Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Par manou
L'auteur vient d’obtenir le prix Louis-Guilloux pour l’ensemble de son œuvre. C'est un auteur que je ne connaissais que de nom et je n'avais encore jamais rien lu de lui.
L'histoire commence par celle de Xu Hi-han, ancien disciple de Matabei. Il a vu une photographie du vieux peintre d'éventail dans un magazine à sensation, et revient sur les lieux où lui même a vécu et où un cataclysme (tremblement de terre, tsunami et pollution nucléaire) vient d'avoir lieu. Pris de remords d'avoir abandonné son vieux maître, malgré la neige qui menace de tomber à tout instant, tout en buvant un thé brûlant, Hi-Han va écouter jusqu'au bout Matabei lui livrer un "trésor inestimable" mais inachevé avant de mourir...
Suite à un drame personnel, Matabei, le peintre a fui la folie du monde pour se retirer sur la paisible île de Honshu. Là il est hébergé dans la tranquille pension de Dame Hison, une ancienne courtisane. Cette paisible demeure, où quelques égarés se réfugient de temps en temps, cache un jardin magnifique entretenu depuis longtemps par Osaki, un vieux jardinier, peintre d'éventail et poète. Les deux hommes vont se rencontrer et Matabei va peu à peu s'attacher au vieux jardinier... qui va lui transmettre son savoir.
Là, le long des allées, près des cascades et du kiosque, le temps semble s'être arrêté et Matabei retrouve l'apaisement. Mais le vieux peintre n'est pas immortel. A sa mort, Matabei va poursuivre son oeuvre et ira jusqu'à s'installer dans le vieil atelier où il continuera à peindre les éventails inachevés... tout en préservant la beauté du jardin zen.
Mais ce que nous possédons est éphémère et Matabei va voir à nouveau sa vie bouleversée...d'une part, par une jeune pensionnaire qui le séparera de Hi-Han, puis, par un tremblement de terre suivi d'un tsunami qui suffira à faire basculer en quelques minutes, ce paradis dans le chaos, la boue et l'horreur.
Le voilà trahi par une nature qu'il a pourtant vénéré une partie de sa vie et à nouveau seul...
Il va tenter de sauver ce qu'il peut de son passé.
L'accent est mis sur l'importance de la transmission du savoir. Ce que Matabei reçoit d'Osaki, il va le transmettre ensuite à Hi-han. La transmission des rites, de génération en génération, est aussi très importante et préserve la mémoire collective.
C'est un roman très poétique où alternent beauté et violence, amour et solitude, émotions et zénitude. Le roman est ponctué par de nombreux haïkus.
Très beau.
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