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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

La femme de l'Allemand de Marie Sizun

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Marion vit avec sa mère, Fanny, dans leur petit appartement parisien. Sa mère est drôle, pas conventionnelle du tout et toutes deux s'adorent. Il faut dire aussi qu'elles vivent seules et que leur amour est très fusionnel.

Son Père ? Marion ne le connaît pas : c'était un jeune soldat allemand que Fanny a aimé à la fin de la guerre. Puis il a été envoyé en Russie où il est mort.

 

C'est du moins la version officielle, celle que Fanny, la "femme de l'allemand", a raconté à tout le monde.  Mais elle a caché à toute sa famille avec qui elle est fâchée depuis cette relation, les violences qu'elle a dû elle-même subir après la guerre. Car il n'était pas bon d'être amoureuse de l'ennemi, c'était trahir son pays.

Elle a caché aussi qu'il n'est pas mort mais qu'il a choisi de retrouver son ancienne fiancée et de s'installer chez lui, en Allemagne, en l'abandonnant, elle, en France avec sa petite fille.

Toute cette souffrance qu'elle porte en elle est un poids trop lourd...

 

Mais au delà des non-dits, du silence, des secrets de sa mère et du fait qu'elle ne veut jamais répondre à ses questions sur son père, Marion se rend vite compte que parfois Fanny a un regard terrible qui lui fait peur. Ce regard, elle l'a vu d'ailleurs sur la petite route alors qu'elle n'avait que deux ans à peine. Ensuite ses souvenirs s'emmêlent...Est-ce avant ou après qu'elle est allée vivre chez ses grands-parents  pour la première fois ?

 

Peu à peu Marion comprend que sa mère n'est pas comme les autres et qu'elle souffre d'une maladie déstabilisante pour ses proches : la psychose maniacodépressive. Mais il faudra attendre qu'elle fête ses dix ans pour appréhender ce que cela implique dans sa vie quotidienne. Alors elle tentera de protéger sa mère... et de tenir ses promesses, mais le pourra-t-elle vraiment ?

 

Peut-on grandir et se construire dans ses conditions en ayant peur et en guettant, en permanence, les signes avant-coureurs d'une nouvelle crise ? Peut-on à la fois aimer et être terrifiée par la même personne ?

 

L'équilibre précaire sera sauvegardé par la grand-tante, Élisa, présence douce et discrète, et la visite, le dimanche, puis l'installation définitive à l'adolescence chez les grands-parents maternels que Marion apprend à aimer.

 

C'est un roman bouleversant. Il parle avec pudeur de la maladie, certes, mais aussi d'amour, de l'incompréhension des proches, du rejet et de la honte, du regard des autres, de tout ce qui fait encore aujourd'hui que la différence est mal acceptée par autrui et que cette terrible maladie apparaît comme incontrôlable pour les proches.

 

Le style est particulier car cette histoire est racontée par Marion, la narratrice, comme si elle était  extérieure à sa propre histoire. Elle emploie le "tu" comme si elle voulait se rappeler à elle-même sa vie, de sa naissance à l'obtention de son baccalauréat. Cela aurait pu créer une distance, c'est l'effet inverse qui est obtenu.

Le lecteur entre de plein fouet dans l'émotion et ne peut plus se détacher du roman.

 

A lire absolument et à faire lire aux ados dès 14 ans  !

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M
That was a very nice story and I really enjoyed reading it. This is the first time I am coming across such a story named “The wife of the German Marie Sizun”. I am glad that you shared this with us. Thanks for sharing. Keep posting.
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