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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

Le safran est de retour...

Le safran est de retour en Provence après 200 ans d'absence.

 

Un peu d'histoire

Le safran serait originaire du Moyen Orient. Connu et utilisé dès l'Antiquité par les grecs, les romains et les égyptiens, il a été ensuite introduit au Cachemire par les Perses.

Il était donc dès l'Antiquité utilisé en cuisine, en teinture, en bains et pour ses propriétés médicinales.

Il n'a réellement été cultivé qu'à partir du Moyen Âge.

Jusqu'à la Révolution française, le safran était récolté par tonnes en Provence. 

Il était cultivé jusque dans le centre de la France en particulier dans le Gâtinais.

La production a progressivement déclinée...pour quasiment disparaître au cours du XIX° siècle suite à l'exode rural et au manque de main d'œuvre. 

Depuis les années 1990, de nombreux passionnés ont repris sa culture en Provence, dans le Gard mais aussi en Corse.

Mais attention ! il y a safran et safran...Vu le prix de l'épice il y a toujours eu des fraudeurs...même au Moyen Âge !

 

L'origine du mot safran est à lui seul, toute une histoire !

En effet, le mot safran tire son origine du latin safranum, aussi ancêtre du portugais açafrão, de l'italien zafferano et de l'espagnol azafrán. Safranum vient lui-même du mot arabe aṣfar (أَصْفَر), signifiant "jaune", via la paronymie avec le mot zaʻfarān (زَعْفَرَان), le nom de l'épice en arabe. Selon d'autres sources, s'appuyant sur la présence de cultures de safran sur le plateau iranien, safranum viendrait du persan Zarparan (زرپران), zar (زر) signifiant « or » et par (پر) signifiant « plume », ou « stigmate ».

[source wikipedia]

 

Qu'est-ce que le safran ?

C'est une épice extraite de la fleur d'un crocus (Crocus sativus) de la famille des Iridacés. Il s'agit plus particulièrement des stigmates de la fleur qui sont de couleur rouge et que l'on fait sécher ou que l'on pulvérise pour en faire de la poudre.

 

  

 

Un peu de botanique

La fleur de safran est formée de trois pétales et trois sépales de la même couleur ce qui donne l'impression qu'elle a six pétales de couleur parme.

Elle possède un seul stigmate divisé en trois brins de couleur rouge et trois étamines.

 

Qu'est-ce qu'un stigmate ?

Le stigmate fait partie de l'organe femelle de la fleur (cet organe s'appelle le carpelle). A l'intérieur d'un réceptacle protecteur se trouve l'ovaire de la fleur qui contient l'ovule (ou les ovules). Chaque ovaire se poursuit par un style qui se termine par le ou les stigmates. C'est sur les stigmates que les grains de pollen provenant de la partie mâle de la fleur (ou d'une autre fleur) vont se coller pour ensuite pénétrer dans le style et atteindre l'ovule.

Sous terre, se trouve le bulbe de safran.

 

Mais revenons au safran.

Les stigmates se récoltent à la main, un à un, fleur après fleur. Il faut 200 000 fleurs de crocus pour faire 1 kg de safran ce qui explique un coût en main d’œuvre élevé et donc le prix exorbitant de l'épice qui vaut 30 000 euros le kilo et que l'on appelle l'or rouge de Provence.

Le safran d'importation est beaucoup moins cher. Il provient majoritairement d'Iran, mais l’Espagne, l’Inde, la Grèce, l’Azerbaïdjan, le Maroc et l’Italie, ainsi que les États-unis font aussi partie des pays producteurs.

 

 

 

 

 

 

Le safran se cultive dans les climats chauds et méditerranéens.

Il aime la garrigue provençale et adore le soleil et les restanques bien exposées au sud.

Le bulbe de safran aime être planté assez profondément dans la terre (20 cm environ) et préfère les sols argileux et calcaires. Il reste en place plusieurs années durant lesquelles les bulbes se multiplient.

En effet, chaque bulbe va nourrir la plante en émettant de nombreuses racines, puis se multiplier en produisant des bulbilles qui en grossissant vont à leur tour devenir des bulbes capables de produire des fleurs à leur tour...Il faudra donc les diviser et les replanter.

Bulbes de safran en cours de plantation.Bulbes de safran en cours de plantation.

Bulbes de safran en cours de plantation.

Les pluies d'automne suffisent à la floraison et celles de printemps au grossissement des bulbes. 

Il faudra donc chaque printemps, nettoyer les plantations des feuilles sèches et désherber la terre à la main.

Le désherbage manuel est aussi fréquent que nécessaire toute l'année, car le safran a besoin de toute l'énergie de la terre pour pousser.

