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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

Le Pouilleux massacreur / Ian Manook

La Manufacture des livres, 2024

La Manufacture des livres, 2024

Je fréquente la bande parce qu'en dehors de la fac, je n'ai rien d'autre à faire et que je m'ennuie dans le HLM blême de mes parents au milieu de ma cité dortoir...
Le petit bourge futé d'urbaniste qui a imaginé la cité où nous vivons n'a prévu aucun bar. Zéro troquet. Dix mille nouveaux habitants et pas un rade ! Cité prolo, qu'ils ont dit. Métro, boulot, dodo. Pas bistro.

Dans les années 60, à Meudon-la-Forêt, en banlieue parisienne, une jeune femme est retrouvée morte dans un terrain vague. Elle n'a pas été violée, et on ne l'a pas volé non plus, mais elle est anormalement amochée. Le commissaire Martineau, aux vues des empreintes de pas trouvées sur les lieux, est tout de suite mis sur la piste d'une des bandes de jeunes du quartier, celle de Sorb. Ce ne sont pas des voyous, juste des jeunes qui s'ennuient dans leur cité dortoir, volent une caisse de temps en temps, s'amusent en braquant quelques maisons...sans plus. 

Sorb (Mathieu pour ses parents) est le diminutif de Sorbonne. Il est issu d'une famille arménienne qui fait tout pour lui permettre de continuer ses études.

C'est Laurent, un des leurs, qui a tabassé la femme pour la faire taire, parce qu'elle avait peur de lui, alors qu'il ne lui voulait aucun mal,  mais un homme en entendant ses cris, s'est mis à tirer de vraies balles de sa fenêtre. Laurent craignait pour leur vie et a juste frappé trop fort. Bien entendu, Sorb et sa bande vont tout faire pour le couvrir...

C'est le début d'une dégringolade qui d'évènements dramatiques en évènements plus violents, nous fait craindre le pire pour l'avenir de ces jeunes, ces potes que Sorb voudrait tant sauver, et nous aussi...avant qu'il ne soit trop tard. 

Mais dans les années 60, en banlieue, ce n'est pas facile de vouloir sortir de sa condition sociale...

Ce type ne sait pas mentir. Même sans rien dire, il a l'air coupable de ce qu'il cache. Martineau le salue de la tête. Les rares habitués sont partis. Il ne reste que la bande autour de la table. Ceux qui jouent et ceux qui regardent en attendant le massacre. Seule Annie navigue ailleurs, toute seule devant le juke-box, les yeux au plafond, et rêve qu'elle s'appelle Daniela et que l'amour d'Eddy Mitchell n'est qu'un jeu pour elle.

Il y a encore plus malheureux que le prolétariat relogé des cités. Il y a le populo abandonné de tous, celui des quartiers insalubres. Les moins que rien. Les sans nom. Les sans dents. Les miséreux. Ceux dont on attend qu'ils s'éteignent d'eux- mêmes, comme un feu qui couve et qu'on ne daigne même pas noyer, attendant qu'il s'étouffe...

L'enfance ne fait pas de nous ce que nous devenons, c'est ce que nous devenons qui tue notre enfance. Après il ne reste plus que l'idée que nous nous en faisons.

Ian Manook nous offre en fait non pas un roman policier, puisque le lecteur connait à chaque instant le ou les coupables, mais un roman social magnifique, loin de son style habituel.  Il nous fait entrer avec réalisme au cœur de cette bande de jeunes sans aucune illusion sur son avenir. C'est toute une génération sacrifiée par avance... qui ne trouve pas sa place dans ce que la société de l'époque a à leur donner.

Voilà pourquoi l'auteur choisit parmi la bande de s'attacher aux actes et aux réflexions de Sorb qui semble être celui qui a le plus de chance de s'en sortir, parce qu'il est à la fac et qu'il veut devenir journaliste. Le lecteur fait sa connaissance, participe à sa vie de famille, le suit lors de ses rencontres avec sa petite amie Katia ou ses potes, en particulier Figos, et espère qu'il saura faire face à ce qui l'attend. Il le découvre fidèle en amour comme en amitié, mais encore naïf et incapable de comprendre tous les enjeux de ce qu'on lui fait miroiter et pour toutes ces raisons, il s'attache à lui. 

L'auteur nous présente également les membres de la bande, leurs parents_ tous immigrés et ouvriers_ qui tentent en vain de sortir la tête de l'eau et espèrent que leurs enfants feront mieux qu'eux. Là-bas, tout le monde travaille pour Billancourt ou des sous-traitants. La vie dans les HLM est d'une grande tristesse et je ne parle pas des bidonvilles qui abritent encore des centaines d'immigrés encore plus mal lotis que ceux de la banlieue. 

Ian Manook n'oublie pas pour autant le contexte historique de ces années-là : la France à peine sortie de la Guerre d'Algérie, les attentats de l'OAS, les manifestations interdites et leurs terribles répressions policières (en particulier celles du métro Charonne, le 8 février 1962).

Il nous parle aussi de l'attrait d'un ailleurs qui s'avèrera aussi décevant que dangereux. 

Le climat social est explosif, l'extrême droite bien trop présente, le racisme le lot quotidien de tous les immigrés. La révolte gronde et pourtant les réseaux sociaux n'existaient pas, mais les bien pensants et les riches ne voulaient rien voir de ce qui les entourait tout comme les médias, qui passent plus de temps à s'extasier sur la "robustesse du paquebot France"...plutôt que de parler de la vie misérable des habitants dans les banlieues. 

C'est un roman passionnant que j'ai beaucoup aimé mais qui m'a laissé un sentiment d'impuissance et de tristesse, car finalement 60 ans après, je ne peux que faire le constat que trop peu de choses ont changé.

