Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Quelle surprise et quelle émotion pour moi, jeudi dernier, de trouver dans les commentaires de la journée, un message d'une poétesse que j'avais mis en avant lors du Printemps des poètes 2017 et de la Journée de la femme (le 8 mars dernier donc).
Il s'agit de Fatoumata Keïta.
Dans un message mis dans les commentaires, elle me remercie d'avoir écrit un article sur elle et m'offre en cadeau de remerciement un poème inédit qui paraîtra dans son prochain recueil au Mali. Vous pouvez aller relire mon modeste article en cliquant ICI. Vous trouverez dans les commentaires le message que je vous retranscris ci-dessous.
Manou j'ai envie de te remercier pour ce que tu as fais pour moi. C'est un ami qui m'en a parlé. J'en ai les larmes aux yeux. Je manque de mots. J'ai beaucoup de poésie musicale que je peux vous envoyer pour votre écoute et pour diffusion. Qui parle de condition des femmes dans les situations de conflit. Mille mercis d'être aussi concise et précise. Merci à vous tous aussi pour vos commentaires aussi chaleureux. Malheureusement je n'ai que mon livre sur l’excision qu'à l'Harmatan. La trilogie est la librairies terre des livres à Lyon, J'aimais cet homme qui chantait le fleuve à LA PASSE DES VENTS à Lyon. Tout le reste, on ne peut les avoir qu'on Mali. Voici un extrait de poème de mon prochain livre que je m'en vais vous envoyer comme bises et comme cadeau de remerciement: :Ce n’est jamais fini
J'ai donc décidé de vous offrir ce poème à tous et en particulier à toutes les femmes. Car ce cadeau se doit d'être partagé, n'est-ce pas et si je le laisse dans les commentaires, il ne sera vu que par quelques personnes...vous êtes bien d'accord avec moi ?
Je la remercie ici encore une fois pour son combat pour toutes les femmes et pour ses mots qu'elle mettra sans doute en musique, certains mots composant un refrain.
Ce n’est jamais fini…
POÉSIE
Fatoumata KEITA
Ce n’est jamais fini…
À ceux qui ont peu souri dans la vie
Qui ont toujours eu l’échine courbée
À force de pleurs silencieusement avalés
À ceux qui douloureusement ont péri
Au souvenir desquels je tressaillis
À ceux qui ont l’artère rompue
À force d’infortunes vécues
À ceux qui portent le sceau du désespoir
Dans le cœur du noir dans l’ombre de l’isoloir
Sans jamais se plaindre ni même se lamenter
À ceux-là cette note de symphonie et d’espoir
L’espoir qui barre la route au gouffre du désespoir
L’espoir qui chasse la brume du cœur et soigne la gueule de bois
À ceux-là ces vers d’espérance ouvrant la voie à la délivrance
Ce n’est jamais fini…
C’est Ivon le MEN qui l’a dit
D'une oreille favorable j’écoute Robert mon ami
Et d’un seul regard il me fait renverser le vase du doute
D'une main ferme je saisis fermement ma plume
Pour écrire une ballade mal débitée
Dont j'en ferai une berceuse pour mon ami B. Konaré
Pour qu’il continue à avoir foi en l’humanité
Et nous convie les jeudis à l’unité
Pour nous permettre un temps de nous poser…et de rêver
Ce n’est jamais fini…
Toujours les mêmes pas pressés
Toujours le même air essoufflé
Toujours les mêmes regards hagards
Toujours le même combat pour la survie
Toujours la même soif de vaincre
Le seul rein toujours à ceindre
Toujours les mêmes mots devant les mêmes maux répétés
Là où s’entend un rire mélodieux
Là même s'exposent des tableaux odieux
Et ce n’est jamais fini…
Ce n’est jamais fini…
Toujours les mêmes scènes
Les mêmes haines qui enchaînent
