Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Alors qu'il était trop tard pour demander des explications, l'image du petit tailleur lorrain élevé au rang d'émissaire politique était à la fois plaisante et blessante.
Cela explique peut-être sa vigilance à l'heure de faire de la place, trier les menus objets et se confronter aux souvenirs. Une vie est jalonnée de traces dérisoires accumulées. Aucune ne porte un sens profond en elle-même. Toutes ensemble dessinent un destin.
Voici un recueil de 14 nouvelles, 14 textes courts tous différents qui nous font entrer dans des univers variés et nous font voyager des temps bibliques, dans "Le songe d'Ephraïm", au présent, en passant par l'Antiquité dans "In memoriam circulo" une nouvelle dans laquelle il sera question de la poussée d'Archimède... et nous emmène aussi dans un futur proche de nous et plausible, en 2045, dans la nouvelle d'anticipation intitulée "Coda" qui se passe à Prague.
J'ai beaucoup aimé certaines nouvelles, moins accroché avec d'autres que je relirai sans doute plus tard car j'ai vu sur internet qu'elles faisaient référence à certains romans de l'auteur que je n'ai pas encore eu l'occasion de découvrir, n'ayant lu de lui que "Peau vive" que j'ai beaucoup aimé et que j'ai présenté sur mon blog ICI.
J'ai adoré en particulier la première nouvelle, "Résidence d'auteur", qui donne le ton du recueil. L'auteur nous raconte la difficile intégration de Nourith à Paris où elle vient de s'installer afin d'écrire un roman, en échange de sa résidence. Mais elle n'arrive pas à se concentrer. Un jour quelqu'un sonne à sa porte alors qu'elle ne connait encore personne, c'est le 7 avril. Elle découvre un vieux monsieur adorable qui lui dit vouloir revoir son appartement car il a vécu là dans le passé. Elle accepte de le faire entrer, mais il ne reste avec elle que peu de temps et repart aussitôt. Le mois d'après, le 7 mai, et tous les 7 des mois suivants, il va revenir frapper à sa porte et peu à peu la confiance s'installant, il va lui raconter sa vie. Mais Nourith n'est pas au bout de ses surprises, ni de ses découvertes...C'est une très belle histoire, pudique et emplie de délicatesse, avec juste ce qu'il faut de mystère pour nous tenir en haleine.
La nouvelle, "Les rues parallèles" clôt le recueil. Elle répond en quelque sorte à la première nouvelle, car il est également question d'écriture. Un poète revient dans la ville de sa jeunesse. En attendant de rencontrer ses lecteurs, il décide de déambuler dans la ville car il a deux heures devant lui avant de rejoindre le lieu de la rencontre. Il laisse remonter ses souvenirs... Mais rien ne se passera comme prévu. Est- ce cette rue là ou cette autre, où il a vécu, ou celle où habitait son ami ? Pris par ses recherches, il en oublie l'heure ! C'est une nouvelle superbe où l'on découvre que parfois il faut prendre le temps de se retrouver pour pouvoir passer à autre chose et, tout le reste devient alors sans importance.
"Un orage" est une nouvelle toute courte sur la fin de vie. J'ai aimé la pudeur avec laquelle l'auteur décrit les sentiments de la gouvernante, les gestes qu'elle arrive à faire, tout en disant en toute simplicité au revoir à Monsieur Charles, mais...la chute nous réserve une surprise.
J'ai aimé aussi "Bureau de nuit" et je me suis vue dans ce métro aérien qui passe à heure fixe et dans lequel les passagers, fatigués de leur journée de travail, regardent par la fenêtre. Bizarrement, seul un bureau est encore éclairé et à l'intérieur deux silhouettes, celle d'Ed et de sa secrétaire, Phyllis, restée tard pour l'aider. Ils doivent revoir le bilan de l'entreprise avant la venue du contrôleur et tout doit être parfait au centime près... C'est une nouvelle très cinématographique. Le lecteur est à la fois dedans et dehors, une sensation étrange à vivre lors d'une lecture.
"Les quatre vents" débutent comme un conte. Il nous parle d'un hiver qui dure et ne passe pas...
