Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Nous allons terminer aujourd'hui la découverte du village de Ponet, commencée ICI (pour le village), ICI (pour l'église et le temple) et ICI (pour l'environnement) sur le blog, en découvrant une culture traditionnelle de la région.
Entre 1750 et 1850, la culture du chanvre était très fréquente dans la région du Diois et tout le Dauphiné, tout comme en Bretagne et dans le Limousin.
Le chanvre était utilisé depuis le XIIe siècle pour fabriquer de la pâte à papier, et pour tisser des étoffes qui servaient à confectionner des vêtements de travail et des draps. Il servait également à fabriquer des cordages pour les bateaux.
Les graines de chanvre (ou chenevis) étaient semées au printemps. Au bout de deux mois, la plante atteignait deux à trois mètres de hauteur. On le récoltait alors et les plants étaient mis à sécher, étalés tout d'abord dans le champ, puis réunis en bottes, encore appelées poignées ou javelles selon les lieux. En altitude, ces bottes étaient laissées sur place pendant quelques jours et retournées tous les jours, afin que la fermentation commence, sous l'effet de la chaleur du soleil, et de l'humidité de la nuit.
On les transportait ensuite jusqu'à un bassin ou un étang pour les immerger dans l'eau. De cette étape de fermentation, appelée le rouissage, dépendait la qualité de la fibre.
C'est à la sortie du village, en suivant la petite route que nous avons emprunté dernièrement, que l'on arrive à la Rue du Routoir. Je l'avoue je ne connaissais pas du tout ce terme, mais celui de Rouissoir ou Roussoir.
Le Routoir est bien visible au bord de la petite route.
Cet ancien bassin servait donc à mettre à tremper les tiges de chanvre. Pour les empêcher de remonter à la surface, et donc leur permettre d'être totalement immergées dans l'eau, on les disposait en couches croisées et on les retenait avec des pierres.
La fermentation permettait de dissoudre la gomme qui collait les fibres à l'écorce, étape cruciale du rouissage qui a donné son nom de routoir, au bassin.
Au bout de quinze jours, on mettait les tiges à sécher, puis on les écrasait pour retirer les fibres.
Celles-ci étaient alors soit filées par les femmes (au rouet) et servaient ensuite à la fabrication de tissus, soit envoyées dans les fabriques de cordes ou de voiles.
Le bassin, divisé en deux parties a été construit au début du XIXe siècle en dessous d'une source active. Il ne figure pas sur le cadastre napoléonien de 1823 parce que les installations agricoles n'y étaient pas mentionnées. Mais une pierre trouvée enfouie sur le site porte la date de 1844.
Le routoir était alimenté par une fontaine à trois niveaux qui était totalement enfouie au milieu des pierres. La source est aujourd'hui tarie.
L'eau partait du niveau supérieur, de la fontaine donc, et remplissait un premier bassin, peu profond, appelé le "lavoir" qui était couvert par une toiture comme l'attestent la présence d'un pilier et de tuiles, découverts sur les lieux.
Elle suivait ensuite une rigole qui se divisait en deux pour remplir les deux parties du bassins.
L'invention de la machine à séparer les graines de coton de leurs fibres, fit chuter le prix de la toile de coton qui peu à peu détrôna, la toile de chanvre.
A noter, le lin était traité de la même manière, mais j'ignore si c'était le cas dans la Drôme où on le cultivait aussi.
Bravo aux bénévoles de l'association locale "Ponet notre village" qui ont monté des dossiers dès 2012 afin d'obtenir des subventions, et de signer une convention avec le propriétaire qui accepte les visites sur sa propriété. Le routoir était envahi par les pierres et les arbres, la nature ayant repris ses droits. Bravo aussi aux stagiaires du Greta qui à deux reprises en 2013 et 2014, ont remonté et rejointé les murs du bassin. C'est en 2015, que les bénévoles de l'Association ont pu enfin dégager le lavoir supérieur, la fontaine, et bâtir un mur de soutènement. Actuellement, le routoir est régulièrement nettoyé et mis en valeur. Le seul bémol est qu'il ne pourra plus jamais être mis en eau.
[Toutes les informations contenues dans cet article ont été trouvées sur les panneaux pédagogiques, sur le site même].
Voilà notre découverte du village de Ponet est terminée, j'espère qu'elle vous a plu. Cette semaine, nous resterons encore un peu dans la Drôme pour admirer d'autres paysages, enfin, comme d'habitude...si vous le voulez bien !
En attendant votre visite sur les lieux, si vous désirez en apprendre davantage sur le patrimoine de ce joli village, je vous invite à cliquer sur le lien ci-dessous. Une fois arrivés sur le site, en cliquant sur chacune des images, vous aurez un complément d'information fort intéressant.