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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

L'abbaye de Mazan 3/ Balade en Ardèche

Les ruines de l'église abbatiale vu de l'intérieur de la nef

Les ruines de l'église abbatiale vu de l'intérieur de la nef

Aujourd'hui je vais enfin vous parler plus en détails de l'abbaye de Mazan et vous conter son histoire. Je vous ai déjà présenté en partie le village ICI, et je vous ai parlé de l'œuvre d'art qui s'est déployée dans ce lieu magique depuis quelques années à présent, ICI.

Voici tout d'abord un dessin permettant de mieux imaginer l'ampleur de cette abbaye cistercienne au XVIIe siècle avant qu'elle soit peu à peu délaissée.

Dessin reconstituant l'abbaye au XVIIe siècle

Dessin reconstituant l'abbaye au XVIIe siècle

C'est à Robert de Molesme, qui quitta l'ordre de Cluny en 1098, pour fonder l'ordre de Cîteaux que l'on doit la création des abbayes cisterciennes. Il souhaite une vie monastique plus stricte respectant à la lettre la règle de Saint Benoît. A Cîteaux, le rôle des frères convers qui assurent l'intendance des abbayes, est différent de celui des moines qui eux se consacrent à la prière.

Organisation de la communauté

Organisation de la communauté

C'est ainsi que l'abbaye de Mazan, première abbaye cistercienne en Languedoc, voit le jour entre 1119 et 1123, soit 21 ans après, grâce à des moines en provenance de Bonnevaux. Pour plus de détails sur son histoire, voir le site ICI.

A cette époque, les grands espaces, tranquilles et proches d'un cours d'eau, attiraient les communautés de religieux qui venaient s'y installer et jouaient ainsi un rôle important dans l'évangélisation des régions mais aussi dans leur développement économique.

Durant les XIIe et XIIIe siècle, l'abbaye de Mazan devient très vite prospère. Elle rayonne alors dans tout le sud de la France grâce à la création de ses quatre filles : le Thoronet et  Silvanes  en 1136, Bonneval en 1147 et Sénanque en 1148.

Les seigneurs de toute la région font don de leurs terres. Les moines établissent des "granges" (= de grands domaines agricoles) dans tout le sud de l'Ardèche. Une de ces granges est particulièrement connue au Cheylard près d'Aubenas, une autre à Berg (placée en 1284 par l'abbé de Mazan sous la sauvegarde du roi de France) qui deviendra par la suite Villeneuve-de-berg. L'abbaye s'enrichit et atteint son apogée à la fin du XIIIe siècle.

Les moines sont obligés de se protéger car leurs richesses attisent les convoitises. Ils édifient des fortifications et une tour pour se préserver des pillards lors de la Guerre de Cent ans. L'abbaye subira ensuite d'autres attaques durant les guerres de religion, puis les moines auront à souffrir des épidémies de peste et autres...L'abbaye sera ensuite mise en commende en 1469. Or un abbé commendataire, au lieu d'être élu par les moines, est un grand seigneur nommé par le pape (en réalité souvent choisi par le roi). Il gère alors l'abbaye à distance, se souciant peu de maintenir les bâtiments en état ou de savoir comment survivent les moines. 

Au XVIIe siècle, seuls quelques moines vivent encore à Mazan. Ils ne sont plus que six à la veille de la Révolution. 

Tout cela est expliqué sur des panneaux pédagogiques installés sur le site. 

Un des panneaux pédagogiques explicatif

Un des panneaux pédagogiques explicatif

C'est à cette période (ou à la Révolution selon d'autres sources) que les moines auraient selon la légende, fondu leurs richesses en une cloche d'or, laquelle serait enterrée quelque part sous l'abbaye. Or des pièces d'or ont bien été découvertes lors de la construction de la route en 1875, dans la forêt sur des anciennes terres des moines. Appartenaient- elles aux moines ? à un pèlerin de passage ? En tous les cas ni les objets de culte, ni le trésor n'ont encore été retrouvés à ce jour. 