Puisqu'il se passe entièrement à Paris et sa banlieue, ce roman me permet de participer à nouveau au challenge d'Inganmic "Sous les pavés, les pages" qui se termine dans quelques jours. 

Quoi que tu écrives, souviens-toi bien de ça, quelqu'un se sert de toi, un autre te ment, un troisième t'édulcore, et un dernier te lit en ne comprenant que ce qu'il veut bien comprendre. Même si tu fouilles, pioches, creuses, tu ne sauras que ce qu'on voudra bien que tu saches et, de toute façon, on ne publiera de toi que ce qu'on voudra bien publier. Et quand bien même tu aurais l'impression d'une exclusivité, c'est juste que quelqu'un, quelque part, aura bien voulu te permettre de sortir cette information, pour des raisons qui ne dépendent pas de toi et qui t'échapperont toujours. Appelle ça la morale, la raison d'Etat ou le secret-défense, comme tu veux, mais ce que tu écriras ne sera jamais ta vérité. Toujours la leur. Celle qu'ils t'autorisent.

Bon weekend à tous !

Bon weekend à tous !

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G
Un auteur que je n'ai toujours pas lu... de peur qu'il soit "trop dur" pour moi...
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G
Un roman social qui a l'air assez violent.
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C
j'ai lu plusieurs livres de Iann Manook , d'un tout autre genre, j'avais beaucoup aimé<br /> mais celui ci doit être passionnant, merci de la présentation<br /> bonne soirée<br /> bisous<br /> patricia
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S
Bonsoir Manou, je ne crois pas que j'aimerais le lire, c'est trop déprimant et je ne supporte plus cette violence gratuite dans les banlieues dont on parle déjà tant à la radio...Bises
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R
Bonjour Manou, merci pour cette analyse détaillée et passionnante de "Le Pouilleux massacreur" de Ian Manook, mettre en lumière les aspects sociaux et historiques de ce roman avec une grande finesse, ton article nous permet de mieux comprendre les enjeux et les difficultés rencontrées par les jeunes de cette époque, c'est un véritable plaisir de te lire et de découvrir à travers tes mots la richesse de cette œuvre, bon lundi à toi, bisous.
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Z
salut toi<br /> ah un roman a découvrir :O)<br /> merci pour ce ti partage ;O)<br /> bonne apres midi
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S
Alors moi, ce titre ne me fait pas du tout le même effet qu'à beaucoup, sans doute parce qu'il m'évoque avant tout un jeu de cartes. Est-ce que l'auteur a fait un jeu de mots ?
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M
Tu as vu juste et tu as raison sur les deux tableaux ! Le titre évoque bien un jeu de cartes qui ressemble un peu à un jeu de massacre comme dans la vie de ces jeunes de banlieue...Ils jouent au pouilleux massacreur quand ils se retrouvent tous ensemble au bar...
F
Quel titre ! Je n'ai toujours pas lu cet auteur mais c'est en projet. Question : commencer par ce roman social ou plutôt par un de ses polars ?
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M
J'aime ses polars et j'aime aussi celui-ci. Je dirai peut-être par celui-ci car apparemment il n'y a pas de suite prévue, alors que les polars de Ian Manook sont souvent des trilogies et donc l'idéal est de lire les trois et parfois dans l'ordre, ce que je n'ai pas fait pour la dernière que j'ai lu, j'ai d'ailleurs encore un des tomes à lire...
P
Oui, c'est un constat, peu de choses changent dans le fond ! La vie est un éternel recommencement, n'est-ce pas? <br /> C'est un auteur que je ne connais que de nom. Je n'ai rien lu de lui. <br /> Bon weekend
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L
Coucou en lisant ton article je me disais justement on peut transposer à aujourd'hui. Bisous
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C
le titre ne donne pas spécialement envie et j'avoue que je partage ton avis, bien triste concernant cette société qui évolue dans le mauvais sens..... merci pour ton gentil commentaire concernant notre Aria. bises.celine
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F
Que te dire ma douce Manou, le titre ne m'inspire pas vraiment malgré tes bonnes analyses, merci pour le partage, bon week-end, gros bisous
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P
Bonjour Manou,<br /> Le titre ne donne pas trop le gout de lire ce roman. Bon heureusement tu es là pour nous en faire une bonne analyse.<br /> Belle journée et douce fin de semaine. A lundi. Bises
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R
Rien que le début m'as donnée envie de le lire je l'ai mis dans mes envies du coup. bon weekend . Bisous
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V
Comme j'ai envie de retourner vers cet auteur ! J'avais "lu " (version livre audio) Yeruldelgger que j'avais beaucoup aimé, celui-ci semble complètement différent (on était en Mongolie) mais très fort aussi.
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M
J'ai lu aussi et adoré sa trilogie Yeruldelgger et commencé dans le désordre une deuxième série "Kornelius Jakobson" dont je n'ai pas encore lu le premier et présenté déjà les deux suivants. Elle m'a beaucoup plus aussi. Là nous sommes davantage dans le roman social que dans le polar.
A
Un auteur dont j'aime les romans courts. Ce que tu dis de celui-ci me tente.
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M
Le titre ne me donne pas envie malgré ton analyse positif
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K
J'aime beaucoup le titre, en tout cas (jeu de cartes, tu connais?)
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M
Bien entendu d'autant plus que de ce jeu il est question dès le début du roman lorsque tous les jeunes sont réunis dans le bar...mais je ne voulais pas en dire davantage :)
C
Pas très encourageant ce titre, même quelque peu repoussant, mais parfois on peut avoir de belles surprises<br /> bon weekend
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L
Pas pour moi ! Déjà le titre ne rebute et ne me donne pas envie. Mais heureusement, il en faut pour tous les goûts !<br /> Bisous et bonne journée
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