En mai, une fois les feuilles séchées, le safran entre en dormance jusqu'à l'automne. Là encore il faudra nettoyer régulièrement la terre entre les rangées. 

Protégez vos plantations par un grillage, si vous habitez en campagne, car les sangliers en sont friands.

Il faut savoir en particulier, que la culture du safran appauvrit les sols et que rien ne poussera ensuite sur les terres à safran. Il faudra donc laisser la terre en jachère.

Il faut savoir aussi que la culture du safran est entièrement biologique : aucun engrais chimique n'est utilisé et les plants n'ont pas besoin d'être arrosés !

 

La safran fleurit à l'automne dès les premiers frimas, le plus souvent en octobre. Il donne de superbes fleurs d'un bleu mauve caractéristique qu'il faudra cueillir tôt le matin, à peine écloses, mais surtout après évaporation de la rosée (ce qui n'est pas évident certaines années quand les nuits sont très humides). La floraison dure environ 3 à 4 semaines. 

La cueillette est facile mais quotidienne : il suffit de sectionner la fleur à la main, juste sous la corolle. La fleur non cueillie, se fane très rapidement dans la journée...et le pistil perd aussitôt ses arômes.

Il faudra ensuite, toujours à la main, ouvrir la fleur et récupérer le pistil composé de trois stigmates de couleur rouge sombre (voir dessin plus haut). Cette opération s'appelle l'émondage.

L'idéal pour la commercialisation, est de récolter les trois stigmates réunis ensembles : c'est un gage de qualité !

Récemment, un circuit de valorisation des autres parties de la fleur s'est mis en place : elles peuvent être mises en valeur en particulier dans les cosmétiques.

A la fin de la récolte journalière, le séchage doit avoir lieu soit dans un déshydrateur (méthode artisanale), soit si vous avez planté les bulbes de safran dans votre jardin, au four et à basse température (méthode familiale). Il sera peut-être alors nécessaire de le faire sécher en plusieurs fois.

Une fois sec, il faudra emballer le safran rapidement afin qu'il ne perde aucunement ses arômes. A la maison, le conserver dans de tous petits bocaux et le laisser en attente 6 mois avant de le consommer. Il sera encore plus parfumé.

La durée de conservation totale est de 3 ans après la récolte.

Les vertus médicinales du safran

Il a été longtemps utilisé pour lutter contre la peste, les indigestions et la variole. On sait aujourd'hui que c'est un puissant anti-oxydant et qu'il aurait des propriétés préventives contre le cancer.

A la fois calmant et tonifiant, il aide à lutter contre les dépressions légères tout en étant un stimulant général pour les femmes ce qui explique qu'on lui prête des vertus aphrodisiaques.

Il aide en particulier à lutter  contre les douleurs menstruelles mais aussi le surmenage et la fatigue.

Mélangé à du miel,  il fait merveille pour apaiser les douleurs des poussées dentaires des nourrissons.

Enfin il fait baisser la tension car il ralentit le rythme cardiaque. 

C'est aussi un fluidifiant sanguin.

Enfin il fait baisser le taux de cholestérol ce qui fait du safran, une épice indispensable pour prévenir les maladies cardiovasculaires.

Dans une tisane, une pincée de safran suffit pour soigner aussi bien le rhume, que calmer la toux.

Le safran contient de la crocine (un caroténoïde qui lui donne sa couleur caractéristique), de la picrocrocine (qui lui donne son goût) et du safranal (qui lui donne son parfum).

Il est très riche en vitamine B2 (riboflavine) et en provitamine A.

Les pétales de safran peuvent aussi être consommées et servir à faire des infusions...

Danger : Ne pas confondre le crocus sativus avec le colchique d'automne commun dans nos jardins qui est toxique car il contient de la colchicine, substance dangereuse mais utilisée dans certains médicaments contre la goutte. Ne faites pas de tisanes avec ses pétales !

On distingue le safran, des colchiques d'automne, par la couleur, d'une part et par le fait que ces derniers ont six étamines.

Le safran en cuisine

J'ai emprunté cette photo  (sans autorisation je m'en excuse mais aussi sans contrepartie) sur le site du Safran Della Roma, site qui contient de très belles photos. Voyez je ne suis pas chauvine puisqu'il s'agit d'un safran catalan !!

Par contre si vous voulez en savoir plus sur le safran de Provence, rendez-vous sur le site de l'Association "Safran-Provence".

