Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Les puissantes dépressions de l'automne défilaient sur l'Atlantique Nord, traversant l'Islande avec leur lot de pluies et de tempêtes qui faisaient baisser les températures. Depuis que Konrad était à la retraite, les journées lui semblaient deux fois plus longues, surtout en cette saison. le monde était comme en apesanteur. Les minutes s'étiraient et devenaient des heures, le temps avançaient lentement, libéré du carcan des habitudes.
"Ce que savait la nuit" est le premier opus d'une nouvelle série qui met en scène Konrad, un ancien policier désormais à la retraite. Très vite celui-ci va être happé voire même obsédé par son passé : l'assassinat de son père dont il n'a jamais trouvé le commanditaire, le décès de sa femme d'un cancer qui le laisse dans une affreuse solitude, et de plus, une ancienne affaire non résolue qui resurgit.
En effet, le corps de Sigurvin, porté disparu depuis trente ans, est retrouvé sur le glacier de Langjökull, rejeté par la fonte des glaces. Hjaltalin, son associé de l'époque qui avait été inculpé puis blanchi et qui n'a jamais cessé depuis de clamer son innocence, est arrêté de nouveau et du fond de sa cellule, il demande à parler à Konrad. Rien de nouveau ne verra le jour, sauf pour Konrad l'envie de s'y remettre pour résoudre cette mystérieuse affaire. D'autant plus qu'une jeune femme vient le trouver un soir à son domicile, pour lui demander de l'aide. Son frère a été tué un soir de tempête par un chauffard qui ne s'est pas arrêté pour lui porter secours. Elle est persuadée qu'il s'agit d'un assassinat, son frère avait en effet, alors qu'il était un tout jeune garçon, croisé l'assassin présumé de Sigurvin, il en était persuadé et en a parlé autour de lui.
Il n'en faut pas plus pour que Konrad replonge dans cette enquête, aidé par Marta, chef de la Criminelle de Reykjavík, qui sait qu'il peut apporter beaucoup à ses collègues débordés.
De rebondissements en rebondissements, il faudra attendre la toute fin du roman pour trouver le véritable coupable.
Sans qu'aucun événements particulier ne l'y pousse en dehors du passage du temps, Konrad s'était mis à rassembler les fragments de son existence pour en reconstituer le puzzle. Certains morceaux s'adaptaient mal à l'ensemble et d'autres, parmi les plus importants, manquaient à l'appel. Ce puzzle était incomplet et de grandes zones demeureraient à jamais vides.
Bien que blessé par les propos qu'elle avait tenus, Konrad n'essaya pas de défendre son père. C'était inutile. Il avait entendu d'autres gens bien plus virulents. Il s'étonnait cependant de la violence des sentiments et des réactions que cet homme suscitait si longtemps après sa mort.
Ce qui est intéressant avec Indridason, c'est que les personnages méritent d'être connus. L'intrigue en elle-même est celle plutôt classique d'un polar si ce n'est qu'elle se déroule en Islande, un pays magnifique que nous visitons avec grand plaisir en lisant ce roman.
Tous les personnages ont des secrets bien gardés et s'adonnent un peu trop souvent à l'alcool pour oublier les affres de leurs existence, leur pauvreté, leur solitude.
Et si la vie privée de Konrad interfère assez souvent avec l'enquête, cela ne m'a pas ennuyée une seule seconde. Ses souvenirs d'enfance dans le quartier des ombres, son handicap qui lui a valu d'être harcelé et devenir violent...
L'enquête prend son temps pour se mettre en place, mais j'ai pris du plaisir à découvrir ces personnages tous plus humains les uns que les autres, attachants et que l'on est heureux finalement de mettre hors de cause et d'aider à panser leurs plaies ravivées par cette étrange affaire.
Dans tous les romans d'Indridason, le lecteur découvre des êtres meurtris par la disparition d'un être cher. il aime leur faire remonter le passé pour trouver un chemin de guérison.
Ce roman n'a rien à voir avec la série Erlendur que je n'ai d'ailleurs pas lu en entier, mais comme dans toutes les séries écrites par l'auteur, tous les romans peuvent se lire séparément.
On apprend quelques éléments de l'histoire de l'Islande, en particulier le mal occasionné par l'effondrement économique de 2008, qui a plongé des tas de gens dans la misère, mais le centre de l'histoire est basée sur les gens, leur petite vie étriquée, leurs rêves déçus ce qui donne parfois une ambiance triste et froide, comme l'hiver en Islande.
Vous pouvez aller lire l'avis de Zazy ICI.
De l'auteur j'ai lu et présenté sur mon blog la trilogie des ombres :
- "Dans l'ombre", présenté ICI
- "La femme de l'ombre", présenté ICI
- et "Passage des ombres", présenté ICI. dans lequel on avait déjà croisé Konrad.
J'ai lu aussi "Opération Napoléon", un roman indépendant, présenté ICI.
Enfin je n'ai lu qu'un seul des titres des aventures d'Erlendur Sveinsson, une série qui comprend 14 tomes : il s'agit des "Nuits de Reykjavik", présenté ICI. Il serait temps que je m'y mette sérieusement, mais je vais poursuivre d'abord la série commencée avec celui d'aujourd'hui.