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Avant d'explorer quelques œuvres du XXe siècle, remontons un peu dans le temps car j'ai découvert en visitant le Musée des tableaux représentant les ponts de Valence sur le Rhône, peints à différentes périodes.
J'ai trouvé intéressant d'en apprendre davantage sur l'histoire de la ville à travers ces œuvres, car comme dans la plupart des villes bâties au bord des fleuves, l'histoire des ponts a de l'importance.
Avant le 19e siècle, les voyageurs ou habitants locaux traversaient le Rhône grâce à un bac à traille. Puis un pont suspendu est construit en 1830 par l'ingénieur Marc Seguin.
Ce pont suspendu par des câbles d'acier, avec un pilier de renfort dans le fleuve, est représenté sur la lithographie ci-dessous, une lithographie que l'on doit à Alexandre Debelle (1805-1897), un peintre, dessinateur et lithographe grenoblois du 19e siècle.
Après avoir étudié le droit, il décide de se consacrer à la peinture en 1830. Il peint alors essentiellement des paysages de sa région, le Dauphiné. Ses lithographies sont publiées dans différents ouvrages. Après avoir vécu un temps à Paris, il devient conservateur du musée de Grenoble. Il peindra aussi des scènes historiques et religieuses.
Je trouvais important de vous montrer ce tableau qui représente le pont suspendu. On voit en avant-plan une barque qui semble retenue par des câbles.
Le pont suspendu a été également représenté dans ce tableau à l'encre de chine, œuvre de Benoist-Joseph Garnier (alias Gustave Girrane), né en 1865- mort en 1922 à Lyon, "Valence et le pont sur le Rhône vus des Granges" (1892).
Cet artiste dessinateur et journaliste a été reporter pendant plus de 15 ans pour le journal "le Progrès" et son supplément "le Progrès illustré". Ses dessins pittoresques qui sont à présent réunis aux Archives municipales de Lyon constituent un témoignage historique d'une grande richesse pour la ville (de la fin du 19e, au début du 20e).
Les deux tableaux ci-dessus sont situés à proximité de ceux d'autres peintres, plus récents, qui ont représenté le pont qui a succédé à ce premier pont suspendu.
En effet, au début du 20e siècle, un pont en pierre est construit. Il sera inauguré en 1905 par Emile Loubet, alors président de la République. Il permet de faire passer sur le Rhône un tramway et davantage de trafic "routier".
Henri Jacquemin a peint à l'aquarelle ce premier pont en pierre. Je n'ai trouvé aucune information sur ce peintre local au sein du musée. Voilà l'affichette qui se trouvait à côté du tableau.
Et voilà le tableau représentant ce pont en pierre.
Ce pont sera bombardé par l'armée française, et en partie détruit, pendant la Seconde Guerre mondiale, en juin 1940, pour ralentir l'arrivée des troupes allemandes. Les Valentinois surnomment alors le pont, le pont coupé. Il sera définitivement détruit en 1950.
Un pont provisoire en bois est alors bâti. Il sera lui aussi détruit en 1944.
Marcelle Ageron (1902-1955) le représente sur le tableau (aquarelle) ci-dessous, alors qu'il est en partie détruit. Le tableau intitulé "La Basse ville et le pont détruit" a été peint en 1940.
C'est son père, Louis Ageron (1865-1935), considéré comme un des plus grands aquarellistes de la région de Valence qui a partagé sa passion pour l'aquarelle avec elle, elle a été sa première et plus fidèle élève. Fils d’un simple entrepreneur, il a étudié à l’Ecole des Beaux-Arts de Lyon, avant de parfaire sa formation à Paris où il intègre les ateliers de Jean-Léon Gérôme et Henri Harpignies. A son retour à Valence, il prend la direction de l’école d’art, on lui commande de nombreux portraits mais sa passion qu'il transmettra donc à sa fille, c'est l'aquarelle. Pour lui tout est question d'atmosphère.
Il partage avec sa fille ses excursions dans la nature, sur laquelle elle portait un regard différent. Son fils, Pierre Ageron était lui aussi un personnage connu car spéléologue de renom. Il a redécouvert en 1949, la grotte de l'Aven Mazal en Ardèche une grotte oubliée pendant plus de 15 ans (voir son histoire ICI pour ceux qui s'intéressent à la région).
Une famille emplie de talents donc, dont je n'avais jamais entendu parler, mais dont le nom est connu par tous les valentinois.
Auguste Marimon a lui aussi peint en 1943, le pont détruit.
Son aquarelle intitulée les "Ruines du pont sur le Rhône en direction des Granges" montre une vue de l'autre côté du Rhône par rapport au tableau précédent. Je n'ai rien trouvé sur ce peintre sinon qu'il avait peint de nombreux paysages de la région et en particulier de Saint-Péray, un village situé au pied de la montagne de Crussol, situé de l'autre côté du Rhône, face à Valence.
On peut donc supposer qu'il s'agit d'un artiste local ou qui venait passer du temps dans la région.
Une passerelle suspendue provisoire est mise en place dès 1949 et perdurera jusqu'en 1962, date à laquelle il est décidé de bâtir un nouveau pont sur le Rhône. Les travaux débutent en 1963 et le pont neuf entre en fonction en 1967 : c'est le pont Frédéric Mistral, toujours utilisé de nos jours.
Il vient d'être rénové en 2024.
Voilà notre article est terminé pour aujourd'hui. Prochainement, nous continuerons la visite du Musée d'Art et d'Archéologie en explorant quelques œuvres du XXe siècle, enfin, comme d'habitude...si vous le voulez bien.