Toujours les morts par centaine
La même rengaine qui nous freine
Et ce n’est jamais fini…
Il faut qu’on y arrive pourtant un jour
Qu’on arrive à briser les murs de séparation
De lamentation de discrimination
D’où s’élève la haine en montagne
Dans les cœurs que le désamour gagne
Il faut qu’on y arrive un jour ma sœur Manou
Qu’on arrivera à planter dans le désert des cœurs
Les tentes de l’amour et pour tout l’alentour
Il faut qu’on arrive à bâtir le temple de l’humanité
Pour partager une tranche du pain chaud de la fraternité
Ce n’est jamais fini
Moi je cherche simplement la paix
Je la cherche toujours sur ma page blanche
Ma page que je noircis avec l’encre de mes douleurs
Je la cherche entre les lignes acérées
Que j’écris et jette à ce monde épuisé
Je la cherche dans le cœur de la nuit
Dans l’ultime tentative de survie
Je la cherche entre les pages de la vie
Et sur mon chemin je suis heureuse
Heureuse de faire chemin avec tous ceux et toutes celles
Qui ne dorment pas la nuit venu
Qui prennent la lune en témoin et avance avec lui en silence
Qui ignorent les malveillances et continuent leurs besognes
Avec ces personnes je cherche chaque instant la paix
Je la cherche dans le rire requinquant de mes enfants
Qui n’ont pas encore goûtée à l’amère saveur de cette vie
Je la cherche sous le soleil de midi
Je la cherche partout où il y a une vie
Sur chaque portion de terre où existe un conflit
Je la cherche
Quand le fleuve de la bienveillance cesse de couler dans les cœurs
O Mohamed ! Enfant aux yeux encore brillants de bonheur
Souviens-toi toujours que l’homme n’a de place que dans la cité
Auprès de ses frères et de ses sœurs
Loin des sillages sombres de l’animosité
Souviens-toi Papafitini : Souviens-toi
O Hawa ma mie au regard rêveur et lointain
Souviens-toi Papy Nancoman mon grand
L’humain n’a d’issue que dans le cœur de l’humanité
Ne laissez pas les malveillants vous rendre méchants !
Soyez bons soyez vrais mais vraiment mes enfants!
Et le regard clair de la lune veillera sur vos pas
Doux papillons aux ailes colorés d’amour
N’ayez pas peur des loups ni des vautours
Allez-y confiant vers la vie champions
Avancez la bonté dans la main
Et la gaieté dans le cœur
La vie vous attend impatiemment
Les bras du monde vous appellent ouvertement
Vivre et avancer est la recette à essayer
Apprenez donc mes enfants apprenez
Apprenez des jours qui vous visitent et passent
Apprenez des heures qui courent sans trébucher
Apprenez du rire et des pleurs du temps
Apprenez de la douleur obscure de l’ignorant
Apprenez des courts matins couleur-bonheur
Apprenez de la maladie
De l’expérience de la force fléchie
Apprenez de vos grands moments de folies
Apprenez des saisons de passions
Et de vos nuits froides pleines de leçons
Apprenez de la saison des ombres
Apprenez de vos instants de déboires
Mais surtout des heures furtives de gloire
Ce n’est jamais fini
Il faudra prendre la vie à la volée
Il faudra aimer il faudra souvent céder
Et il faudra prier et il faudra chaque jour louer
Celui qui garde dans Ses paumes altruistes
La sève de toutes choses créées
L’essence de l’humanité
La source de l’inspiration et la finalité
Ce n’est jamais fini
La vie relève de la magie
On n’a pas demandé à venir
On est là
On ne demandera pas à partir
Et par ce chemin brumeux on s’en ira
La vie et la mort
C’est vraiment l’œuvre de la magie
Il faudra donc la tailler en pierre
Pour céder à Dieu mais résister au temps
Résister au temps et aux vents violents
