Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
- Dis à ta mère que je reste ici, je vous prépare un repas dans le jardin, c'est bien ça, hein ?
Théo savait qu'il ne viendrait pas, sa mère le lui avait dit, sa mère se trompe rarement. Mais Théo a huit ans et il aime bien essayer de changer le cours des choses. Il fait un voeu chaque matin, et le soir une croix sur son calendrier si le voeu s'est exaucé. Mais le calendrier est vide la plupart du temps, et il se rattrape avec des voeux idiots...
Sait-il que lorsqu'elle lui dit au revoir le matin, il lui en veut ? Simplement parce qu'il voudrait faire comme elle : se dire au revoir et se quitter lui-même ? Au moins pour quelques heures ?
La solitude est à vous, elle vous tient, et on ne sait jamais si c'est une délivrance ou une malédiction. Va t-elle vous donner des ailes ou vous réduire à une existence de petits pas ?
J'ai découvert avec plaisir cet auteur l'année dernière en lisant Bakhita que j'ai présenté sur mon blog ICI.
C'est donc tout naturellement que j'ai eu envie de lire un autre de ses romans. De plus j'ai été attirée par le titre, vu qu'il est tiré d'un poème d'Aragon...
L'histoire...
Serge, la soixantaine, a tout pour être heureux : une belle situation, une femme plus jeune que lui et aimante, et deux beaux enfants.
Suzanne vient chez lui accorder le piano de son fils et elle le croise...sans qu'il fasse attention à elle ce jour-là. Elle aussi a tout pour être heureuse, un mari aimant, un travail intéressant et une vie paisible.
Ils ne savent pas encore à cet instant précis qu'ils vont être amenés à se revoir, à se comprendre et à s'aimer et que leur vie en sera bouleversée à jamais, à leur risque et péril.
Mais le lecteur découvre très vite que rien n'est si simple. Malgré les apparences et ce bonheur tranquille, Serge est un être tourmenté. C'est Suzanne qui va recueillir ses confidences, car c'est à elle qu'il va raconter le drame de son enfance, sa mère aimante et son père violent et ce à quoi il a assisté sans réaliser à quel point c'était grave.
Il n'avait que 8 ans quand ces événements dramatiques se sont déroulés...
Toute sa vie, il a voulu cacher aux autres cet épisode de sa vie, de peur de ne plus être aimé. Pourquoi Suzanne, devrait-elle se charger de toute cette histoire ? Par amour pour lui ? Elle n'a jamais rencontré quelqu'un d'aussi égoïste et ne comprend pas ce qui l'attire tant chez lui...
A priori le sujet est banal, me direz-vous et je vous l'accorde car si j'avais lu la quatrième de couverture, je n'aurai jamais emprunté ce roman, pensant à une simple histoire d'adultère, un style d'histoire qui ne m'intéresse pas du tout ! Heureusement je ne lis jamais la quatrième de couverture qui est bien trop souvent très éloignée du contenu...
J'ai donc emprunté ce livre au feeling et finalement je l'ai lu avec plaisir car au-delà de l'histoire toute simple, déjà vue, et même assez décousue, j'ai finalement passé un bon moment de lecture.
Beaucoup de choses sont laissés libres à notre interprétation et donc à notre imagination. Le lecteur se pose beaucoup de questions et n'aura plus qu'à inventer les réponses !
C'est l'écriture de l'auteur, le fait qu'elle se révèle être une fine psychologue, sa façon emplie d'humanité de décrire les personnages et les événements, qui rendent cette lecture émouvante.
Elle sait décrire la réalité tout en étant au plus proche de l'humain, de ses ressentis et de ses contradictions. Elle sait nous toucher avec sa plume douce, sensible et pudique.
Finalement entre l'écriture et l'histoire c'est sans contexte l'écriture que j'ai aimé d'ailleurs je pense que j'oublierai l'histoire assez vite.
C'est une lecture facile qui permet donc de passer un bon moment sans prise de tête, malgré la lourdeur du secret qui plombe la vie de Serge...et que bien entendu je ne vais pas vous dévoiler !
Je suis cette femme qui se retourne et s'en va. Se perd, pour la première fois. Dans son propre quartier. Je marche, et les rues que je laisse derrière moi s'écroulent en silence.