Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Ainsi donc, dans le climat de désordre, de désobéissance et de chaos qui régnait aux Etats-Unis, on avait réussi à faire taire la voix de la mauvaise conscience de l'Amérique. C'était un symbole que l'on venait d'abattre et j'étais convaincue que le pasteur serait bientôt un mythe...
Je me doutais que la philosophie de Luther King triompherait, mais le chemin, je le savais, serait long et tortueux.
Voici aujourd'hui la présentation du tome 3 de la saga commencée ICI avec "Les déracinés" et poursuivie ICI avec "L'Américaine".
Dans ce troisième tome, nous allons suivre à présent la vie de la famille Rosenheck entre 1967 et 1979. Ruth est toujours au centre de l'histoire familiale.
La perspective de vivre et de vieillir à ses côtés me paraissait infiniment douce et rassurante. Je pouvais lui confier les sentiments secrets que j'avais parfois du mal à m'avouer à moi-même, mes lâchetés, mes incertitudes, mes incohérences. J'acquis peu à peu la conviction qu'il faisait ressortir ce qu'il y avait de meilleur en moi.
Ruthie après avoir longtemps galéré, revient à Sosúa avec sa fille, la petite Gaya. Elle sait à présent qu'elle a fait le bon choix de revenir vers sa terre natale, mais ne regrette pas ce qu'elle a vécu ces dernières années. Aidé par Markus le grand ami de son père, toujours proche de la famille, elle compte bien remettre sur les rails le journal local créé par Wil, ce qui s'avèrera plus compliqué que prévu.
Alors qu'Arturo revient au pays pour la revoir et et pour enfin voir Gaya qui est sa filleule, Ruth fait la connaissance de sa famille et de son frère Domingo, un médecin très engagé dans son pays. Elle va tomber amoureuse. Arturo est heureux car il a enfin trouvé l'amour (je ne vous dirais pas avec qui). Il accepte son homosexualité qu'il ne cache plus au grand jour, et fait des projets d'avenir avec courage.
La vie à présent sourit à Ruth et avec Domingo et leurs enfants, ils vont bâtir un bonheur solide dans ce pays qu'elle aime tant. Almah est toujours très présente auprès d'eux.
Les événements dans le monde se succèdent nous plongeant dans ces années parfois lointaines ou oubliées. Martin Luther King vient d'être assassiné mais le racisme est toujours très présent. Les hommes s'apprêtent à marcher pour la première fois sur la lune. La guerre du Vietnam continue à diviser le monde. Tandis que la guerre des six jours est un tournant majeur dans les relations entre Israël et les pays arabes. Enfin, la fin de la dictature dominicaine approche à grand pas.
C'est alors que Ruthie décide de faire revenir sur l'île son amie d'enfance, Lizzie, pour tenter de la guérir de ses démons, car elle s'est tournée vers le mouvement hippie et abuse des drogues...
C'était une des mille choses que j'aimais chez lui. Domingo me comprenait à demi-mot et prenait toujours les décisions qui allaient dans mon sens sans que j'aie à les formuler.
Il y avait aussi toutes ces choses que j'étais fière de lui apprendre. Comme savourer le moment suspendu quand la nuit tombait silencieusement avant le début du concert nocturne, déchiffrer les chants de la nuit...
C'était la première fois qu'Almah se sentait prise au dépourvu. Cela ne lui ressemblait pas, elle qui avait toujours su se sortir de situations compliquées, elle qui n'avait jamais eu sa langue dans sa poche, elle qui trouvait toujours la réplique qui faisait mouche. Mais là, rien...
Cette fillette lui en rappelait étrangement une autre.
C'est encore une fois un tome qui se lit vite tant les personnages sont présents et attachants. Une fois tombé dans ses filets, le lecteur n'a qu'une envie, poursuivre l'aventure et les vacances d'été ont été un excellent moment pour le faire et se laisser porter par cette lecture.
J'ai apprécié davantage ce tome 3 que le 2. Et pour l'instant c'est le 1 qui reste mon préféré.
L'auteur sait encore une fois parfaitement mêler la vie quotidienne de cette famille et la Grande Histoire. Personnellement, je connaissais la plupart des événements décrits dans le roman, sans toutefois me rappeler de tous les détails, mais il faut noter que j'ai appris beaucoup de choses que je ne savais pas sur la République dominicaine et sa dictature.
Les personnages secondaires sont bien présents et leur caractère approfondi avec succès et beaucoup de finesse psychologique. Le premier tome était vraiment axé sur Almah et Wil, leur exil et leur lutte pour rebâtir leur vie, le second sur Ruth et sa difficulté à se trouver en tant que fille d'immigré. Le troisième nous permet de mieux comprendre la vie de la nouvelle génération qui grandit et vit différemment, ne s'éloignant finalement que très peu de l'histoire familiale.
Gaya va évidemment beaucoup nous surprendre dans ce tome qui va la voir grandir, elle qui ne connaitra jamais son père, va vouloir elle-aussi se rapprocher de ses racines et faire connaissance avec son grand-père.
Ce tome est axé sur Ruth, son amour pour Domingo, ses ressentis et sa vie de famille mais l'auteur à travers son histoire personnelle nous parle avant tout de l'importance de la relation mère-fille (Ruth et Almah, Ruth et Gaya). Almah est toujours très présente pour aider ses petits-enfants à grandir et trouver leur place dans le monde. Des dialogues très émouvants nous permettent de nous sentir très concernés par leur histoire familiale.
Le roman est plaisant et reste une lecture intéressante, à la fois intelligente et dépaysante et ma foi, assez romanesque finalement pour ce tome, ce qui ne fait pas de mal et donne envie de poursuivre la série.
Je me dis qu'il ne fallait brusquer le destin, que c'était bien ainsi. Ce faisant, je compris que je commençais à adopter la philosophie d'Almah qui avait toujours considéré que les choses arrivaient quand elles le devaient.
Bientôt ceux qui ont fait l'histoire de notre communauté ne seront plus que des noms oubliés au bas des pages jaunies d'un accord qui aura tout juste sa place dans un musée, soupira Almah. Comme le temps passe !