Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
T. était un grand voyageur. Le courrier électronique était le seul lien à peu près stable qui me maintenait à lui, toujours en déplacement au bout du monde. J'attendais ses mails comme si ma vie en dépendait.
Je suis persuadée que l'amour nous modifie, biologiquement. J'ignore quelle révolution interne il provoque, mais je crois qu'il entraîne des agglomérations cellulaires, des déplacements d'énergie, des polarisations qui s'inscrivent dans notre chair et y rayonnent bien après qu'elle a été désertée. Une place s'inscrit en creux, un manque, que plus rien, ensuite, ne parvient à combler...
Voici un auteur que j'aime beaucoup et que je n'hésite pas un instant à lire quand je croise un de ses écrits.
J'ai adoré lire "La part du feu" ; "Eux sur la photo"; "Portrait d'après blessure"...trois romans de l'auteur que j'ai présenté sur ce blog.
Ce recueil d'une centaine de pages à peine, regroupe deux textes qui nous parlent de deux moments de la vie, autour de la rupture amoureuse.
L'auteur retrace dans le premier texte intitulé "Un vertige" les sentiments qui envahissent la narratrice lors de sa rupture amoureuse avec un homme avec qui elle a entretenu une relation épisodique mais qui a duré plusieurs années.
Elle nous décrit son ressenti, sa sidération quand elle comprend que l'histoire s'arrête-là. Bien évidemment chacun va vivre les événements différemment selon son caractère, les circonstances et même si, il y a quelques éléments communs à tous les être humains délaissés, je n'ai éprouvé aucune empathie pour elle, qui d'ailleurs n'a pas de nom dans le livre.
On est dans le cas classique, si je puis dire, d'un homme qui aime ailleurs et ne veut (ne peut) pas choisir car il est déjà marié et d'une femme qui attend et espère...j'ai trouvé que la narratrice se complaisait un peu trop dans sa douleur.
Dans le second qui ne fait pas 20 pages et s'intitule "la séparation", l'auteur aborde le même thème mais sous une histoire et un angle différent puisqu'il s'agit d'une autre narratrice et d'un autre couple et que tout part d'un soir où il lui dit : "Je ne sais plus" et tout vacille.
Plus juste à mes yeux, cette courte analyse montre bien les doutes qui s'insinuent peu à peu dans leur relation jusqu'à la détruire...alors qu'ils s'aiment toujours.
Ces deux textes font part du ressenti, du doute, de la destruction que représente une séparation, du déni d'amour, de la désagrégation d'une relation...rien de bien gai me direz-vous, mais je vous rassure, bien entendu, l'auteur nous parle aussi du processus inverse, de l'émerveillement de l'amour (qui lui aussi provoque un vertige), de l'attente, de l'idéalisation, des espoirs...
C'est un livre très intimiste et personnel, écrit de façon très littéraire qui m'a cependant laissé au bord du chemin.
J'ai eu l'impression de passer à côté et je ne suis pas entrée un seul instant dans l'histoire ceci étant peut-être dû au confinement.
J'ai pourtant aimé retrouver la belle plume de l'auteur et son écriture toute en finesse.
Je crains que lui et moi ne soyons, au fond, jamais capables de cesser de nous aimer. Et je sais désormais qu'il faudra aussi accepter ce qui a précédé la séparation, et composer avec le souvenir, à la fois doux et effroyable, de ces six mois d'amour absolu qui m'ont donné le sentiment de marcher au-dessus du sol.