Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Et tant qu'on n'aura pas cette explication concrète, il y aura des gens crédules qui choisiront de penser qu'il y a une autre vie après la mort terrestre.
Sans doute parce que la disparition des gens qu'on aime, c'est ce qu'il y a de plus insupportable. Le choc affectif est énorme et on est totalement impuissant. Alors on s'invente une petite histoire, un conte de fées pour supporter la séparation.
Tout ça est au delà des mots.
Si j'écris dans ce cahier, c'est avec l'espoir de ne pas sombrer dans la folie.
Et pour ne plus entendre ma propre voix.
Nous sommes à la fin des années 90.
Elisabeth est au fond du gouffre. Son fils, son adorable Stéphane, son Fanou, vient de mourir sauvagement assassiné quelques jours avant ses sept ans. Son corps a été retrouvé dans le bois à côté de la maison.
Les deux coupables ont été arrêtés...mais elle n'y arrive plus, ne peut et ne veut plus dormir, ni vivre. Comment pourrait-elle accepter l'inacceptable ?
Elle n'arrive pas non plus à se faire aider, ni par sa mère avec qui elle a du mal à parler, et qui d'ailleurs garde aussi pour elle-même sa souffrance, ni par son mari qui prend les choses tellement différemment que cela est carrément révoltant, ni par le psychologie qu'on lui a conseillé de voir et auquel elle ne dit rien, pas un mot ni sur le drame, ni sur son ressenti personnel.
Tandis que le psy donne des consignes strictes pour que surtout elle ne sache rien des circonstances exactes du drame (donc du viol et des tortures subis par son petit garçon, et du fait que l'enfant est mort en tombant, en fuyant ses agresseurs...), elle tente d'en savoir davantage et arrive à ses fins. La révélation est terrible, elle est anéantir et ces images la hantent désormais sans relâche.
Parce qu'elle a accroché sa Golf, un jour de détresse, elle fait la connaissance d'un jeune homme...qui la sentant désemparée, va chercher à faire plus ample connaissance. Il se renseigne discrètement sur elle, apprend son histoire, et décide de devenir son amie, dans un premier temps.
Il s'appelle Franck. Il a eu lui aussi sa part de souffrance et de culpabilité, même si ce n'est en rien comparable à ce qu'Elisabeth vit à présent : ils se comprennent. Elle ne se décide pas à entamer avec lui une relation, tout est tellement douloureux pour elle, si présent dans ses pensées et elle souffre tellement, qu'elle se demande même si elle en a le droit, pourtant son corps et son cœur lui disent le contraire, d'autant plus que son mari l'abandonne lui-aussi...
Et puis, il y a ce procès qui approche et qui une fois là, sera si dur à vivre pour elle, ce jury entièrement masculin, ces assassins qui n'écoperont que de huit ans de prison...et auront un sourire de victoire. Et son petit garçon dans tout ça ?
Alors elle cède... mais leur amour suffira-t-il à lui faire accepter le verdict donné lors du procès ? Va-t-il lui faire oublier sa promesse ? Je ne vous en dirai pas plus !
La politesse voudrait que j'envoie quelques cartes de voeux, mais je n'en ai pas le courage. Pour souhaiter quoi ? Le bonheur ? La santé ?
Tout cela est tellement vain...
On a beau espérer des tas de choses pour des tas de gens, prier pour ceci ou cela, il arrive de toute façon des choses terribles, des événements sur lesquels on n'a pas prise. Sans doute parce que c'est inscrit dans notre parcours, parce que c'est comme ça.
Tout est écrit d'avance, on ne choisit rien. On subit, c'est tout.
J'ai lu dans une revue scientifique qu'à partir d'un certain stade de souffrance physique, des endomorphines sécrétées par le corps endormaient le cerveau, empêchant ainsi les nerfs de transmettre la sensation de douleur...
Cette courte fiction est parue pour la première fois aux Editions D'ici Là au Québec en 2008. L'éditeur ayant cessé son activité, il faut contacter l'auteur si vous désirez le lire. L'auteur l'avait écrit sous un pseudo, "Elisabeth K." qui est le nom du personnage principal, avec mentionné en sous-titre, "Le journal d'Elisabeth K.". J'espère de tout cœur qu'il n'a rien pour autant d'autobiographique.
Présentée sous la forme d'un journal intime, l'auteur y raconte donc comment la narratrice promet à son jeune fils qui vient d'être sauvagement assassiné, de le venger. Le journal démarre dans les années 90 pour se terminer en 2003.
J'ai trouvé que c'était un premier roman poignant avec une montée en puissance du suspense très bien menée. Il y a un équilibre parfait entre les moments émouvants qui nous prennent aux tripes durant lesquels cette jeune mère se débat pour s'en sortir, ceux où elle laisse remonter les souvenirs heureux, vécus avec son petit garçon ou sa fratrie, les scènes d'amour avec Franck qui bien entendu, allègent le récit, et le ressenti de la jeune femme par rapport à sa famille qu'il s'agisse de son couple, ou de ses relations avec sa sœur ou sa mère...
Les personnages sont tout à fait réalistes et décrits avec beaucoup de finesse par l'auteur.
La fin à laquelle bien évidemment le lecteur avait songé, nous surprend tout de même : d'autres issues étaient possibles et nous les espérions très fort.
L'auteur a une plume très agréable à la fois juste, sincère et grave mais sachant devenir plus légère quand c'est nécessaire. Les dialogues sont imagés et donnent du rythme, tout comme le découpage original sous forme de journal intime.
Merci à l'auteur de m'avoir proposé de découvrir ses écrits. Il s'agit de son premier livre et il a été une très belle découverte pour moi. J'espère qu'il en sera de même pour vous, malgré la gravité du sujet.
Bonne lecture !
Je suis allée faire une longue promenade sur les sentiers que j'arpentais autrefois avec mon frère et ma soeur...Quand ils étaient les méchants indiens et moi David Crockett perdu dans la forêt ! J'avais oublié comme la neige assourdit tous les bruits. A ne pas entendre ses pas, on s'oublie soi-même. Je me suis demandée comment un monde aussi beau pouvait être aussi cruel.