Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Chaque fois que je prononce son prénom pour moi, une goutte de miel coule sur mon cœur et je m'émerveille -Mitsurô, "l'enfant du miel" : cela lui va comme un gant. Sans doute qu'à sa naissance, ses parents lui ont souhaité une existence lumineuse comme le miel, un doux voeu qu'ils ont confié à son prénom.
Attention ! A ne pas lire si vous comptez découvrir le premier opus "La papeterie Tsubaki", présenté ICI.
Comme nous le dit si bien Hatoko (surnommée Poppo par ses proches), parfois la vie change en un clin d'œil. Elle le sait bien, elle qui vient de se marier en toute discrétion avec Mitsurô, le père de QP, le jour même de l'entrée de la petite fille à l'école primaire.
La vie continue pour l'instant séparément, car Hatoko habite toujours l'appartement qui jouxte sa petite papeterie et Mitsurô s'occupe de son bar qui ne marche pas vraiment bien. QP fait le chemin entre ses deux maisons et elle s'attache de plus en plus à Hatoko qui elle-aussi ne peut plus se passer de sa présence à ses côtés, et découvre les joies de la maternité mais aussi les inquiétudes et les questionnements qui vont avec.
Kamakura est une petite ville agréable. Le travail d'écrivain public demande beaucoup de minutie, d'écoute, de patience et de temps. Hatoko continue son œuvre et va rencontrer une nouvelle fois des personnes extraordinaires comme par exemple Takahiko, un jeune garçon de 12 ans malvoyant qui veut qu'elle écrive une lettre pour remercier sa mère de son aide ; celle qu'elle va surnommer la "Cléopâtre nippone" qui veut répudier son mari après 30 ans de mariage, mais le mari vient à la papeterie ce qui complique la situation, lui-aussi veut communiquer avec sa femme par l'intermédiaire de Hatoko ; ou encore la belle "Fuji" qui est amoureuse du grand Yasunari Kawabata et veut que celui-ci (sous la plume de Poppo) lui écrive des lettres jusqu'à la fin de sa vie, une vie qu'elle veut terminer toute seule, dans une maison de retraite.
Un jour QP lui demande de lui apprendre la calligraphie. Hatoko se retrouve plongée dans le passé lorsque sa grand-mère l'obligeait à apprendre les bases et qu'elle avait plutôt envie d'aller jouer au-dehors !
En plus de ces heures d'apprentissage, elles préparent le goûter ensemble, vont cueillir des plantes dans la forêt ou dans le jardin.
La vie est douce...et des projets vont changer le cours des choses puisque Mitsurô va ouvrir un restaurant mieux placé que son bar, et tous trois vont finir par partager le petit appartement qui jouxte la papeterie : les voilà réunis. Hatoko qui vit tout cela pour la première fois de sa vie, a beaucoup à apprendre de cette vie familiale commune. Elle s'émerveille des mille petits riens qu'elle découvre et apprend à les recevoir comme autant de cadeaux que lui fait la vie.
L'écriture n'est pas qu'une question superficielle de beauté ou de laideur, ce qui compte, c'est le cœur qu'on y met. De la même façon que le sang coule dans nos veines, si l'écriture exprime sincèrement nos intentions, le destinataire le sent. J'en suis convaincue.
Parce que de la même façon que les humains ont une âme, les mots en ont une à eux. Alors pourquoi pas une cérémonie pour les envoyer au paradis ?
Nous sommes donc encore une fois au Japon. Comme dans "La papeterie Tsubaki" auquel ce roman fait suite, le lecteur retrouve la plume emplie de tendresse et de légèreté de l'auteur et la douceur de vivre.
Il y a certes des événements difficiles à vivre comme la réapparition de la mère d'Hatoko, qui l'avait abandonnée, la nouvelle de la maladie du Baron qui vient d'être papa d'un joli petit garçon avec Panty dont nous avons fait connaissance dans le roman précédent, et autres, mais Hatoko cultive le bonheur de vivre.
Elle tente d'appliquer à sa propre vie ce qu'elle met en place en tant qu'écrivain public et nous offre encore une fois une belle leçon, emplie de poésie, de délicatesse et de sensibilité.
Le lecteur ne peut que s'émerveiller lui-aussi de ces petits riens qui rythment leur bonheur quotidien.
Je retiendrais particulièrement, la coutume des vœux pour la fête des étoiles, chacun devant écrire son voeu sur une feuille de papier coloré, découpée à l'identique de celle du mûrier de Chine, entre autre, mais aussi l'Adieu aux lettres...
J'ai trouvé émouvantes aussi les pages où Miyuki, la maman de QP qui est décédée, est évoquée...elles font partie des plus belles pages du roman.
Un roman qui est aussi poétique donc que philosophique, une ode au partage, à l'amour inconditionnel, à la gentillesse et au bonheur dont nous sommes les seuls responsables finalement.
Un livre qui encore une fois est assez contemplatif mais nous fait du bien.
Bon week-end à tous !
ça ne vous ferait pas plaisir de découvrir un jour, un avion en papier dans votre boîte aux lettres ? Les gens seraient surpris. Et si cela illuminait un peu leur journée, ce serait un petit mais chaleureux cadeaux de notre part.