Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Rien ne nous rend jamais plus riche que l'amour que nous donnons et il commence à cet instant précis où nous choisissons d'ouvrir notre cœur au monde.
De falaise, je suis passée à l'état de petit animal courant, sautant, bondissant, et sur le moment je me suis dit que c'était la plus grande découverte de ce monde. J'ai gardé de cette vie la nostalgie du mouvement, cette liberté d'aller et venir comme bon vous semble, le nez au vent dans les parfums subtils d'une saison qui éclot.
Aujourd'hui je vous présente un livre original mais ancré dans l'actualité, qui n'est pas un roman mais un conte philosophique. Il aborde un sujet (en fait plusieurs comme vous allez le voir) qui ne peut que nous toucher car nous avons tous pris conscience ces dernières décennies, des liens qui existent dans la nature entre tous les êtres vivants et, je suis persuadée comme vous peut-être (?!), que les arbres en particulier, sont capables de communiquer entre eux et...donc, ont des choses à nous dire. Sinon pourquoi serions-nous si bien, nous sentirions-nous tellement en paix et en accord avec ce qui nous entoure (et nous-mêmes) quand nous nous promenons dans une forêt.
L'auteur nous fait entrer dans la sève, dans le cœur, sous l'écorce, et au milieu des branches d'un arbre magnifique, plusieurs fois centenaire, un chêne imposant qui se trouve dans le parc d'une maison.
Dans cette maison vit une famille en apparence comme les autres : la mère Lorraine ne sort jamais, vous allez comprendre pourquoi ; Aurélie, la petite fille est toute mignonne et insouciante comme on peut l'être à son âge ; et le père ne s'aventure jamais dans le parc, car il travaille beaucoup, LUI.
Le chêne comprend très vite que Lorraine est victime de violence conjugale. Il assiste impuissant à des scènes terribles, aux larmes de la fillette qui a peur pour sa mère, et à des cris qui ne trompent personne sur les événements qui se passent derrière les murs. Tout cela le rend furieux car lui, il est rivé au sol par ses racines et ne peut rien faire. Lui qui a le pouvoir de lire dans les âmes humaines quand nous nous approchons assez près de lui, et même de voir les vies antérieures des êtres vivants qui l'entourent, se retrouve bien impuissant devant cette situation intolérable. Il voudrait tellement aider...
Il faut dire qu'il a vécu plusieurs vies (comme nous tous peut-être ??). Au début de sa vie, il appartenait au règne minéral, il était alors simple falaise au bord de l'océan, une falaise hautaine qui dominait le monde et repoussait inlassablement avec force les vagues, mais qui un jour, malgré sa puissance a été détruite par la tempête plus forte qu'elle. Ensuite, il est entré dans le règne animal et a pris l'apparence d'une jeune biche, fragile et naïve. Puis il est devenu un roi puissant et invincible, durant sa vie humaine (je ne vous dirai pas lequel vous le découvrirez en lisant le livre !) et a connu des batailles sanglantes, des rivalités, des victoires...
Sous chacune de ses apparences, il a trouvé un sens à sa vie même si à présent, avec la sagesse liée son grand âge, il pense avoir commis des erreurs, avoir lui même eu recours à la violence, ce qu'il regrette.
Alors il se demande qu'elle est sa nouvelle mission sur terre, sous son écorce de chêne, tout puissant qu'il est, puisqu'il est immobile et qu'à part servir de refuge aux petits animaux, il ne sert pas à grand chose.
Mais vous vous en doutez, il va nous prouver le contraire...
Quand il découpe en bûches un bel arbre vivant, c'est atroce. Que l'arbre souffre et saigne ne les dérange pas. Ils ne l'entendent même pas. Car, c'est bien connu, l'homme est sourd à tout ce qui n'est pas lui.
Pourquoi l'histoire des hommes ne peut-elle s'écrire que dans le sang et la souffrance ? Comment n'ont-ils pas conscience que leur incarnation n'est qu'un passage ? Ils sont persuadés que leur race est née pour dominer le monde ; mais n'ont-ils pas honte de leurs actes moins réfléchis, moins intelligents et plus vils que ceux de la plus petite créature qu'ils qualifient pourtant d'inférieure ?
J'ai beaucoup aimé découvrir la plume de l'auteur avec son premier livre présenté cette semaine ICI.
Ce second livre est différent mais également très plaisant à découvrir. La lecture est fluide et il se lit d'une traite. L'histoire est prenante et le ton souvent incisif, m'a beaucoup plu. Ce qui n'empêche en rien ce livre d'être empli de poésie et d'humour et de dialogues plaisants. De plus l'immersion dans la nature est tout à fait dépaysante, et agréable tout en étant fort édifiante.
Dans ce conte philosophique, c'est le chêne qui parle, vous l'aurez compris, et il nous décrit sa vie d'aujourd'hui, ce qu'il voit des comportements humains, mais aussi ses vies antérieures.
Ce que vit la petite famille, la violence du père donc, est mis en parallèle de manière fort judicieuse par l'auteur, avec notre propre violence d'être humain perpétrée contre la nature qui nous entoure. Le non-respect dont nous faisons preuve envers notre propre planète, nous croyant plus forts qu'elle, remettant à demain la résolution des véritables problèmes, est en effet d'une violence inouïe pour la nature, la faune et la flore et tous les écosystèmes que nous détruisons sans possibilité de retour.
Au passage les humains que nous sommes, en prennent donc pour leur grade, que ce soit quand il nous parle de notre besoin de dominer le monde (quand il était falaise), ou de la chasse (alors qu'il était biche), de la guerre (alors qu'il était humain et roi), ou de notre relation à la nature (aujourd'hui alors qu'il est arbre), l'expérience du chêne qui, dans chacune de ses vies a appris du monde qui l'entoure, devient une magnifique leçon de vie pour nous "pauvres humains" avec tous nos défauts qui pensons comme la falaise que nous sommes les plus forts. Il décrit aussi cette petite famille avec beaucoup de réalisme et un regard plein de tendresse et de compassion pour les victimes.
Le lecteur découvre un chêne devenu au fil de ses vies et de ses expériences un grand philosophe. Au passage, le chêne (donc l'auteur) nous invite à nous questionner sur nos propres comportements humains, nos contradictions, lui qui a vécu plusieurs siècles, il sait de quoi il parle. Il s'interroge aussi sur l'inutilité de toute cette violence qui nous entoure, sur la mort et ce qui existe au-delà, ce que nous aimerions tous savoir.
J'ai beaucoup aimé cette lecture et je remercie sincèrement l'auteur de m'avoir proposé de découvrir sa plume.
En attendant de faire sa connaissance, si vous voulez en apprendre davantage sur l'auteur, vous pouvez cliquer ICI.
C'est ainsi que le Temps apaise toutes les blessures. Non qu'il les guérisse toujours car certaines ne se referment jamais vraiment. Mais il fait que la Vie, jour après jour, nous offre de nouvelles chances d'avancer et de grandir, pour autant que l'on veuille bien voir ce qui nous est donné. Chaque aube est riche de promesses, de paix et d'opportunités. Nous n'avons bien souvent qu'à tendre la main...