Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Chaque légende populaire renferme un noyau de vérité, dit Melchior. Les contes parlent d'un homme venu d'au-delà des mers, qui avait promis d'édifier une église, à la condition que personne n'apprenne son nom. Il avait encore déclaré que si quelqu'un, par malheur, venait à l'apprendre, il n'en résulterait que ruine et désastre pour la ville, et que l'église qu'il avait construite ne tiendrait pas longtemps debout...
L'histoire se passe à Tallinn en Estonie en 1409. C'est une ville portuaire riche grâce à la présence de ses nombreux marchands et de son port de commerce de la Hanse. A cette époque, la ville est séparée en deux parties.
Dans la ville basse, où règne le droit de Lübeck, vivent les gens du peuple et les marchands, tous d'origines diverses. Echoppes, ateliers et autres habitations sont installés autour du monastère des Dominicains et de l'église Saint Olav en pleine reconstruction.
Dans la ville haute, installé dans la forteresse de Toompea, c'est l'Ordre des Têtes Noires, étranges chevaliers teutoniques, qui fait régner sa propre loi.
Un matin, un haut responsable de l'Ordre des chevaliers, de passage dans la ville, est retrouvé décapité dans l'enceinte de la forteresse, l'épée utilisée lors du meurtre a été jetée à l'extérieur, sur le chemin de la ville basse.
Le bailli fait aussitôt appel à son ami Melchior, l'apothicaire de la ville, pour l'aider à démêler les différents éléments en leur possession.
Mais les premières suppositions sont très vite balayées quand un second meurtre survient. Et ce ne sera pas le dernier !
Meurtres ? Suicides ? Malédictions ?
Il faudra toute la perspicacité, l'ingéniosité de Melchior et ses connaissances des êtres humains pour dénouer l'affaire. Il sera aidé par une potion de sa composition dont il détient le secret, capable de tellement décontracter les gens qu'ils finissent par se laisser aller à trop parler ; un jeu d'échec dont il devra comprendre la disposition originale des pièces ; une chaine en or mystérieusement disparue ou présente selon les témoignages ; des pièces de monnaies anciennes et rares, retrouvées dans la bouche des victimes ; une amulette censée être efficace pour contrer la peste mais contenant bizarrement de la farine ; du poison sans odeur et sans saveur (= l'arsenic) et une mystérieuse chanson dont il lui faudra interpréter les paroles mot à mot.
Tout cela sur fond de vie quotidienne dans la forteresse, le monastère ou la ville, de construction de l'église, de rancœurs liées à des anciens actes de piraterie parmi les marchands et autres légendes ou croyances religieuses d'une autre époque, ainsi que de fêtes bien arrosées à la bière et brassée par le talentueux moine Wunibald.
Et en plus, Melchior devra découvrir un des mystères parmi les plus secrets de l'église catholique concernant l'église de Saint-Olav comme nous le suggère le titre du roman.
Observer ces hommes et chercher à deviner leurs pensées lui servait aussi à tenir à distance son propre secret redoutable : c'était sa manière de contrer la malédiction de sa famille, de même que la profession d'apothicaire représentait à la fois la fortune et le malheur des Wakenstede, leur clé pour vaincre ce fléau, mais une clé qui n'était pas forcément efficace, car jusqu'alors aucun de ses ancêtres n'avait trouvé de remède contre ce mal terrible.
Ce polar historique qui se passe donc à l'époque médiévale à Talinn, en Estonie, est le premier roman de l'auteur à avoir été traduit en français.
Il est le premier volet d'une série dont tous les opus peuvent se lire séparément.
On retrouve cependant dans chacun des titres certains des personnages et en particulier Melchior l'apothicaire qui n'a pas son pareil pour mener l'enquête aux côtés du bailli et découvrir le coupable.
J'ai eu un peu de mal à entrer dans le roman, le temps de m'habituer aux différents noms des nombreux personnages, puis de me repérer sur une carte pour situer les différents lieux. Une fois tout cela mis en place, je suis entrée dans l'enquête avec beaucoup de plaisir tant j'ai été captivée par l'histoire. De plus, moi qui n'aime pas spécialement lire des romans historiques, j'ai appris beaucoup en le lisant tant le contexte est réaliste et le roman bien documenté.
C'est donc un roman d'une grande richesse et bien que j'ai suivi l'intrigue avec beaucoup d'intérêt, je n'ai pas tout retenu de l'histoire mouvementée du pays à cette époque, je l'avoue. Mais cela ne m'a pas gênée pour la lecture et la compréhension de l'enquête, l'auteur rappelant souvent les faits historiques au moment précis où le lecteur a besoin de cette information.
Pour nous aider, l'auteur présente le contexte historique du pays dans un avant-propos illustré par deux dessins représentant la ville à cette époque.
De plus, chaque chapitre nous indique par son titre où on se trouve et quel jour, ainsi que le moment précis de la journée, ce qui permet de toujours bien se situer dans le temps et dans l'espace.
L'ambiance est très importante et le lecteur se surprend à pénétrer dans la boutique de l'apothicaire, à apprécier la présence douce mais énergique de Keterlyn, sa charmante femme, à entendre Kilian chanter pour les belles demoiselles, à croiser dans les rues dominicains ou personnages importants de la ville.
Le suspense va crescendo et le lecteur ne saura qu'à la toute fin, dans un chapitre très cinématographique dont j'ai adoré la mise en scène et la finesse des déductions de Melchior, qui est le véritable coupable.
C'est une série que je continuerai à découvrir sans problème d'autant plus que j'aimerai savoir de quel mal mystérieux souffre Melchior, un mal que seules les femmes savent éloigner, je ne vous dirai pas comment, et qui se transmet par la lignée masculine uniquement.
J'ai eu envie de découvrir cet auteur estonien, qui s'est lancé dans le polar historique après avoir écrit de la SF, grâce au challenge "Une rentrée à l'Est". Merci à Sacha de l'avoir organisé.
Mais ce livre me permet aussi de participer, s'il rentre bien dans le thème, au challenge "Sous les pavés, les pages", proposé par Ingannmic puisque toute l'action se déroule en ville, à Tallinn et que la plupart des monuments dont on parle sont ceux que visitent les touristes de nos jours...