Le safran catalan

Le safran catalan

Le safran en stigmates est le plus parfumé. Il faut le faire macérer dans un peu d'eau pendant quelques heures avant de l'intégrer à vos plats AU DERNIER MOMENT. En effet le safran ne supporte pas les trop hautes températures. Les puristes le font macérer jusqu'à 48 heures.

Le safran en poudre se dissout aussitôt et il est donc plus facile à utiliser si vous êtes pressés.

Le safran peut être utilisé dans beaucoup de plats de l'entrée au dessert.

En Provence, on l'utilise surtout avec les plats de riz (les risottos), le poisson et les fruits de mer.

Il entre dans la célèbre bouillabaisse et la plus rustique mais non moins délicieuse soupe de poissons.

Il se marie bien avec la lotte.

Bien sûr chaque pays  a son plat traditionnel parfumé au safran : en Espagne, la paella ; en Italie le risotto à la milanaise ; au Maroc, la pastilla (feuilleté de pigeons) ;

Enfin, les safraniers en font une simple omelette et faisant infuser les stigmates dans le lait qu'ils incorporent ensuite aux oeufs battus et salés.

Mais vous pouvez aussi le consommer dans vos tisanes pour le plaisir du goût : il se marie bien avec d'autres épices comme la cardamone, la cannelle ou la girofle.

A noter : Le safran est toujours utilisé pour ses propriétés tinctoriales.

Il donne aux robes des bouddhistes une belle couleur jaune d'or. On utilise aussi ses vertus tinctoriales pour des tissus, des voilages, des tapis.

 

Si vous voulez en savoir plus, prenez le temps de visionner la vidéo ci-dessous...

Cet article a été précédemment publié sur ce blog en 2013.

Il a été mise à jour en 2015, puis les liens ont été vérifiés à nouveau en 2022. 

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J
suite a ton billet de ce 9 dec 2022<br /> merci pour cet article très complet sur le safran<br /> <br /> Nota je te demandais pour les colchiques, je me suis renseignée<br /> bien qu'ils aient une apparence semblable, ceux des prés de la HL sont toxiques, <br /> et a vrai dire je n'ai jamais eu l'idée de cueillir leur pistils!☺
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C
Bonjour,<br /> <br /> Vous avez écrit : " Les pétales de safran peuvent aussi être consommées et servir à faire des infusions "...<br /> <br /> A ma connaissance, c'est une erreur...Les pétales ne se consomment PAS DU TOUT, ils sont TOXIQUES.
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M
Je comprends votre réaction mais je tiens cette information d'un producteur de safran. Et, comme je le précise dans mon article ce sont les confusions possibles avec le crocus d'automne qui pousse à l'état sauvage ou dans nos jardins qui est dangereuse car ces espèces-là sont en effet très toxiques. Je n'ai personnellement jamais utilisé de pétales de crocus sativus en tisane car je ne le cultive pas chez moi. Je sais qu'on les utilise en usage externe dans les produits de beauté par exemple et cela depuis longtemps. Les pétales de vrai safran, de crocus sativus donc, sont de plus souvent retrouvées hachées menues dans le safran vendu par certains "fraudeurs", bien entendu ils coûtent moins chers. S'ils étaient très toxiques cela aurait déjà provoqué de graves problèmes puisque malheureusement le safran pur tel qu'on le consommait quand j'étais enfant ne se trouve qu'auprès des producteurs. Pour info vous pouvez lire cette publication qui en dit davantage à ce sujet : https://hal.univ-lorraine.fr/hal-01732922/document. Bien entendu si cela risque de provoquer des accidents et bien que je mette en garde les lecteurs de mon blog comme je le fais quand je parle de champignons je suis prête à retirer cette phrase...Tout ce que j'écris provient de sites sérieux...Merci de votre intérêt et de votre remarque...je ferai des recherches de mon côté afin de vérifier que de nouvelles découvertes n'ont pas été faites depuis la publication de mon article, il y a 7 ans à présent et revu il y a 5 ans comme je le mentionne. A suivre donc !
E
Bonjour Manou. Tes pages sont très bien organisées et tes articles sur les épices très intéressants. Bonne journée et bisous
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N
quand je regarde les croquus dans la nature je ne pense jamais au safran maintenant ça va changé :)
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M
Oui mais attention ne te fait pas des tisanes de crocus (c'est toxique!). Il vaut mieux que tu t'en tiennes aux photos :) Et fais attention que ton bout de chou ne mette pas ces plantes à la bouche...
M
un billet intéressant, j'aime bien le safran
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M
Merci ! Le fait que la culture reprenne en Provence rendra certainement cette épice plus abordable (enfin je l'espère!).
C
Merci, je viens d'en apprendre beaucoup
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M
Merci Claude pour votre visite...