Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
De toute part le volcan dominait, présence sombre et silencieuse, ni menaçante ni accueillante. Il s’imposait, avec ses flancs profondément striés sans doute par quelques milliers d’années d’érosion, son sommet obscurci par un nuage unique à la forme parfaite.
Face aux changements _le temps, les saisons, les enfants, qui grandissent, les vieux qui meurent, ou ma propre tragédie, que je ne supportais pas de nommer _, il demeurait constant. Le voir ainsi me coupait le souffle, moi qui n’avait jamais vécu à l’ombre d’un volcan. Mais pour les habitants des rives de Lago la Paz, qui n’avaient jamais vécu sans le volcan se profilant au-dessus deux, de l’autre côté du lac, il faisait autant partie de la vie, que la pluie, les arbres, les champs de blé, l’air.
L'hôtel ressemblait à la maison d'un conte de fées. Partout où je posais le regard, je découvrais un détail extraordinaire, sans doute une création de Leila ou des gens du village : pas seulement les pierres transformées en singes, jaguars ou oeufs, mais les plantes grimpantes qui formaient des tonnelles ruisselaient de fleurs épanouies évoquant les hallucinations les plus folles...
Joan n'a que six ans quand sa mère, une chanteuse bohême qui circule librement d'amourette en amourette au gré de ses envies, meurt dans un tragique accident : une bombe explose dans un appartement Newyorkais et elle se trouvait sur les lieux, car elle vivait avec des membres du Weather Underground, un collectif d’extrême gauche.
Pour échapper aux poursuites et préserver Joan, sa grand-mère qui la gardait au moment des faits, décide de changer d'identité et de quitter la ville. Joan devient Amelia. Elle va grandir avec ce terrible secret et les chansons de sa maman plein la tête.
Devenue une artiste confirmée, elle rencontre l'amour et, pour la première fois, ne se sent plus seule au monde. Sa grand-mère est morte quelques années auparavant et depuis, Amelia se sent bien seule. Mais la tragédie la frappe à nouveau, emportant son mari et son fils le même jour.
Dès lors, Amelia n'a plus qu'une envie, sauter du Golden Gate Bridge (j'ai oublié de vous dire qu'elle vivait en Californie)...mais le hasard et le destin vont l'emmener bien loin de son pays jusqu'en Amérique Centrale dans un petit village dénommé "La Esperanza". Là, elle trouve refuge dans un hôtel perdu au bord d'un lac, au pied d'un volcan et au cœur d'une nature extraordinaire peuplée d'oiseaux fabuleux.
Très vite intégrée dans le village grâce à Leila, la propriétaire des lieux, Amélia gardant toujours le silence autour de son passé et de ses fantômes, va tenter de se reconstruire.
Mais comme le lui a dit Leila à son arrivée : "Tout paradis a aussi ses serpents".
ça, c'était une famille. Sa famille en tous cas.
La mienne aussi, aux yeux de Lenny du moins. Je me souviens qu'à cet instant je me suis dit que tout était parfait. J'avais épousé un homme merveilleux, nous avions un enfant ravissant qui sautait sur le trottoir entre nous et nous rentrions à la maison pour regarder un match de base-ball...
Quand on a connu un grand deuil, l'idée d'aimer de nouveau quelqu'un peut sembler terrifiante, répondis-je. Je n'avais jamais formulé une telle remarque devant quiconque. Pas même en moi-même.
J'étais toujours émue dans les aéroports à la vue des retrouvailles de deux personnes dont une descendait d'un avion...
Pour moi au moins, assister à ce genre de retrouvailles, c'était comme voir le plus beau des films, parce que c'était la réalité...c'était ce que j'éprouvais, moi qui n'avais pas de famille.
Les lucioles. Elles sortent tous les ans à peu près à cette époque. Elles offrent un spectacle incroyable le temps d'une nuit merveilleuse, puis disparaissent. C'est sans doute un bon rappel : rien de ce qui est beau n'est éternel. Il faut trouver la joie dans ce qui croise notre chemin plutôt que pleurer quand c'est terminé.
Dans ce roman, Joyce Maynard dépeint une nature magnifique, foisonnante de vie. C'est un lieu qui respire la sérénité et qui permet à beaucoup de personnes en quête de sens, de trouver des solutions à leurs problèmes en venant passer quelques jours au bord du lac dans ce lieu enchanteur.
Mais si la nature peut à l'occasion s'avérer destructrice... il en est parfois de même des hommes.
L'autrice nous invite à la suivre avec beaucoup de justesse et de finesse dans les méandres de la psychologie humaine. Le lecteur découvre tout un panel de personnages... hauts en couleurs.
La population locale est en effet un mélange hétéroclite de personnes venues ici se perdre pour oublier leur passé, et d'autochtones le plus souvent très pauvres car vivant avec les moyens du bord de la vente de leurs légumes, de leur pêche ou en rendant de menus services pour les hommes et en faisant quelques travaux de couture, tissage, tricot et broderie, pour les femmes. Les enfants eux-mêmes se proposent souvent guides d'un jour, pour porter les valises des touristes ou les mener jusqu'au bord du cratère du volcan. Ils sont tous bien décidés à profiter chacun à leur manière de la manne d'étrangers venus chercher un sens à leur vie.
C'est un roman dépaysant et fondamentalement optimiste qui prouve que la beauté du monde peut aider à mieux vivre au présent sans s'encombrer de nos fantômes et en s'ouvrant simplement aux autres et à la fraternité.
Mais l'autrice ne cache rien pour autant ni de l'enfance difficile de son héroïne, ni des crises traversés par son pays à la fin des années 60 entre les luttes contre la guerre du Vietnam, la généralisation de l'usage des drogues,...et la libération sexuelle.
Les chapitres sont courts. Le lecteur passe d'une émotion à une autre. Il y a un certain suspense même si moi je l'avoue, j'avais prévu la plupart des rebondissements, mais comme les personnages sont attachants on se laisse porter par l'écriture et l'ambiance paisible du lieu.
De cette autrice je n'ai lu jusqu'à présent que :
- L'homme de la montagne, présenté ICI.
- Où vivaient les gens heureux, présenté ICI.
Bonne lecture !
Les jardins durent plus longtemps que la plupart des histoires d’amour. Il est plus sûr de parier sur les orchidées que sur les hommes.
J'avais connu des périodes dans ma vie où le temps semblait presque immobile et où la perspective d'une nouvelle journée paraissait insurmontable...
Après mon arrivée à La Esperanza, ma notion du temps changea.