Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Au-dessus de moi, un couple d'hirondelles passe rapidement. Elles vont et viennent entre le toit d'une maison et un fil électrique. Elles partiront bientôt vers un pays chaud. J'aimerais bien voyager librement comme elles.
Ma mère m'a dit une fois ;" Si on pouvait renaître, j'aimerais renaître en oiseau".
Yonhi Kim vit à Tokyo avec sa mère et son oncle, tous deux venus de Corée, pour des raisons que la petite fille ne connait pas.
A la suite du terrible tremblement de terre (Kanto-daïshinsaï) qui a dévasté le Kanto le 1er septembre 1923, et fait plus de 140 000 morts et disparus, sa mère a fui le village pour protéger sa fille des émeutes contre leur communauté qui ont entrainé la mort de près de 6 000 coréens. Les japonais, en effet, pour justifier leurs crimes, profitent de la panique générale et des incendies liés au séisme, pour accuser les coréens à tort, de mettre le feu aux habitations et d'empoisonner leurs puits.
Sa mère craignant pour la vie de Yonki Kim, âgée de seulement 12 ans, la confie à un prêtre catholique qui va la garder dans son orphelinat bien caché sous son nouveau prénom japonais, Mariko Kanakawa. Mais malgré sa promesse, elle ne reviendra jamais la chercher et la petite fille grandit sans rien savoir sur son passé.
Devenue adulte, Mariko quitte l'orphelinat, devient la mère de Yukio puis se marie avec un chimiste, dont nous avons fait connaissance dans les deux tomes précédents et qui adoptera son fils. Elle a donc échappé au séisme et, avec Yukio, à la bombe atomique. Elle est aujourd'hui grand-mère de trois petits-enfants (seize, quinze et sept ans). Devenue veuve à présent, elle vit avec son fils et sa petite famille.
Lorsque Mariko était sur le point se marier, le prêtre, surnommé Monsieur Tsubame par les enfants de l'orphelinat (d'où le titre du livre), lui avait remis en main propre le journal intime écrit par sa mère. Il est écrit en coréen, langue que Mariko ne parle pas et ne comprend pas. Mariko ne s'est jamais séparé de ce journal. Au moment de l'explosion de la bombe atomique, elle a quitté la maison en l'emportant avec elle. Il était le seul moyen pour elle d'en apprendre davantage sur ses origines, et de pouvoir comprendre un jour pourquoi sa mère et son oncle avaient été obligé de quitter la Corée, puis pourquoi sa mère n'est jamais revenue la chercher à l'orphelinat, comme elle l'avait promis...
Des années après, le destin va lui permettre d'apprendre enfin le secret de ses origines et qui est son vrai père.
Bien entendu, je vous laisse le découvrir sans en dire plus.
L'armée avait obligé les Japonais à venir creuser ici. Les soldats avaient mis les Coréens en rangs et les avait mitraillés. Ces Japonais avaient brûlé les cadavres avec du pétrole et les avaient enterrés...
Dans "Tsubame" qui veut dire "hirondelle", il est bien entendu question de ces oiseaux qui reviennent chaque année au même endroit pour réparer leur nid et rebâtir une nouvelle nichée. Nous allons en apprendre davantage sur les liens qui unissent les différents protagonistes dont nous avons fait connaissance dans les tomes précédents.
C'est au tour de Mariko, la mère de Yukio qui était le personnage principal dans le tome 2, de prendre la parole pour nous raconter son enfance et nous parler de ses origines coréennes. C'est un personnage que j'avais aimé découvrir dans les tomes précédents et que j'ai trouvé très digne dans celui-ci.
En parallèle, le lecteur continue à explorer l'Histoire du Japon au début du XXe siècle avec le massacre des coréens qui a suivi le séisme de 1926, une période très noire que je ne connaissais pas, effrayante quand on réalise la portée de la rumeur. Les Coréens, (les zaïnichi) avaient été obligés de quitter leur pays pour trouver du travail au Japon, suite à l'invasion japonaise qui était cause de sa ruine économique. Mais par la suite, ils seront victimes de discriminations constantes et de persécutions, obligeant des familles entières à cacher leur identité pour survivre dignement. C'est une des raisons pour lesquelles Mariko cachera ses origines à son mari, à son fils, et par ricochet à ses petits-enfants, pensant ainsi ne pas nuire à leur avenir professionnel. Elle vivra donc toute sa vie avec ce lourd secret.
Mais malgré les drames vécus par la famille, c'est un livre qui nous parle aussi de la nature en particulier des fleurs dont le camélia, Tsubaki en japonais, qui est aussi le prénom de la petite-fille, les myosotis, la colline aux gentianes, mais aussi des hirondelles que le prêtre aimait tant redécouvrir au printemps et observer en train de faire leur nid.
Cet opus est comme les précédents, un livre court mais intense. L'écriture est toujours aussi poétique, pudique et émouvante. Une pentalogie à suivre donc...que vous la lisiez dans le désordre ou pas, les différentes pièces du puzzle s'assembleront pas à pas.
Bonne lecture !
La discrimination est toujours là. Avoir du sang coréen cause des soucis insolubles. Je ne pourrai jamais avouer l'histoire de mon origine à mon fils et à sa famille. Je ne veux absolument pas que notre vie en soit perturbée.