Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Nous avons tenu à aller faire un tour, un dimanche d'août très chaud, au marché aux livres et aux vinyles organisé dans le bourg de Siaugues-Saint-Romain où nous n'étions jamais allés, bien qu'il en soit à sa sixième édition. Il est organisé chaque année par l'équipe de la médiathèque du village et la municipalité.
Il y avait de nombreux bouquinistes professionnels, des disquaires, ainsi que des particuliers proposant leur propre bibliothèque. La médiathèque avait organisé une petite exposition dans ses locaux. Et des éditeurs et des auteurs étaient réunis pour présenter leurs livres sous un chapiteau.
La petite commune de Siaugues-Sainte-Marie qui résulte de la fusion en 1974 entre Siaugues-Saint-Romain (le bourg actuel) et Sainte-Marie-des-Chazes, est connue pour son château en ruine que je vous ai fait visiter ICI et pour la chapelle Sainte-Marie des Chazes que vous pouvez revoir ICI. Sur la commune se trouve aussi la Durande, où nous avons souvent fait des randonnées comme ICI et ICI, ainsi que le marais de Limagne ICI d'une grande richesse au point de vue de la biodiversité.
Nous passons souvent dans le bourg, mais n'avions jamais pris le temps de le visiter. Il a pourtant une jolie petite église.
La manifestation se tenait près de la mairie et sur des placettes devant la médiathèque. Mes photos ne reflètent pas du tout le nombre de stands car j'ai en réalité oublié d'en faire, je n'avais que mon téléphone portable et surtout j'étais bien trop occupée à fureter dans les bacs. La montée devant la mairie était occupée par les particuliers et trois placettes successives, par les professionnels.
Voici l'intérieur de la médiathèque.
Une exposition (photos, reportages et ouvrages) sur Maurice Fombeure, un poète connu aujourd'hui décédé, rappelait aux visiteurs que celui-ci venait souvent en villégiature dans le village avec sa femme Carmen, elle aussi poétesse, native du village, dont le nom de plume est Carmen Oriol (nom de sa grand-mère maternelle). Une rue porte leur nom "Carmen et Maurice Fombeure".
Vous pouvez découvrir sa biographie sur le site qui lui est consacré et certains de ses textes ainsi qu'une bibliographie complète de ses oeuvres, en cliquant ICI.
Voici quelques poèmes parmi les plus connus. Les poèmes ci-dessous ont été mis à disposition du public sous forme de copie, lors de la journée. Certains ont fait l'objet d'une lecture à voix haute. Le dernier est de sa femme.
Les écoliers
Sur la route couleur de sable
En capuchon noir et pointu,
Le « moyen », le « bon », le « passable »
Vont à galoches que veux-tu
Vers leur école intarissable.
Ils ont dans leur plumier des gommes
Et des hannetons du matin,
Dans leurs poches, du pain, des pommes,
Des billes, ô précieux butin
Gagné sur d'autres petits hommes.
Ils ont la ruse et la paresse
– Mais l'innocence et la fraîcheur –
Près d'eux les filles ont des tresses
Et des yeux bleus couleur de fleur
Et de vraies fleurs pour la maîtresse.
Puis les voilà tous à s'asseoir
Dans l'école crépie de lune,
On les enferme jusqu'au soir
Jusqu'à ce qu'il leur pousse plume
Pour s'envoler. Après, bonsoir !
Ça vous fait des gars de charrue
Qui fument, boivent le gros vin,
Puis des ménagères bourrues
Dosant le beurre et le levain.
Billevesées, coquecigrues,
Ils vous auront connues en vain
Dans leurs enfances disparues !
Maurice Fombeurre, "Pendant que vous dormez" 1953.
Poème (extrait) de Maurice Fonbeure en hommage à sa femme
...
Celle que j'aime est un ruisseau
Qui me caresse de sa course
Celle que j'aime est un berceau
où je m'endors au bruit des sources.
Celle que j'aime est un rosier
Dont je voudrais cueillir la rose
Celle que j'aime est un brasier
qui me purifie de toute chose.
Celle que j'aime est un roseau
qui me courbe sous ses bras frêles,
Celle que j'aime est un oiseau
Sa voix c'est du soleil qui grêle
Celle que j'aime est une aurore
qui me sépare de la mort.
Printemps de la nuit
En cette nuit d'Avril où j'attends le sommeil ;
Je vois, comme s'il me fallait mourir
Une campagne sous la lune.
L'odeur des tilleuls est celle du premier amour,
Et leur dôme ressemble à celui des montagnes.
Cette route est la plus ancienne ;
la route de nos premiers pas.
C'est la plus lisse, la plus bleue.
Celle des promenades après le mois de Marie,
- le premier bouton de rose sur un corsage plat de fillette,
celle où les près ont tant de narcisses
que leur parfum semble l'odeur même des étoiles.
Si l'on clôt les paupières, on entend respirer les herbes,
et l'on sent - la nuit est douce-
des présences, comme une évidence.
Nous portons nos amours comme une femme enceinte
qui re(n)ferme ses mains sur le cœur d'un enfant.
Pourquoi être surpris devant ces paysages
qui nous troublent parfois comme de chers visages
que nous reconnaissons sans les avoir connus...
Ceux qui nous aimaient nous ont portés sans doute toute une nuit d'été,
dans un pays où seule la campagne était endormie.
Carmen Oriol Fombeure
C'est avec cette fontaine toute simple qui se trouve devant l'église que se termine mon article du jour. J'aimerai prendre le temps de visiter plus longuement cette petite commune, visiter le bourg mais aussi les petits hameaux alentours, découvrir l'église, chercher le four banal, peut-être le lavoir, s'il y en a un. Ce sera pour un autre séjour, il faisait bien trop chaud ce jour-là !
Prochainement, je vous présenterai deux auteurs qui étaient présents sous le chapiteau.