Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Ce sont des petites filles qui courent, des petites filles qui sautent, qui rêvent, qui parlent, qui se taisent, mais n’en pensent pas moins, qui grandissent sous des cieux différents et dans des familles variées, certaines seules et d’autres au milieu de nuées de frères et sœurs, certaines avec l’amour de la famille et d’autres avec la peur au ventre — de prendre trop de place, de ne pas être à sa place, peur de la mère, du père, du grand-père, et ô combien chanceuses celles qui ont, à jamais fichés en leur cœur, des souvenirs doux et tendres : une main sur un visage, une voix dans une oreille, un pas dans lequel inscrire le sien, un pas qui ouvre le chemin, va, continue, trace ta route. Des petites filles certes bien différentes, mais qui ont comme un air de famille...
"C'est donc toi la fille du rebelle !"
Debout sur l'estrade, la maîtresse lui désigne du doigt la dernière table, tout au fond de la classe. Et pendant que la directrice referme la porte, elle ajoute un peu plus bas, pour elle-même, avec une grimace de dégoût : "Voilà qu'on nous envoie des enfants de fellagas !" Samia l'entend cependant. Sans rien dire , elle se détourne et se dirige vers la place désignée...
Voilà un recueil que j'ai pu lire en avant première grâce à la dernière Masse Critique de Babelio et à leur partenariat avec les Éditions Chèvre-feuille étoilée que je ne connaissais pas. Je les remercie de leur confiance. Ce recueil ne sortira en librairie que le 8 mars 2025 prochain, lors de la Journée Internationale des Droits des femmes.
Il rassemble les textes de 22 femmes écrivaines de langue française que je ne connaissais pas, sauf de nom pour quelques-unes, et que j'ai donc découvert avec grand plaisir, car ces écrits sont absolument magnifiques et bouleversants.
Toutes ces écrivaines nous livrent un petit instant de leur enfance, en acceptant de se souvenir d'un lieu ou d'un évènement marquant.
Elles nous racontent des fragments de leur vie qui nous parlent d'innocence, d'un passé heureux et empli de légèreté mais aussi, d'amour filial, d'éducation, de fratrie, de jeux et de rires. Parfois au contraire, ce sont des non-dits, des blessures encore douloureuses ou des événements emplis d'incompréhension. Quelquefois, leurs souvenirs reflètent le vécu de leurs propres parents, ou des fragments du passé familial qui, de génération en génération, deviennent plus lourds à porter.
Les mots sont simples mais forts, émouvants et tout à fait évocateurs. Ce sont des paroles de femmes qui laissent entrevoir les petites filles fragiles ou fortes qu'elles ont été. Le passé est retrouvé, revisité et parfois même réinventé.
Certains de ces souvenirs nous rappellent avec nostalgie notre propre enfance, d'autres se passent si loin d'ici ou de nous, qu'ils nous font découvrir d'autres vies et des bribes d'histoire de leur pays.
Certains enfin, font ressortir des décombres d'une guerre, toute une enfance enfouie qui s'est envolée à jamais...
C'est une lecture à recevoir comme un cadeau.
Un véritable coup de coeur qui me permet de participer encore une fois au challenge "Bonnes Nouvelles" voir ICI, puisque nous pouvons intégrer dans ce challenge, des recueils de textes courts.
La vie, c'est cela peut-être. Une ombre qui s'allonge sur le seuil, une cour chauffée au soleil, abritée d'arbres hauts, le vent qui frappe à la porte. Et l'attente.
J'ai attendu. Longtemps.
Et puis un jour, j'ai décidé de prendre le chemin de l'enfance. D'y retourner chercher tout ce que j'avais perdu là, éparpillé, dans le plus grand désordre. Et de ne plus rien y laisser.
"Ne me dérêve pas" tel était mon leitmotiv, lorsqu'à six ans ma grand-mère maternelle me découvrait cachée sous une table de la salle à manger, pour échapper à la suite d'impératifs qu'elle allait inéluctablement décliner sans reprendre son souffle.
J'ai été élevée par des femmes dominatrices, ma mère et ma grand-mère, qui m'ont montré et démontré, dès le plus jeune âge, que les hommes, plus précisément les maris, ne comptaient guère. Et pour le démontrer, on pouvait leur faire confiance.
Les 22 femmes qui ont contribué au recueil, dont je vous mets la liste ci-dessous, font toutes partie d'un collectif "le Parlement des écrivaines francophones" (ou PEF). Créé en 2017, ce regroupement de femmes dont je ne connaissais pas l'existence, je l'avoue, a pour objectif de faire entendre la voix de femmes, toutes autrices et issues de différents pays du monde.
Bien entendu, vous vous en doutez, le Parlement vise aussi à les faire connaître et reconnaître dans le monde, mais aussi dans leur propre pays, à défendre le droit des femmes, des hommes et des enfants.
Pour cela un des rôles majeurs de ce Parlement des écrivaines est de diffuser leurs textes afin de nous faire découvrir le regard qu'elles portent sur leur pays et les événements qui s'y déroulent.
Il propose donc un autre regard sur le monde, vu de l'intérieur et à travers le ressenti et les mots de ces autrices qui s'expriment ici en toute liberté.
Voir leur site ICI, pour ceux qui veulent en savoir plus.
Voici le nom des ces 22 femmes écrivaines qui nous livrent un peu de leur enfance dans ce recueil :
Marie-Rose ABOMO-MAURIN, Muriel AUGRY, Safiatou BA, Anissa BELLEFQIH, Maïssa BEY, Euphrasie CALMONT, Bettina DE COSNAC, Laurence DIONIGI, Nadia ESSALMI, Fatoumata KANE, Georgia MAKHLOUF, Danielle MICHEL-CHICH, Cécile OUMHANI, Christine PAYEUX, Édith PAYEUX, Catherine PONT-HUMBERT, Michèle RAKOTOSON, Annie RICHARD, Leïla SEBBAR, Janine TEISSON, Marie-Christine VANDOORNE, Fawzia ZOUARI.
Une courte biobibliographie de chacune termine en beauté le recueil pour nous donner envie de prolonger notre lecture.
Bonne lecture à tous !
Mon enfance s'est brisée dans les rafales de Kalachnikov, qui ont déchiré le silence matinal, et devant des barrages montés à la hâte par des barbus désoeuvrés, qui ont empilé des sacs de sable au pied de l'immeuble où nous habitions et masqué leurs visages avec des cagoules...
J'ai perdu mon enfance en quelques jours. Je ne savais plus où elle était, je la cherchais désespérément, comme un objet qu'on a égaré et qu'on ne trouve plus alors qu'on y tient tant. ...