Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Tu es parti et nous ne nous sommes pas dit au revoir.
Il y a eu tant de bruit, tant de foule.
Ce jour confus de janvier.
Qui étaient ces inconnus à ton enterrement ?
Suis-je orpheline de toi ou de l'absence de toi ? Tu vis désormais en moi comme le soleil de minuit, lactescent, éperdu de blancheur. Je ne te cherche pas, tu es partout et introuvable. Tu es tapi dans le mohair des jours heureux. Tu es un lierre au feuillage persistant...
Dans ce petit livre de 65 pages à peine, Natacha Wolinski nous parle avec beaucoup de délicatesse de son père, Georges Wolinski, assassiné lors de l'attentat perpétré contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, il y a cinq ans.
Sans jamais entrer dans le pathos, elle nous livre ici un récit poignant.
Elle nous raconte son ressenti lors de la mort de son père, alors qu'elle était dans le déni total, mais aussi face à l'absence de ce père, qui était pourtant déjà très absent pour elle. Elle ne cache rien de leur relation difficile, des non-dits de leur vie familiale compliquée. Son père avait beaucoup souffert dans la vie et n'était pas, dans l'intimité, celui que le public connaissait. Il y a en effet dans leur famille une "reproduction de la tragédie" nous dit-elle.
Elle veut aujourd'hui qu'on le connaisse autrement, tel qu'il était vivant et que nous gardions de lui des moments de vie, et non uniquement des moments liés à sa mort.
La présence solaire de ce père se ressent à chaque page. Les mots, la musique et la poésie du texte, nous emmènent vers la vie. C'est un hommage émouvant, jamais triste, mais qui m'a beaucoup touchée.
"Tu as mangé au moins ?"
Je réalise aujourd'hui seulement que cette formule était ton sésame, ta manière de me dire "Je t'aime", toi qui n'a jamais su me l'avouer.
Journaliste et écrivaine, elle nous emporte à travers ses mots, unique façon pour elle de faire face à cette douleur indescriptible, celle d'une orpheline qui a déjà perdu sa mère alors qu'elle n'avait que quatre ans, et a du mal à accepter l'inacceptable, la mort brutale de ce père maladroit et pudique...mais tellement aimé.
Son récit est une belle déclaration d'amour, car au-delà des drames familiaux, elle veut dire à ce père qui avait lui aussi beaucoup souffert dans sa vie, qu'il sera toujours dans son cœur et qu'elle sort de cette épreuve, grandie. D'ailleurs, elle compare le deuil, à une métamorphose très lente, mais indispensable.
C'est un livre magnifique pour ne pas oublier que les victimes sont aussi les familles qui doivent se reconstruire après un tel drame et continuer à vivre avec le cœur en miettes.
Je suis née , bien avant ma naissance, dans l'oasis de tes dessins. J'ai grandi dans tes jardins secrets, dans les rêves de ta jeunesse...
Que reste-t-il quand il ne reste rien ? Il reste ta volonté secrète qui m'accompagne et qui m'assigne d'aller toujours au plus difficile.
Je remercie Babelio et l'éditeur de m'avoir permis de le découvrir...
Si vous ne pouvez pas ou ne voulez pas le lire, je vous invite à écouter l'interview réalisée par MatriochK que j'ai visionné sur le site de l'éditeur...
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