"Il était une fois un village, blotti entre deux montagnes qui n'étaient pas des montagnes, mais des collines que les gens du village cependant considéraient comme des montagnes. Alors que le village était planté très loin à l'Est, c'était souvent le vent du nord qui s'engouffrait, dans la vallée où le village était blotti. Les gens grelottaient lorsqu'il fallait aller chercher de l'eau dans la rivière, qui d'ailleurs était le plus souvent gelée".
Et si les gens du village écoutaient les conseils de "vivre ensemble" que leur donne la femme du rabbin, des conseils qu'ils ont oubliés depuis longtemps d'appliquer, peut-être verraient-ils enfin le printemps arriver ?
Quand j'ai commencé la lecture de "En souvenir du printemps", une nouvelle toute légère au titre prometteur qui nous raconte la journée d'une jeune femme dès son réveil, je ne m'attendais pas du tout, mais alors pas du tout à une telle chute que bien entendu je ne vous raconterai pas !
Vous saurez tout aussi sur la génèse de l'Adagio d'Albinoni dans "Génèse d'un adagio" et à quoi peut bien servir un vieux ticket de métro périmé dans "Marque-page" qui bien entendu parle de livres mais pas que.
Et finalement, entre celles dont je vous parle plus en détails, celles que je ne fais que citer et celles dont je partage un extrait, il n'en manque finalement qu'une dont je ne vous ai rien dit et c'est, "La place de l'alliance", à vous de la découvrir !
Les étoiles sont nombreuses, si nombreuses qu'il nous est impossible d'en calculer le nombre. Pourtant Celui-qui sait les compte avec amour chaque soir en les appelant par leur nom. Seul le nom permet, au sens propre, de rendre compte. Les morts comme les vivants ne peuvent être décomptés qu'en étant dénommés.
J'ai aimé retrouver la plume délicate et toute en finesse de l'auteur.
Son écriture poétique, son humour qui pointe ici ou là malgré la gravité des sujets abordés, et la tendresse et le regard plein d'indulgence et de bienveillance qu'il pose sur ses personnages tellement humains et proches de nous, sont encore une fois une belle découverte.
L'auteur joue avec les mots, des mots tellement évocateurs qu'ils nous touchent en plein cœur. L'auteur nous invite à travers ses personnages à nous poser des questions importantes et philosophiques : "Le souvenir d'un sentiment est-il aussi un sentiment ?" nous dit-il.
Il sait aussi ménager le suspense et nous surprendre par des chutes inattendues.
Dans ce recueil, les nouvelles même différentes abordent des thèmes communs : l'absence et la disparition des proches, la place qu'ils occupent dans nos vies, le hasard des rencontres qui peut changer une vie, le poids du destin, le devoir de mémoire, l'amitié, les désirs, l'attente, les rendez-vous manqués...et la transmission aux générations futures de notre histoire personnelle mais aussi de la grande Histoire.
On y trouve de nombreuses références littéraires ou musicales, mais aussi de symboles dont je n'ai pas toujours la signification. Les chiffres et les nombres qu'il adore, étant mathématicien et écrivain, sont bien présents. Le chiffre 7 apparait plusieurs fois et j'apprend en rédigeant ces lignes que le 14 a aussi son importance non seulement dans la religion catholique, ce que je savais (les 14 stations du chemin de croix) mais aussi dans la religion juive où il symbolise d'arbre de vie.
C'est un recueil que j'ai beaucoup aimé moi qui lis très peu de nouvelles. J'ai eu du mal à quitter certains personnages et je reconnais que j'aimerai beaucoup les retrouver un jour peut-être dans un roman, qui sait.
Retrouvez l'avis de Tania ICI et de Keisha ICI.
Je remercie encore une fois l'auteur pour sa confiance ainsi que son éditrice pour cet envoi en Service de Presse.
Un auteur que je compte bien retrouver prochainement...
Il y a plusieurs siècles que le voyage dans le temps est maîtrisé. Les règles à respecter n'ont guère changé pour autant. C'est l'une des prérogatives des professeurs d'histoire que de les enseigner. Changer le passé pourrait altérer l'avenir au point de ne plus s'y retrouver...