Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
C'est le propre de l'enfance d'offrir son adoration absolue à telle activité avec une sincérité sans borne, et puis de s'en désintéresser jusqu'au lendemain.
Amélie Nothomb nous offre ici une autobiographie légère, dans laquelle elle se confie comme elle ne l'avait jamais fait auparavant.
Elle revient sur son enfance et les nombreux pays où elle a vécu au gré des mutations de son père. Elle conte tour à tour les péripéties de sa tendre enfance, ses jeux avec sa sœur, la relation qu'elle a avec ses parents.
Elle nous dévoile la fascination qu'elle a ressentie pour les oiseaux, une véritable passion en fait. Elle se plonge alors dans des livres d'ornithologie, étudie certaines espèces de près, tant en vol qu'au nid. Elle devient une spécialiste de leur comportement. Il faut dire aussi qu'elle a eu la chance de pouvoir les observer, du Japon où elle a vécu toute petite, jusqu'en Chine, au Bengladesh et aux Etats-Unis.
Le lecteur va comprendre pourquoi elle est devenue anorexique après un traumatisme d'autant plus profond qu'imprévu lorsque les "mains de la mer" se sont jetées sur elle. Une métaphore qui n'occulte en rien la violence subie. La jeune adolescente qu'elle était en sera meurtrie à jamais.
Elle nous explique pourquoi elle a tant de joie à écrire et ce que écrire lui apporte. "Ecrire c'est voler" nous dit-elle voler comme un oiseau, comme elle a toujours rêver de le faire depuis son enfance. Et voler, cela permet de prendre de la distance avec notre monde et de se construire plus librement tout en légèreté, c'est se mettre en mouvement, c'est se préserver de la chute, c'est la liberté. C'est ce qui permet de toujours se relever malgré les événements de la vie qui nous attirent vers le bas. Voler, c'est donc braver le vide et surmonter les épreuves, ce qu'elle a fait, même si au début l'écriture lui a surtout permis de ne pas couler, elle a pu grâce à elle, prendre son envol et se dépasser.
Elle nous parle aussi de son père et de l'amour que tous deux se portaient, cet amour qui a pu s'exprimer même après sa mort puisqu'elle a continué à lui parler comme s'il était toujours auprès d'elle...
Amélie Nothomb nous livre là un récit à la fois émouvant et sincère. Elle se livre avec pudeur tout en gardant une certaine distance. C'est un livre qui se lit vite et avec plaisir car les chapitres sont courts, le récit est fluide et malgré la gravité de certains passages, elle est toujours capable d'autodérision, de légèreté et volette comme un oiseau, d'un sujet à l'autre.
A noter : En mythologie le dieu psychopompe est un être capable de conduire l'âme des morts...vers l'autre monde et il est souvent représenté par un oiseau.
D'Amélie Nothomb, j'ai lu pas mal de romans surtout ceux de ses débuts (avant d'avoir mon blog donc). Me reviennent certains titres comme "Hygiène de l'assassin" qui m'a permis comme à beaucoup d'entre vous de connaître sa plume, mais aussi "Stupeur et tremblements" lus à l'époque où j'étais bibliothécaire. Puis "Attentat", "Cosmétique de l'ennemi", "Le sabotage amoureux", "Les catilinaires" lus au début des années 2000, dont j'ai retrouvé la trace dans un vieux carnet. Il faudrait tous les relire à présent car je les mélange tous !
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La liberté, je la convoitais, certes. Mais j'avais l'instinct qu'elle n'était pas ce que l'on croyait. L'oiseau en vol donne une puissante image de liberté, mais cette liberté, il devait la conquérir au prix d'efforts terribles.
Avis à tous ceux qui croient que les paroles sont inutiles quand on se sait aimé. Oui, nous nous savions aimés l'un de l'autre. Il n'empêche, quelle ivresse de le dire et de l'entendre !