Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Wasurenagusa est le nom donné au myosotis et signifie "ne m'oubliez pas".
Après l'échec de son premier mariage, Kenji Takahashi subit un véritable harcèlement de sa famille qui le presse de se remarier rapidement, étant l'unique héritier d'une famille noble de la ville. Ses parents ont toujours été distants et durs avec lui et la seule personne qui l'a véritablement aimé durant son enfance, a été sa nourrice, Sono, dont il garde un merveilleux souvenir alors qu'ils ont été séparés depuis des années après qu'elle se soit exilée en Mandchourie.
Kenji a compris qu'il était stérile et ne pourrait donc pas assurer sa descendance. Il refuse d'en parler autour de lui, culpabilise d'avoir laissé accuser sa première femme qui est aujourd'hui, remariée, heureuse et mère de famille.
Un jour en rendant service dans une église catholique (que nous connaissons bien à présent), il rencontre une jeune femme, mère d'un petit Yukio, c'est Mariko. Il tombe fou amoureux d'elle et la demande en mariage. Orpheline, mère célibataire, elle ne convient pas aux parents de Kenji qui ne se privent pas pour l'humilier. Kenji, furieux et profondément ulcéré par le comportement de ses parents, a le courage de s'opposer ouvertement à eux pour la première fois de sa vie. Il se marie avec Mariko, adopte Yukio et tous les trois quittent la ville, pour Nagasaki, mettant de la distance entre ses parents et eux pour toujours, sacrifiant ainsi au sacro-saint devoir filial si important au Japon, mais pas à sa culpabilité.
Des années après, sur la tombe retrouvée de Sono, il va découvrir les secrets liés à son passé et comprendre pourquoi ses parents ont été si durs avec lui...
Sono est la seule personne avec qui je puisse parler de ma situation compliquée : ma responsabilité d'héritier, ma stérilité, ma rencontre avec une orpheline qui a un fils naturel, ma difficulté à convaincre mes parents. Sono me manque.
Je songe à l'histoire des catholiques au Japon, qui ont été exilés, torturés ou tués à cause de leur résistance contre le régime. Je l'ai apprise dans un livre quand j'étais encore adolescent. Je me demandais : "Pourquoi sacrifier sa vie avec une telle obstination pour une religion occidentale qui ne s'accorde pas avec la culture japonaise ?"...Je doutais fort qu'on pût implanter cette religion dans un terrain déjà imprégné de bouddhisme et de shintoïsme...
Pourtant quand je pense aux catholiques qui ont défendu leur foi, quoi qu'il arrive, je ne peux m'empêcher de reconnaître mon point faible. Le mot "résistance" me pique le coeur.
Après la lecture de Tsubaki (présenté ICI), de Hamaguri (présenté ICI) et de Tsubame (présenté ICI), l'auteur poursuit l'histoire de cette famille meurtrie croulant sous les secrets dont les conséquences se transmettent de génération en génération, provoquant des dégâts irréversibles. En effet, le poids des secrets de famille pèse sur les générations futures.
C'est au tour de Kenji, le mari de Mariko et père adoptif de Yukio, de nous raconter sa vie et ses souvenirs. Lui aussi va apprendre non sans douleur, ce que ses parents ont tu pour préserver leur famille et se conformer aux mœurs de l'époque. La société japonaise apparait encore une fois bien étriquée dans ses croyances et son conformisme.
Les non-dits sont bien présents et le lecteur découvre les secrets par petites touches subtilement insérées dans le roman. L'auteur a une plume légère et émouvante pleine de délicatesse et de poésie.
Dans cet avant-dernier opus de la pentalogie, le lecteur plonge davantage dans la société traditionnelle japonaise du XXe siècle et ses principes. Il en apprendra moins sur l'Histoire du Japon que dans les tomes précédents. Mais c'est également très intéressant.