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Nous allons aujourd'hui terminer notre visite de la Réserve Naturelle Régionale du Scamandre commencée ICI, ICI, et ICI, en explorant la flore.
Commençons par les arbres et les arbustes.
Les plus nombreux sur toute la réserve sont les tamaris de Chine (Tamarix chinensis). Ils étaient en fleurs lors de notre visite. Ce sont des arbres qui souffrent beaucoup près de la héronnière que je vous ai montré dans mon dernier article (ICI) car les fientes des oiseaux brûlent leur feuillage. Ailleurs, les arbres isolés sont superbes.
Il y a aussi des peupliers et des saules qui aiment l'eau, quelques frênes et des chênes verts dans les zones plus sèches en particulier le long du sentier de la fromagère. Tous ces arbres donnent un peu d'ombre aux visiteurs.
L'olivier de Bohême ( Elaeagnus angustifolia) est un arbuste d'ornement qui a été introduit, comme son nom l'indique, de Bohême au XVIIe siècle. C'est un arbre originaire d'Asie et du Moyen-Orient, mais il pousse aussi en Europe de l'Est donc, et est naturalisé en France et aux Etats-Unis où il est considéré comme invasif.
Il n'appartient pas à la même famille botanique que notre olivier européen. Il fleurit lui aussi au printemps et sa floraison jaune discrète est très parfumée. De plus, les fleurs sont très mellifères. On le surnomme aussi l'arbre d'argent parce que son feuillage est grisâtre.
En Camargue, on le considère comme une plante envahissante. Il ne fait pas partie de la flore autochtone et faciliterait la fermeture des milieux humides et des dunes en modifiant la flore locale.
Au bord de l'eau, et même le plus souvent les pieds dans l'eau, pousse un arbuste exotique l'Indigo du Bush (Amorpha fruticosa), considéré lui aussi, comme une espèce envahissante. Il provient du Mexique et de l'Amérique du Nord et a été introduit en France en 1720 pour fixer les dunes et les berges.
Les plans d'eau et toutes les zones humides sont bordés de roseaux, que l'on appelle en Camargue la sagne (Phragmites australis) lorsque le roseau est sec et prêt à être ramassé. Je vous rappelle que cette grande Poacées (ex Graminées) peut atteindre 5 mètres de hauteur et forme au bord des marais les fameuses roselières si importantes pour la préservation de la biodiversité car les oiseaux y nichent et de nombreux animaux s'y cachent. C'est dire comme il est important de les exploiter dans le respect de la faune locale.
Avant les années 50, la sagne était ramassée à la main en hiver, et le roseau vert de printemps était utilisé comme fourrage. La sagne servait à fabriquer des paillassons et des protections pour les jeunes plantations, mais aussi à couvrir le toit des maisons traditionnelles, des mas camarguais ou des cabanes de gardians. Puis les sagneurs ont effectué des coupes mécaniques.
Depuis les années 1990-2000, devant l'obligation de préserver les milieux naturels, les sagneurs effectuent la coupe mécanique donc, en privilégiant des périodes où les oiseaux nicheurs ne sont pas encore revenus de leur territoire d'hiver.
Actuellement, de grandes quantités de roseaux sont exportés vers l'Angleterre et la Hollande. Mais la Bretagne et la Normandie sont également en grande demande pour réparer les toitures de leurs maisons traditionnelles. Pour vous donner une petite idée, 90 % des bottes ramassées dans les roselières de la Camargue et de la Petite Camargue partent actuellement vers ces quatre destinations. 10 % seulement sont utilisées localement.
Les joncs (Juncus acutus) sont également abondants. Ils peuvent atteindre 1.50 m de hauteur et jouent un rôle important pour fixer les berges.
De nombreux iris des marais (Iris pseudacorus) toujours aussi beaux quand ils sont en fleurs, poussent un peu partout sur la Réserve.
A la surface de l'eau on trouve une autre plante envahissante, la jussie rampante (Ludwigia peploides).
Quand elle envahit tout le marais, elle devient étouffante pour les autres plantes aquatiques comme ici la Renoncule peltée (Ranunculus peltatus) dont on n'aperçoit que de rares fleurs blanches et à peine quelques feuilles.
Enfin au bord des prés salés on peut croiser aussi la salicorne (Sarcocornia fruticosa). Elle démarrait à peine ses nouveaux rameaux donc ses touffes n'étaient pas très belles car encore sèches.
Il n'est pas rare non plus de croiser la soude (Suaeda vera) qui a lontemps été utilisée dans la région pour fabriquer du savon. On peut la confondre avec la "soude maritime" qui pousse davantage en bord de mer dans les milieux très salés et servait à la même chose.
Soude et salicorne sont deux plantes typiques de la sansouïre.
Enfin au bord des chemins, on a pu voir deux plantes fleuries : la Morelle douce amère (Solanum dulcamara) et le Mouron des champs (Lysimachia arvensis) qui sont toutes deux des plantes très toxiques pour les animaux et les jeunes enfants.
Attention donc en balade si vous les croisez !
Ainsi se termine notre balade dans la Réserve Naturelle Régionale du Scamandre. J'espère que vous avez aimé la découvrir.
Nous resterons prochainement encore un peu Provence, enfin comme d'habitude...si vous le voulez bien !