Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Le prénom d'Erwan, resté gravé en elle, rouvre la cicatrice indélébile d'une trop brève passion qu'elle avait naïvement crue partagée et dont la rupture, inévitable et brutale, avait pris la forme d'une disparition sans explication, d'un abandon sans excuse. Rien que le vide, qui tue plus que les mots.
Martine Lefèvre, sexagénaire divorcée, tombe par hasard au fond d'un carton sur une lettre jamais ouverte qui lui était adressée. Elle a été écrite par son premier amour de jeunesse qui avait subitement disparu de sa vie sans explication après leur baccalauréat. Il lui donne un étrange rendez-vous...
Sans attache car éloignée de ses enfants qui la tiennent à distance, elle décide sur un coup de tête de disparaître afin de tenter de retrouver Erwan. Abandonnant sa propre sœur qui est placée en institut, sa famille qui ne prend jamais de ses nouvelles, son appartement et sa vie, elle va tenter de retrouver d'abord Mélanie, la sœur d'Erwan dont elle était amie, pour comprendre enfin, des décennies plus tard, les raisons cachées de leur départ précipité. Puis son voyage l'emmènera de la Suisse vers les bords de la mer méditerranée, à Seillans, où elle va croiser de belles personnes qui vont l'aider à enfin se retrouver.
Mais c'est sans compter sur la pugnacité de Karine, sa fille, récemment devenue maman, qui elle-aussi remonte le temps et cherche à comprendre son silence prolongé...
Celle qu'ils avaient si brutalement rejetée vient de les renier à son tour. En douceur. Sans éclats de voix. Sans colère. Par son silence, par son absence, leur mère les rend tout simplement orphelins.
Ce court roman facile à lire d'un auteur provençal, vivant près d'Aix-en-Provence, a été une belle surprise pour moi.
D'abord il est bien écrit d'une plume alerte et fluide et la couverture est très jolie. Ensuite les personnages sont attachants et même si je ne me suis pas du tout identifiée à l'héroïne qui a eu une vie qui ne ressemble pas du tout à la mienne, tout dans ses propos sonne juste.
Le temps d'une année, de l'automne à la fin de l'été suivant, le lecteur suit son voyage vers le passé. Les souvenirs d'un autre temps resurgissent : l'éducation stricte donnée par ses parents, habituelle à l'époque, l'adolescence, les études, l'engagement dans le mariage, puis la naissance des enfants...les rêves et les déceptions, les petits bonheurs du quotidien.
Le sujet a été déjà traité, c'est vrai, mais c'est avec beaucoup de délicatesse que l'autrice nous fait vivre les retours en arrière de l'héroïne, en parallèle de sa vie présente, des belles rencontres qu'elle va faire et de son évolution personnelle.
Ce roman est court, 130 pages à peine. Il nous fait découvrir de belles personnes, nous parle d'amitié, de générosité, de partage. Il nous parle aussi des relations familiales et des valeurs qui s'y rattachent, ainsi que bien entendu, vous vous en doutez, d'amour. Cela ne se refuse pas, car c'est un roman résolument optimiste et qui fait du bien.
Vous trouverez du même auteur, présenté sur mon blog "La belle époque de Mathilde et Jeanne", ICI.
Elle plaide non coupable. Dans les rôles d'épouse et de mère, elle s'est perdue, noyée. Elle s'est donnée toute entière. En retour, pas un gramme d'affection ou de tendresse...
Les souvenirs sont des boomerangs. Même lancés le plus loin possible, ils vous reviennent toujours en pleine face au moment le plus inattendu...