en temps, ils disparaissaient, son cheval et lui, dans les nuages de fumée et de terre soulevés par les explosions des tirs d'artillerie tout autour d'eux, mais ils réapparaissaient tout de suite après, comme par miracle.
Gabrielle est une adolescence fantasque et souvent difficile. Elle aime par-dessus tout la liberté et rêve à un avenir où la femme aurait toute sa place.
Suite à la lecture d'Aphrodite, une lecture interdite à l'époque, mais découverte en secret dans la bibliothèque familiale, elle décide de se faire appeler Chrysis.
Ce soir-là, Gabrielle connu une nouvelle naissance, sous le nom de Chrysis, et comme une affirmation constamment réitérée de sa libération, elle choisit d'adopter ce nom. Tout le reste de sa longue vie, elle signerait toutes ses oeuvres Chrysis Jungbluth, même ses travaux à l'atelier, malgré la désapprobation manifeste du professeur Humbert, qui savait l'origine de ce nom.
Elle vit désormais à Paris et elle est subjuguée par la ville et surtout "le village", c'est-à-dire Montparnasse, avec ses écrivains, ses artistes en tout genre et le vent de renouveau de l'après-guerre...Il faut dire qu'elle n'a que 18 ans et découvre à peine la vie.
Elle a réussi à entrer à l'Atelier de Peinture des élèves femmes de l'Ecole des Beaux-arts (seule école d'art ouverte aux femmes à l'époque) et travaille sous la direction de Jacques Ferdinand Humbert, un professeur exigeant et malcommode dont les colères sont mémorables, qui remet à sa place cette jeune fille arrogante mais, il va s'en apercevoir très vite, si douée et passionnée.
Elle étudie sérieusement la peinture mais va mener une double vie et bousculer les a-priori de sa famille quand elle découvre par hasard, la vie nocturne.
Mais voilà que le hasard met sur sa route Bogey Lambert, le "cow-boy" revenu de l'enfer après 8 ans passé dans un hôpital quelque part en Grande-Bretagne...et qui traîne son ennui et sa déprime dans les bars de la ville où il s'installe en journée pour tenter de mettre de l'ordre dans sa mémoire et écrire ses souvenirs. Elle croque son portrait sans qu'il la voit et va être irrémédiablement attirée par ce jeune homme si mystérieux qui semble ne pas la voir...
Alors que Chrysis se met à travailler dans une maison close, pour y effectuer des croquis érotiques mais aussi y découvrir les joies de sexualité, elle y retrouve Bogey, qui lui y assure la sécurité toutes les nuits.
Tous deux vont apprendre à se connaître et vivre une folle passion...
Le monde lui paraissait encore merveilleux, riche d'aventures, de promesses et d'espoirs infinis, plein de couleurs, de sensualité, de lumière et de rires, et c'était cela qu'elle voulait saisir dans ses peintures.
J'avais énormément aimé la lecture de "Mille femmes blanches", du même auteur, bien avant d'avoir ce blog. D'ailleurs maintenant que la suite intitulée "La vengeance des mères" vient de sortir, il faudrait que je le relise peut-être...
Voilà deux époques qui s'entrecroisent, celle de la guerre de 14-18, de la vie quotidienne des poilus et de leurs souffrances, du deuil des familles et du désastre dans lequel cette guerre a plongé le pays, et celle du Paris d'après-guerre, des années folles légères et pleines de vie, où artistes, marginaux, bohèmes se cherchent une raison de vivre dans une ambiance unique de plaisir sans tabou.
Les chapitres alternent, s'entremêlent...la vie des personnages est d'abord décrite en parallèle, puis les vies de nos deux héros se rejoignent pour quelques chapitres très forts.
Bogey Lambert est un cow-boy très attachant dont la candeur nous émeut et qui nous apparaît aussitôt sympathique.
Comme toujours, Jim Fergus ne se contente pas de nous conter une histoire...
J'ai été charmée dès les premières lignes par le souffle romanesque de ce roman et je me suis laissée emportée par ces deux héros, si fragiles et volontaires à la fois, si démunis face à la vie, mais qui sauront le temps de leur rencontre, se découvrir, se soutenir, panser leurs plaies pour rebondir, enfin libres, vers l'avenir qui les attend...
Ce roman est en fait un hymne à l'amour, à la liberté de penser, à l'émancipation des femmes...et ce conteur fabuleux qu'est l'auteur, nous dévoile encore une fois ici son immense talent et sa capacité à nous faire entrer dans l'Histoire avec un grand H.
Cette lecture est pour moi aussi un hommage à tous les poilus, à mes grands-pères qui sont revenus de la Grande Guerre, meurtris mais pleins de courage pour continuer à avancer et sans qui je ne serais pas là...
Je me suis promis de lire chaque année un roman sur ce sujet au moment de la commémoration du 11 novembre. Je sais que cela peut paraître idiot, mais c'est aussi une façon de ne pas oublier ce qu'ils ont vécu...
Ces deux dernières années, il avait écrit de nombreuses lettres à sa famille, mais de plus en plus, à mesure que la guerre se prolongeait et que les destructions s'étendaient, les mots commençaient à lui manquer. Il avait fini par en conclure que les combats ne pouvaient être évoqués par de simples vocables, que la guerre pouvait seulement être décrite par le grondement assourdissant des obus qu'on largue, le vrombissement de l'artillerie qui approche, le fracas des explosions et le crépitement des tirs de mitrailleuses, accompagnés du refrain incessant qui rythmait ces sons élémentaires du carnage, les hurlements des soldats blessés ou à l'agonie.
Vous trouverez ci-dessous une bibliographie (non exhaustive) sur la Première Guerre Mondiale et deux romans très forts et qui m'ont beaucoup marqué, parmi mes lectures passées...
La Première Guerre mondiale... La Bibliographie de Manou - Dans la Bulle de Manou
La période de l'année s'y prête... Je dédie cette petite bibliographie à la mémoire de mes grands-pères... J'ai en effet envie cette année de me pencher sur cette période de l'histoire qui...
http://www.bulledemanou.com/2015/11/la-premiere-guerre-mondiale-la-bibliographie-de-manou.html
Jules Matrat un roman de Charles Exbrayat - Dans la Bulle de Manou
J'ai retrouvé ce vieux livre dans un carton oublié... Je ne l'avais jamais lu jusqu'à présent et je dois reconnaître que je ne savais pas que l'auteur qui a écrit plutôt des polars, nous ava...
http://www.bulledemanou.com/article-jules-matrat-un-roman-de-charles-exbrayat-111862878.html
En attendant minuit de Claude Michelet - Dans la Bulle de Manou
C'est la première guerre mondiale. Jean et Marthe sont heureux dans leur petit village de Corrèze et s'occupent de leur ferme mais, voilà qu'il faut se séparer pour quelques temps. Heureusement...
http://www.bulledemanou.com/en-attendant-minuit-de-claude-michelet