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Connue depuis les temps préhistoriques, la myrtille (Vaccinium myrtillus) était consommée par les peuples d'amérindiens qui la faisaient sécher pour l'utiliser en hiver. Souvent appelée bleuet, elle est utilisée en Europe pour ses vertus médicinales depuis le Xe siècle.
Elle pousse à l'état spontané en Amérique du Nord et dans toute l'Europe septentrionale. On en dénombre près de 400 espèces différentes.
C'est une plante de la famille des Ericacées. Le plant forme un arbrisseau de 20 à 50 cm de hauteur, aux feuilles ovales légèrement dentées et d'un vert tendre au printemps virant au roux sous l'action du soleil d'été, lors de la maturité des fruits. La tige est finement ailée. Les fleurs apparaissent sous les feuilles. De couleur blanc rosée, elles deviennent des baies bleues-violacées recouvertes d'une pruine blanche.
La couleur bleue provient de la présence d'anthocyane, pigment qui varie du rouge au bleu selon l'acidité de la plante que l'on retrouve aussi dans le raisin.
On utilise les feuilles, ramassées avant l'automne, pour leurs vertus médicinales et les baies fraîches, séchées ou congelées pour faire confitures, tartes, sorbets, muffins ou autres desserts. Un délice !
D'abord, il faut connaître les coins à myrtilles pour aller les ramasser dans les bois. Elles aiment les sols acides. En principe, les plants de myrtilles sauvages colonisent les zones de coupes de bois et les sous-bois clairs entre 600 et 1 600 mètres d'altitude. En effet c'est une plante héliophile c'est à dire qu'elle aime le soleil. Elle craint le gel surtout lorsqu'il n'y a pas de neige mais aussi la sécheresse d'été. Il y aura donc moins de fruit ou des fruits plus petits, les années sans pluie. Au bout de quelques années, lorsque les arbres prennent plus de place et mettent à l'ombre le sous-bois, les plantes dégénèrent...la forêt reprend ses droits !
Il faut se munir de bonnes chaussures et de pantalons longs, voire d'un produit anti moustiques comme il a fallu le faire cette année.
Les myrtilles sauvages se ramassent au peigne ou à la main.
Attention ! le ramassage au peigne est réglementé en France afin de préserver les plants et de limiter l'usage commercial que certains riverains en font (vente aux restaurateurs ou autres...). Il faut se renseigner à la mairie ou à la préfecture, la date variant selon les années en fonction de l'avancée de la végétation.
Dans certaines régions comme les Vosges, c'est la quantité par personne et par jour qui est limitée (pas le mode de ramassage).
Il faut savoir que l'usage du peigne demande aussi aux récolteurs du savoir faire. Les myrtilles sont situées sous les feuilles, il faut donc les soulever puis les "peigner" et non pas tirer fort en arrachant les feuilles, en cassant les tiges et ou en arrachant les plants !
La modération est de mise et le respect de la nature une priorité : il faut donner l'habitude aux enfants très tôt de ne prélever sur la nature que la quantité dont on a réellement besoin.
Il faut savoir que si on utilise un peigne, il faudra trier les myrtilles et enlever les feuilles. Le plus simple est quand même d'utiliser une planche humide sur laquelle vous faites glisser les fruits. Les feuilles y restent collées. Bien sûr il faudra mouiller régulièrement la planche plusieurs fois...
Dans le cas d'un ramassage à la main, c'est bien sûr plus long dans les bois, mais il n'y aura rien à faire à la maison...L'idéal est d'attacher votre petit seau autour de la taille avec une ceinture pour avoir les mains libres : une main soulève le plant l'autre ramasse ! Et votre cerveau fait le vide...
Quoi qu'il en soit en Haute-Loire cette année, le ramassage au peigne était autorisé à partir du 15 août. En nous enfonçant dans la forêt, les plants étaient davantage chargés en fruits et plus facile à ramasser.
Et voilà notre récolte à 2 !
Vertus médicinales
La myrtille est la plante santé par excellence. Elle est très riche en antioxydants et en oligoéléments comme le chrome, le manganèse, le cuivre, le magnésium et le zinc et en vitamines (A, B, C et P). Les baies, comme les feuilles soignent colites, diarrhées infectieuses, troubles digestifs et urinaires. Les feuilles ont en plus un pouvoir hypoglycémiant et jouent un rôle important dans la prévention du diabète.
Les baies, consommées de préférence fraîches, quand à elles, auraient le pouvoir de reconstituer la rétine (plus exactement, les pigments rouges appelés "pourpre rétinien" contenus dans les cellules à bâtonnets de la rétine) et d'améliorer ainsi la vision nocturne et diurne.
Enfin les racines en décoction soigneraient les infections de la peau et les troubles digestifs. Mais je pense qu'il vaut mieux ne pas arracher les plants sauvages...
Risques pour la santé
Les myrtilles poussent dans les zones où se trouve un parasite, "l'échinococcus multilocularis". C'est un petit ver parasite des renards (et des chiens) qui peut être transmis à l'homme par voie directe (c'est a dire ingestion directe par l'absorption) là où les animaux ont fait leurs besoins (que vous ne voyez pas toujours).
La maladie provoquée, l'échinococcose, est très grave et peut entrainer la mort mais elle est heureusement très rare (15 à 20 cas par an environ). Ce qui n'empêche pas d'être prudent. A chacun de mesurer les risques surtout avec les jeunes enfants, car cette maladie est incurable et la seule thérapeutique définitive est l'ablation du foie (ou d'un lobe) où se loge le parasite et / ou la greffe.
A noter, ce parasite peut également se trouver sur les fraises des bois.
Pour ma part et cela n'engage que moi, j'ai toujours consommé les baies sauvages crues sans y penser.
Le plaisir du ramassage dans les bois, celui de la dégustation, puis les bienfaits de la plante, me paraissent plus positif et important pour ma santé physique et psychologique que les risques d'atteinte parasitaire.