Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Sous la pluie, à cette minute, il se souvenait de son âge et du désert de sa vie. Un mariage raté et une succession d'aventures au goût de tabac froid laissaient la place entière pour le remords. Son vague ennui se mua en angoisse à la pensée de tous ces jeunes gens éperdus de savoir qu'il s'employait à raisonner aujourd'hui avec méthode après l'exaltation hasardeuse de jadis.
Une silhouette divaguait sous l'averse, les épaules déjà trempées. Elle allait et venait entre les passerelles provisoires menant aux stations d'autobus et l'angle des bâtiments où s'engouffrait un vent de montagne. Roland Desargues connaissait bien ces étudiants solitaires, consumés d'angoisse et faméliques par distraction, qui répandaient en classe leur odeur de chien mouillé. Celui-ci lui rappelait vaguement quelqu'un d'autre...
Du même auteur, j'avais lu et beaucoup apprécié "Le peintre d'éventail" présenté ICI sur le blog, une œuvre très poétique qui se déroulait au Japon. Voilà pourquoi j'ai voulu emprunter ce roman à la médiathèque.
Dans une université parisienne, Hiel Akangelos fait la connaissance de Marghrète durant le cours du professeur Roland Desargues.
Tous deux participent à ce cours, pour des raisons différentes : Hiel pour marcher dans les pas de son frère, décédé lors d'un tragique accident d'alpinisme, qui les avait suivi assidûment ; Marghrète, parce que son père, un riche industriel collectionneur d'automates, possède des œuvres inédites du philosophe. En fait, c'est surtout parce qu'elle a voulu fuir son père en venant vivre en France. Son père, en effet, n'arrive pas à faire son deuil de sa femme, disparue depuis des années lors d'une expédition dans l'Himalaya, alors que Marghrète était toute petite.
Desargues est un enseignant désabusé, mais qui est passionné par Descartes. Son cours intéresse cependant peu d'étudiants, il a l'impression d'avoir raté sa vie. Il va très vite remarquer Hiel.
Hiel tombe sous le charme de Marghrète et découvre qu'elle est sous la coupe d'une secte qui sème l'angoisse autour d'elle. Il tente de la faire sortir de son emprise avec l'aide de Mortimer, amoureux transi depuis qu'il a fait la connaissance de la jeune fille, un an auparavant à Stockholm. Il se trouve que Mortimer est un guide de haute montagne chevronné qui aide le père de Marghrète à monter une expédition dans l'Himalaya.
Tous les quatre vont suivre le père de Marghrète dans sa folie : il a décidé d'organiser une expédition pour retrouver le corps de sa femme...une quête impossible dans un lieu inaccessible.
Mon ressenti.
L'auteur rassemble dans ce roman tout un panel de personnages, perturbés et meurtris par leur passé, qu'il nous décrit avec précision jusque dans leur folie. Ils sont tous en quête de quelque chose d'inaccessible, mais ne le savent pas, ou bien ne veulent pas réellement l'atteindre, préférant le rêve à la réalité.
Pour cela, l'auteur use de très nombreuses métaphores, nous faisant entrer dans leurs esprits, leur désirs, leurs actes ce que j'ai trouvé extrêmement dérangeant, ayant l'impression de lire en permanence deux histoires parallèles, ne sachant plus ce qui relevait du réel ou de l'imaginaire.
Certes, c'est d'une qualité littéraire indéniable, et il y a de belles réflexions autour de la pensée de Descartes, qu'il faudrait d'ailleurs, soit dit en passant, que j'approfondisse, car mes souvenirs étaient bien lointains. Il y a aussi de très belles descriptions de la nature. Le roman nous propose aussi de réfléchir aux différentes voies qui s'offrent à nous, à notre société moderne, et à la manière dont les humains vont arriver à s'adapter.
Mais au-delà de ces considérations intéressantes, après la lecture des premières pages qui m'ont permis d'entrer dans le roman, certes, mais avec difficulté, tout en faisant connaissance avec les différents personnages, je dois avouer que je me suis profondément ennuyée et que j'ai trouvé la lecture de ce roman fastidieuse et, il est donc pour moi une belle déception.
C'est sans doute un roman beaucoup trop "littéraire" pour moi, chaque phrase demandant à être interprétée, encore et encore, ce qui devient lassant à la longue. D'ailleurs, je ne sais pas si je tenterai la lecture d'un troisième roman de cet auteur.