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Konrad se rappelait ces instantanés comme s'ils dataient d'hier. Il pensait souvent à son enfance dans ce quartier. Sa mère faisait figure d'exception puisqu'elle travaillait et apportait un salaire au foyer. Incapable de garder un emploi fixe, son père se livrait à toutes sortes de trafics et de magouilles...
...il existait en Islande une tradition foisonnante de contes populaires transmis oralement depuis des siècles, les longues nuits d'hiver.
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Ces étranges récits étaient nés de la confrontation de l'homme à une nature hostile, de la difficulté à survivre dans ce pays désolé et des peurs qu’engendrait la longue nuit hivernale. A cela venait s'ajouter le plaisir de raconter des histoires et une imagination fertile qui avaient donné naissance à des univers merveilleux, tout aussi réels que le réel lui-même pour un certain nombre de gens.
Les contes populaires nous permettent de comprendre l'univers mental des petites gens. Ces récits nous en apprennent beaucoup sur la manière de penser de notre nation et son évolution au fils des siècles, qu'il s'agisse de sa peur de l'inconnu, de son aspiration à une vie plus confortable ou de ses rêves d'un monde meilleur.
Aussi bien directement qu'indirectement, ils nous renseignent beaucoup sur la vie d'autrefois.
Ce roman est le troisième opus de la "Trilogie des ombres" commencé avec "Dans l'ombre" et "La femme de l'ombre".
Je rappelle que les enquêtes sont indépendantes et que les trois romans peuvent se lire séparément. Cependant si vous désirez comprendre l'histoire du pays, mieux vaut les lire dans l'ordre...
La guerre est finie depuis longtemps et, ce qu'on a appelé "la situation" c'est-à-dire l'occupation anglaise, puis américaine, est presque oublié dans la vie quotidienne des islandais, lorsqu'on retrouve un vieil homme mort dans son appartement. Il semble s'être endormi dans son sommeil, en fait, il a été étouffé.
Les recherches révèlent que ce vieil homme s'est intéressé récemment de près, à une enquête menée pendant la guerre par la Brigade criminelle de Reyjavik, et en particulier par Flovent et Thorson, dont nous avons fait connaissance dans les tomes précédents.
A l'époque, en 1944, ils enquêtaient en effet sur le meurtre d'une jeune couturière, Rosamunda, retrouvée assassinée derrière le Théâtre National. L'assassin n'avait jamais été retrouvé.
L'ex-inspecteur Konrad, élevé dans le quartier des Ombres, va se sentir tout de suite concerné par cette affaire, car il se souvient bien que son père avait lui aussi joué un rôle trouble à l'époque dans cette triste histoire. Il va donc proposer son aide à Marta son ex-collègue de la criminelle.
Tandis que le lecteur découvre que l'Islande au temps de "la situation" n'a pas fait de cadeaux aux jeunes filles qui fréquentaient des soldats, l'enquête d'aujourd'hui nous conduit au pays des elfes, des croyances populaires et du spiritisme, alors à la mode durant la dernière guerre.
Ne me demandez pas plus de détails car cela m'obligerait à vous révéler tout ce qui fait le sel de cette lecture !
Comme d'habitude, le grand intérêt des polars d'Arnaldur Indridason, c'est de nous détendre par une enquête bien menée, et de nous permettre, en parallèle, d'en apprendre davantage sur l'histoire de son pays.
Le récit mêle donc présent et passé, avec la finesse habituelle de l'auteur et sa façon bien à lui de parler des différents personnages, et de relier les affaires entre elles sans jamais nous perdre.
Ici, on découvre la façon dont les soldats, pour la plupart mariés dans leur pays, traitaient les jeunes filles islandaises, les baratinant jusqu'à obtenir leurs faveurs, avant de les laisser tomber une fois enceintes. On découvre aussi tout le trafic parallèle de cette sombre histoire, faiseuses d'anges, charlatans en tous genres et surtout...corruption, mais aussi la façon dont l'Islande a basculé d'un coup dans la modernité alors qu'elle n'y était pas préparée.
Si vous ne connaissez pas cette trilogie, et que vous aimez ce genre de lecture, les vacances seront une belle occasion de la découvrir. La lecture est facile et prenante et dès le début du livre, vous n'aurez qu'une envie, ce sera de le terminer !
Vous pouvez lire l'avis de Zazy ci-dessous...
Arnaldur Indridason - Passage des ombres - ZAZY - mon blogue de lecture
Passage des ombres Arnaldur Indridason Traduit de l'islandais par Eric Boury Editions Métailié Mai 2018 304 pages ISBN : 9791022607759 4ème de couverture : Un vieil homme solitaire est retrouvé...
Voilà exactement ce que je voulais entendre. C'est une affaire très sensible et je crois qu'il est préférable de la régler dans la plus grande discrétion, conclut le député.