La légende

La légende

L'abbaye fermera ses portes en 1790 au lendemain de la Révolution Française. Elle est alors totalement abandonnée aux intempéries. 

Seule l'église abbatiale est conservée par les villageois qui se sont établis autour de l'abbaye, mais devenant trop inconfortable car trop grande et donc trop froide, l'évêque décide d'en bâtir une nouvelle, au XIXe siècle, plus petite en utilisant les pierres de l'abbaye qui deviendra ensuite une carrière de pierre comme beaucoup d'édifices religieux à cette époque. 

Je vous parlerai très prochainement de cette nouvelle église que je vous ai déjà montré en photos dans mes articles précédents.

Voici l'église abbatiale telle qu'elle était avant la destruction de la voûte au début du XXe siècle. 

Photo copiée à partir d'un des panneaux pédagogiques présent sur le site.

Photo copiée à partir d'un des panneaux pédagogiques présent sur le site.

Actuellement, depuis son classement en tant que monument historique en 1946, plusieurs parties des ruines ont été consolidées et sécurisés. Dans les années 60, les rénovations ont été poursuivies et certains vestiges sortis des gravats. Enfin, l'aile des convers a été restaurée en 2016, elle contient une jolie salle voûtée que nous n'avons pas pu découvrir car toujours en travaux comme en atteste le panneau condamnant la porte d'entrée. 

Le panneau sur la porte d'entrée du bâtiment des convers.

Le panneau sur la porte d'entrée du bâtiment des convers.

La façade occidentale était ornée de deux baies cintrées et d'un oculus dont on voit bien la base sur ma photo. 

Le mur occidental avec la base du grand oculus de façade (vu de l'extérieur)

Le mur occidental avec la base du grand oculus de façade (vu de l'extérieur)

L'immense église abbatiale est donc aujourd'hui entièrement ruinée. Elle était pourtant la plus grande (52 m de long et 24 m de large) et sans doute la plus belle du Vivarais. Elle comportait quatre travées voûtées en berceau brisé. Les collatéraux de la nef étaient étroits et également voûtés.

Une abside et deux absidioles s'ouvraient sur la croisée et les bras du transept. Tous les parements extérieurs étaient construits en granit et les parements intérieurs en pierre volcanique (tuf) rouge et sombre. 

Il existait deux petites portes en guise d'entrée (pas de portail d'entrée). En voici une (je montre l'autre plus bas dans l'article)

La façade occidentale vue de l'extérieur et une des portes d'entrée de l'église abbatiale
La façade occidentale vue de l'extérieur et une des portes d'entrée de l'église abbatiale

La façade occidentale vue de l'extérieur et une des portes d'entrée de l'église abbatiale

Aujourd’hui, il ne subsiste principalement que l’abside principale et ses trois ouvertures, l’absidiole sud, et une seule travée voûtée du bas-côté sud (voûte en berceau rampant = voûte dont les bases ne sont pas à la même hauteur des deux côtés). 

Vestiges de l'abside principale et de ses trois ouvertures
Vestiges de l'abside principale et de ses trois ouvertures
Vestiges de l'abside principale et de ses trois ouvertures

Vestiges de l'abside principale et de ses trois ouvertures

Arc de tête de l'absidiole sud (vu de l'intérieur de la nef et de l'extérieur)
Arc de tête de l'absidiole sud (vu de l'intérieur de la nef et de l'extérieur)
Arc de tête de l'absidiole sud (vu de l'intérieur de la nef et de l'extérieur)

Arc de tête de l'absidiole sud (vu de l'intérieur de la nef et de l'extérieur)

A l'ouest, la travée voûtée restante du collatéral sud (voûte en berceau rampant) avec au fond la seconde portes d'entrée
A l'ouest, la travée voûtée restante du collatéral sud (voûte en berceau rampant) avec au fond la seconde portes d'entrée

A l'ouest, la travée voûtée restante du collatéral sud (voûte en berceau rampant) avec au fond la seconde portes d'entrée

Lors des fouilles de 1967 et 1968, les larges piliers cruciformes de la nef ont été mis au jour. Ils étaient auparavant totalement ensevelis par les gravats liés à la destruction de la voûte. 

