Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Silvère fut bouleversé par le propos de son copain : ce grand pays, la France, capable de produire la bombe atomique, de construire de belles infrastructures de transport, d'électrifier ses lignes de chemin de fer, était dans la nuit de l'obscurantisme, et du déni en matière d'éducation sexuelle, de santé publique.
Alba, adolescent décidément critique et très perspicace pour son âge, avait ajouté qu'un nombre très élevé d'avortements clandestins avaient lieu en France, estimés à plusieurs centaines de milliers.
Le roman débute en novembre 2021. Le candidat Eric Zemmour annonce sa candidature à la télévision. Silvère Ripert est devant le petit écran et pour se remettre de sa surprise, il écoute religieusement son discours. En effet, il ne partage pas "ses vues sur la société, la place des femmes, l'immigration, la religion catholique"... Mais il est aussitôt frappé par le thème obsessionnel de son propos : la nostalgie des temps anciens, le fameux "c'était mieux avant" !
Dans la nuit, agité, il fait trois rêves qui le transportent dans le passé, lui faisant explorer de nouveaux métiers et vivre de nouvelles expériences.
Dans le premier rêve, il redevient un jeune adolescent au tout début des années 60. Il est alors lycéen au Lycée Condorcet de Paris. Le franc vient de devenir "nouveau", ses parents sont très partisans du progrès avant tout, les anciennes colonies françaises veulent retrouver leur indépendance. En pleine adolescence, tout cela ne le concerne que de très loin. Lui ce qui l'intéresse, c'est la musique (le rock et le jazz), les filles, les boums, et la révolution sexuelle !
Dans le second rêve, nous plongeons dans les années 80. Silvère est devenu banquier et a réussi à avoir des responsabilités en suivant des cours du soir. Sans se poser de questions, il profite à fond de ces merveilleuses années durant lesquelles le libéralisme et le culte de l'argent priment sur tout le reste. De nombreux progrès technologiques ou sociaux, comme le minitel par exemple, la cinquième semaine de congés payés et la réduction de la semaine de travail, font leur apparition. La peine de mort est abolie et Pivot à la télé donne envie de dévorer les livres. Mais malgré les apparences, tout n'est pas rose pour autant, une étrange maladie pointe son nez entre autres événements qui vont bouleverser les années à venir...
Dans le troisième rêve, nous sommes à l'aube des élections présidentielles de 2002. Lionel Jospin attend le résultat du premier tour. Silvère Ripert est désormais journaliste et couvre l'événement...Les résultats tombent et stupéfient la France entière.
Rien ne sera plus jamais comme avant !
L'histoire fonctionnait-elle ainsi ? Par à-coups, par des phases de régression plus ou moins prolongées, ou d'ouverture et de renaissance ?
Vous l'aurez compris le sujet de ce court roman à la fois social, politique et historique, est de démontrer que rien n'était mieux avant... et que vivre dans le passé est une fausse piste car bien entendu, si nous portons souvent un regard indulgent et plein de tendresse sur notre jeunesse et nos années de jeunes adultes, c'est parce que les souvenirs sont idéalisés et donc ne correspondent pas du tout à la réalité. Ce serait donc tomber dans la facilité que de penser que "c'était mieux avant".
C'est un roman qui se lit quasiment d'une traite. C'est un prétexte à nous faire réfléchir à ce sujet tout en nous proposant de repartir dans le passé pour nous souvenir des principaux événements de ces décennies passées.
J'ai trouvé intéressant de reconstituer dans les 80 pages de ce roman, l'évolution de notre société. Si j'étais trop jeune au début des années 60 pour me rappeler de tout, j'ai eu par contre, beaucoup de plaisir ensuite à me plonger dans ce texte vivant et agréable à lire, d'autant plus que les événements sont vécus en rêve, par un personnage qui nous devient de plus en plus sympathique au fil de l'histoire.
J'ai été contente de retrouver la plume concise mais très imagée de l'auteur, son propos toujours fluide et bien écrit, son amour de l'histoire et ses descriptions précises des évènements qui nous remettent en mémoire des détails oubliés.
C'est cela aussi qui frappa Silvère au réveil : la nostalgie, cette tentation facile, était déjà éprouvée dans ce passé regardé comme plus agréable à vivre, plus harmonieux. Était-elle une compagne permanente de l'être humain, une bouée de secours à utiliser pour braver les forces contraires...
De l'auteur, rencontré sur Babelio, j'ai déjà lu et présenté sur mon blog
L'espérance en sursis, présenté ICI
Triplicata, suivi Des vies en abymes, présenté ICI.
Je le remercie beaucoup pour sa confiance et l'envoi de son dernier roman en service de presse.
Bonne lecture à tous !