De ceux qui tuent froidement
En invoquant le nom de Dieu le Clément
Ce n’est jamais fini
Il nous faudra ensemble élever la voix et crier en pleine nuit
Il nous faudra élever la voix et hurler contre l’injustice
Il nous faudra hausser le ton pour contester contre la prison
La prison dans laquelle on veut nous enfermer éveillée
Elle est une reine bien laide à genoux la liberté
Il nous faudra hurler contre ces vents de terreur
Qui remplissent nos yeux nos nez de poussière
Il nous faudra nous lever pour bannir toutes ses horreurs
En plein air par ceux qui pètent les plombs
Jettent les bombes les sens fermés
Et font de nos cœurs des décombres sombres
Et ce n’est jamais fini…
Toujours les mêmes scènes les mêmes peines
Les mêmes haines qui s’enchaînent
Toujours les mêmes morts par centaine
La même rengaine qui nous freine
Toujours le même ton levé pour la liberté
La même sueur toujours versée pour la dignité
Que nos enfants essayeront peut-être de préserver
Ce n’est jamais fini
Il faut qu’on y arrive un jour
Qu’on arrive à réinventer l’histoire
Qu’on arrive aux heures de gloire
Qu’on arrive à tenir tête à la violence
Qu’on arrive à soigner les démences
Qu’on arrive à modérer les passions
Qu’on arrive à briser les murs de séparation
Il faut qu’on y arrive un jour
Qu’on arrive à bâtir le temple de l’humanité
Pour y inviter toutes les nations à l’unité
Et partager une tranche du pain de l’amitié
Il faut qu’on y arrive un jour Manou
Qu’on arrive à oublier nos différences
Pour nous centrer sur nos ressemblances
Et partager le pain chaud de la fraternité
Nous sommes tous de la même matière
La poussière
Ce n’est jamais fini…
Le temps est en dent de scie
Avec lui on chute
Avec lui on se relève et redresse le buste
Avec lui on souffle avec lui on souffre
Avec lui on glisse jusqu’au fond du gouffre
Avec lui on traverse sans bougie la nuit
Avec lui on visite le cœur de minuit
Avec lui on reçoit le soleil de midi
Avec lui on chante de belles symphonies
Avec lui la complainte des jours qui pleurent
Avec lui à Madrid Nagnouma ma sœur
Nagnouma et son tout petit jardin rempli de fleurs
Et ce n’est jamais fini…
Le temps est quelques fois comme un amant infidèle
Qui nous sert avec sa grâce qu’on croit éternelle
Sa belle grâce hypocrite qui fait dessiner dans le ciel
De beaux et d’éphémères arcs - en- ciel
Et ce n’est jamais fini…
Le temps nous pousse vers la même gare
On y est parti et on y reviendra
Avec les mêmes pas pressés
Avec le même air essoufflé
Avec les mêmes sourires sympas
Avec les mêmes illusions
Avec des moments de fusion
Et souvent le vide dans l’âme malmenée
Avec le même soupir réédité
Avec le même cri
Celui de notre première heure
Celui de la toute dernière
À la même gare on part
Et de la même gare on revient
Là où tout a commencé
Là où tout prendra fin
Dans le ventre de la terre
Et c’est la gueule ouverte du temps
Qui nous poussera dans ce ventre gourmand
Où tout prendra fin
Où tout recommencera là-bas
La vie et le trépas
Tout est là
Entre deux pas
Tout est là
Et ce n’est jamais fini…
Ce n’est jamais fini…
On fait ce qu’on peut pour vivre notre vie
On fait ce qu’on peut pour terrasser nos douleurs
On fait ce qu’on peut pour affronter nos peurs
On fait comme on peut pour arroser nos passions
On fait ce qu’on peut pour faire fleurir nos rêves
On fait ce qu’on peut pour élever nos enfants
On fait ce qu’on peut sans jamais baisser les bras
Sans plus d’une nuit se lamenter sur nos tourments