Plusieurs vues de la nef et de la base des énormes piliers qui soutenaient la voûte
Plusieurs vues de la nef et de la base des énormes piliers qui soutenaient la voûte
Plusieurs vues de la nef et de la base des énormes piliers qui soutenaient la voûte
Plusieurs vues de la nef et de la base des énormes piliers qui soutenaient la voûte

Plusieurs vues de la nef et de la base des énormes piliers qui soutenaient la voûte

Les murs situés au nord et une ancienne sortie vers un jardin peut-être. Elle donne aujourd'hui sur le ruisseau de Mazan
Les murs situés au nord et une ancienne sortie vers un jardin peut-être. Elle donne aujourd'hui sur le ruisseau de Mazan
Les murs situés au nord et une ancienne sortie vers un jardin peut-être. Elle donne aujourd'hui sur le ruisseau de Mazan

Les murs situés au nord et une ancienne sortie vers un jardin peut-être. Elle donne aujourd'hui sur le ruisseau de Mazan

Le ruisseau de Mazan au pied de l'abbaye
Le ruisseau de Mazan au pied de l'abbaye

Le ruisseau de Mazan au pied de l'abbaye

Voilà notre visite de la nef de l'ancienne abbaye de Mazan est terminée. Nous nous dirigeons à présent vers le cloître en partie disparu que je vous montrerai plus en détails la semaine prochaine, enfin comme d'habitude...si vous le voulez bien ! 

Bon weekend à tous ! 

Vers le cloître...

Vers le cloître...

