Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Voilà aujourd'hui la suite de notre balade au Marais des Bouligons, commencée ICI sur ce blog.
Comme vous vous en doutez, le marais est très riche au point de vue de la biodiversité, ce qui explique que selon votre intérêt personnel, la saison et votre envie du jour, vous y passerez facilement une heure à une demi-journée.
Il est divisé en différentes parties distinctes : tout d'abord une roselière et au-delà, des prairies humides qui constituent une zone de pâturage, plus ou moins asséchée selon les saisons.
Ces prairies permettent la pratique de l'écopâturage. C'est aussi une zone refuge pour les Cervidés et les sangliers qui trouvent là de quoi se nourrir en toutes saisons.
En périphérie, les coteaux boisés abritent une flore et une faune, adaptées à la sécheresse et au soleil, comme nous avons pu l'observer lors de notre balade aux Tours de Rochebrianne (pour rappel ICI sur ce blog).
La flore est très diversifiée. Il y a 320 espèces différentes sur le site... Rassurez-vous je n'ai pas tout vu, et je ne risque pas de tout vous montrer un jour !
A cet endroit, même en plein été, l'eau est partout.
Voici le chemin en bordure de la zone de pâturage, avec comme vous le voyez, une clôture amovible. C'est la seule photo que j'ai pensé à faire...
La bourdaine (Frangula dodonei) borde le platelage. C'est un arbuste qui adore les lieux humides. Je n'en vois jamais chez moi, en Provence, et pour cause, car cet arbuste apprécie peu les régions méditerranéennes, vous vous en doutez.
C'est un arbuste aux fleurs particulièrement mellifères, qui abrite de nombreuses chenilles de différentes espèces de papillons, d'où son importance pour l'équilibre de la nature.
L'écorce séchée, bien qu'utilisée à très faibles doses en médecine pour ses propriétés laxatives, est toxique à fortes doses, ainsi que les baies.
Autre particularité, cet arbuste, dont le bois souple est utilisé en vannerie, a servi pendant des siècles à fabriquer de la poudre à canon ce que j'apprends en rédigeant cet article.
Vous pouvez agrandir les photos, en cliquant sur la première, pour mieux voir les détails de cet arbuste.
Il y a de nombreuses orchidées que je ne connaissais pas...
L'orchis moucheron ou Gymnadenie moucheron (Gymnadenia conopsea) se voit de loin avec sa couleur rose. Elle pousse en bordure des coteaux humides ou détrempés.
L'Epipactis de Müller (Epipactis muelleri) beaucoup moins spectaculaire, avec ses fleurs blancs verdâtres à peine ouvertes qui pendent comme de petites cloches, colonise le même milieu.
Une des particularités du marais des Bouligons, c'est qu'il est considéré comme la plus grande station du département de la Drôme, pour une orchidée rare qui est menacée en France, à cause de la disparition des zones humides : il s'agit de l'Epipactis des marais ou Helléborine des marais (Epipactis palustris).
Pas facile de la photographier, car il aurait fallu pour cela, pénétrer dans le marais ce qui bien entendu, vous vous en doutez, est interdit mais celle-ci poussait en bordure du platelage.
La salicaire (Lythrium salicaria) appartient à la famille des Lythracées. Elle pousse toujours près de l'eau ou carrément les pieds dans l'eau. Elle est encore appelée la lysimaque, ou herbe aux coliques, à cause de ses nombreuses vertus médicinales (antispasmodique, astringente et hémostatique).
Elle est utilisée depuis le XIIIe siècle. Ses feuilles étaient consommées, crues ou cuites durant les périodes de famine ainsi que ses tiges (cuites).
Elle pousse en nombre et peut mesurer jusqu'à 1.50 m. On la considère aujourd'hui, comme une plante envahissante. Mais il faut bien reconnaître que ses fleurs d'un rose lumineux sont de toute beauté.
Pour la petite histoire, cette plante est tellement grande, qu'en Allemagne, elle est devenue célèbre grâce à une légende qui raconte... qu'elle servait d'abri, sous ses fleurs, aux petits lutins de la forêt.
En chemin, le promeneur en apprend davantage sur l'agriculture de la vallée. Ces peupliers têtards en sont un bel exemple. Ce sont des arbres taillés de manière à couper la tête de l'arbre à environ deux mètres du sol. Les branches poussent alors en couronne. Elles seront taillées à nouveau quelques années après. Les feuilles servaient de nourriture d'appoint pour les animaux d'élevage.
Ces peupliers ont été taillés ainsi, du Moyen Âge au milieu du XIXe siècle environ. Les arbres en vieillissant deviennent creux et de nombreux animaux (insectes et oiseaux) se cachent alors dans leurs troncs.
Il est donc important de les préserver comme témoins de pratiques agricoles ancestrales, mais aussi pour le maintien de la biodiversité sur le site.
Le retour se fera par le chemin qui surplombe le marais, un sentier ombragé et très joli qui passe sous les pins et offre de jolis points de vue. On y retrouve une flore typique des coteaux secs de moyenne montagne.
Voici quelques-unes des fleurs croisées sur le chemin : Inule des montagnes, Millepertuis commun, et plusieurs centaurées.
Et c'est avec ce liseron des haies que se termine mon article du jour, ainsi que nos balades d'été dans la Drôme.
Voilà un endroit que nous avons eu du plaisir à découvrir et où nous retournerons un jour, à une autre saison, peut-être aussi en dehors de la période touristique.