Et ce n’est jamais fini ma sœur Kady…
Quand tu crois avoir raté le départ
Quand tu te crois vraiment en retard
Il y a toujours un train à l’arrêt
Un train qui t’attend pour démarrer
À l’arrêt ton train à l’heure pile
Tu n’auras pas à faire de long fil
Pour prendre ton départ Kady
Ce n’est jamais fini…
Toujours présente la grâce de dernière heure
Celle qui précède la fin et succède à l’agonie
S’ouvre toujours une porte pour le secours
Le recours incroyable est toujours là à l’heure pile
Ce n’est jamais fini
Il nous faut d’autres histoires à dire
Des histoires qui aident à grandir
Des histoires qui aident à sourire
Des histoires qui aident à rêver
Des histoires qui aident à agir à avancer
Des histoires qui remplissent les poches
Des histoires toutes pleines la sacoche
Des histoires pour se former et son destin forger
Il nous les faut mon frère Modibo Kanfo
Il nous faut visiter les chemins d’ombres qui débouchent sur le progrès
La gloire est faite de sueur et de peurs avalées
D’écorces de caïcédrat mâché et de désert traversés
Et ce n’est jamais fini…
Malgré la laideur des nuits d’éclipse
Malgré la vilenie humaine
Mon âme reste saine
Toujours confiante en l’humain et en la vie
Et ma vie reste remplie de poésie
La poésie ma mélodie mon art ma seule vertu
Ce n’est jamais fini…
La terre est un lieu de rencontres inouïes
Et la vie une grande gourde remplie
Dans laquelle on boit du miel et du fiel
Malgré la rudesse du chemin parcouru
Malgré la traîtrise des faux-fuyants
Malgré les soupirs malgré la cruauté du temps
Ma sœur Maragoue reçoit le nouveau jour
Comme tu reçois ton bien aimé avec amour
Élégance et reconnaissance
Mariam Lagaré Nana Nassira mes soeurs-amies
En chacun de nous mille autres vies
En chacun de nous une ombre qui suit
En chacun de nous un rêve qui sourit
En chacun de nous une espérance inédite
Un appétit un désir une folie
En chacun un amour qui attend d’être donné
En chacun un air qui appelle à danser
En chacun un poème qu’on déclame en silence
En chacun un conte à relater un chant à fredonner
En chacun une terre toute étrangère
Que l’on range quelques fois à l’étagère
Pour ne pas aller vers l’insolite
En chacun une branche d’espérance
Mille fois en mille morceaux cassés
Ramassée et mille fois recollée
En chacun une rivière d’ignorance
Qui coule et nous cache nos lendemains
En chacun hurle un chant
Chant d’espoir vital à la vie
Chant de réveil chant de minuit
Chant qu’on entonne pour briser le silence de la nuit
Qu’on entonne pour essuyer la laideur du jour
Qu’on récite par cœur les jours gris
Pour recharger la batterie de l’endurance
Ce n’est jamais fini…
Devant nous des bras toujours grand ouverts
Qui attendent toujours l’élan de nos cœurs
Toujours pour nous un cœur disponible
Qui donne et s’adonne à nous sans compter
Merci à toi mon Isaac Niiaré ma destinée
Ce n’est jamais fini…
Là où il y a une lueur
Existe toujours une zone d’ombre
Un rire crispé un regard effaré
Un bonheur égaré là où il y a un rayon de soleil
Ce n’est jamais fini…
Là où il y a un voile de ténèbres
Existe une petite clairière
Une larme séchée une poignée de main
Un rêve renouvelé un vœu reformulé
Une promesse réaffirmée une main tendue
Un baiser à offrir
Là où il y a un voile de deuil
Et ce n’est jamais fini…
Fatoumata KEITA
Un grand Merci à Fatoumata pour ces mots porteurs d'espoir qu'elle nous offre avec son cœur.
N'oubliez pas d'aller faire plus ample connaissance avec elle, sur son blog (lien ci-dessous).