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L
De belles ruines. Je trouve dommage qu'on laisse se dégrader de tels édifices mais les vieilles pierres dans le temps n'avaient qu'une importance : le réemploi !<br /> Je ne connais pas Mazan mais je connais trois de ses filles. Seul Bonneval n'a pas encore été visité.<br /> Bisous<br /> Douce nuit<br /> Lavandine
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P
Splendides vieilles pierres chargées d'histoires, cette traversée des siècles est émouvante, malheureusement la convoitise est toujours présente dans le cœur de beaucoup d'Hommes... Douce soirée Manou, j'ai lu avec intérêt tes trois billets sur ce lieu. À bientôt. brigitte
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E
Bonjour Manou. Cette abbaye a encore quelques beaux restes et son histoire est intéressante. Bon dimanche et bisous
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D
Un grand bonjour - J'ai visité l'abbaye de Citeaux. Merci pour ce reportage fort bien imagé - daniel10
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M
hummm, merci de ce beau partage, bisous
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R
Merci beaucoup pour tes explications qui donne du coup vraiment vie a tes clichés. Bisous bon weekend
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C
bonjour Manou<br /> ces panneaux sont nécessaires car les ruines sont bien avancées et c'est bien dommage, peut-être qu'un effondrement permettra de trouver le trésor !<br /> Pour les carrières évite les W.E., les vacances, là c'est bien et l'idéal en semaine et à l'ouverture le matin ! à l'ouverture sur le parking devant l'entrée il y a des places, payantes depuis cette année ! il faut prévoir une laine à l'intérieur)<br /> bisous
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M
Vraiment curieux cet histoire de trésor que personne n'a encore jamais découvert ! La Révolution a malheureusement fait beaucoup de dégâts à cette époque là ! Un lieu vraiment chargé d'histoire qui mérite que l'on y fasse une petite escale !<br /> Passe un bon weekend, bien frais en ce moment avec ce mistral.<br /> Bisous.
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C
ainsi en était il, la religion en ces temps là véhiculait foi et richesses, je suis toujours étonnée de la "vigilance" du peuple français à entretenir ce passage de votre passé, il est vrai que notre "jeune Belgique" à eu beaucoup moins de raison à entretenir cette image d'un passé qui n'était pas sien, chez nous les églises vidées de leurs ouailles finissent en appartements pour loger les gens ...<br /> j'apprécie ton reportage .<br /> amitié
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F
Bonjour Manou<br /> <br /> Après la chute de l'empire Romain en 476, suivie de la période sombre du haut Moyen-âge ce sont les clercs et les moines qui prennent possession des terres pour y créer ces lieux de vie uniques consacrés à la prière mais aussi aux activités physiques. Défricheurs , agriculteurs mais aussi bâtisseurs, ces moines déploient une immense activité à la fois économique et culturelle.. <br /> Ces îlots de Culture où l'on prie et travaille (Ora et Labora) sont le vecteur de civilisation qui prendra le pas sur la féodalité et les conflits opposant les seigneurs incultes et guerroyeurs. <br /> <br /> L'abbaye de Mazan dont tu nous détailles la prodigieuse histoire s'inscrit bien dans cette perspective avec une communauté religieuse parfaitement organisée. On ne soupçonne pas l’importance et l'influence qu'avaient toutes ces abbayes implantées sur le sol de France. Par leur rayonnement elles sont le ferment de notre histoire.<br /> <br /> Quand on découvre toutes ces ruines comme posées sur ce tapis de verdure on éprouve non pas de la tristesse mais une sérénité proche du recueillement.. <br /> Merci pour ce beau reportage photo qui nous plonge dans cette intimité historique.<br /> <br /> Sur la dernière photo qu'est-ce donc ces traces de peinture jaunes sur les pierres ?<br /> <br /> Amitiés
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M
Merci pour ton commentaire. Les traces de peinture jaune dorée, je les ai expliqué dans mon précédent article (https://www.bulledemanou.com/2024/08/l-abbaye-de-mazan-2/balade-en-ardeche-3.html). Tu sauras tout !! Bon weekend
P
J'aime visiter les châteaux et les abbayes. Les ruines donnent un charme particulier à ces lieux, ça me plait beaucoup. <br /> Merci pour cette visite en photos et bon weekend à toi.
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L
Bonsoir Manou,<br /> Merci pour tous ce détails intéressant. As-tu cherché le trésor? Bonne soirée et bon WE. Bisous. Huguette
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R
Bonjour Manou,<br /> Merci pour toutes ces explications, très intéressant ; il y a de l'histoire ..<br /> c'est bizarre que le trésor ne soit pas encore trouvé !!!<br /> j'en ai visité une abbaye dans cet état !! j'ai dû mettre les photos sur mon blog.<br /> Je te souhaite un bon E.W. bises
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B
Comme à ton habitude un excellent reportage photos !<br /> Je te souhaite une agréable fin de semaine Manou.<br /> Bisous.<br /> Bernadette.
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J
Merci pour ce passionnant reportage, très bien documenté
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M
C'est un très bel endroit, je trouve. Et émouvant : quand je visite une abbaye, qu'elle soit encore debout et habitée ou en ruines, je pense aux hommes et aux femmes qui ont choisi ce lieu il y a des centaines d'années pour y vivre et prier. <br /> Bon week end.
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L
Merci pour ces explications. Bien malheureux que ce soit t devenu des ruines. Bisous
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M
Bonjour Mano,<br /> il n'en reste que des ruines (romantiques à souhait) mais merci pour l'histoire de cette abbaye.<br /> Bises.<br /> Bon après-midi,<br /> Mo
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B
Des photos superbes de ces ruines.<br /> Merci pour ta très belle balade<br /> Bisous Manou et bonne fin de semaine
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F
Bonjour, c'est dommage qu'elle soit en ruines; le trésor des moines, c'est un peu comme la chouette en or ! beaucoup de parisiens ont fui Paris pendant les JO,mais l'ont regretté quand ils ont vu l'ambiance de folie ! ce sui fut bénéfique pour la fréquentation des jeux paralympiques, je te souhaite un bon week end, bisous
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