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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

Juste après la vague / Sandrine Collette

Denoël, 2018 / Livre de Poche, 2019

Denoël, 2018 / Livre de Poche, 2019

Alors pour donner raison à la mère, et pour détruire tous ses espoirs, le septième jour, l'eau se remit à monter.
Cela commença par un regard du père.
Un seul, et Madie avait deviné. Elle ferma les yeux, il n'avait pas besoin de le lui dire.
Parce que ce septième matin, quand elle avait regardé dehors, le rocher qui lui servait de repère avait disparu. Elle n'avait pas voulu y croire. Pas voulu regarder une seconde fois non plus, préférant le doute et l'angoisse à l'affreuse certitude. Cela viendrait bien assez tôt...

Pata et Madie sont pauvres mais vivent heureux sur une colline éloignée du village, avec leurs neuf enfants : Louie, Noé, Sidonie, Liam, Mattéo, Lotte, Emilie, Marion et Perrine.

Il y a six jours, un volcan s'est effondré dans l'océan provoquant un tsunami gigantesque. Pourquoi n'ont-ils pas écouté les anciens qui prévoyaient une catastrophe d'une telle ampleur ? Pourquoi n'ont-ils pas fait comme les "trouillards" qui sont partis avant la catastrophe ? 

Il ne sert à rien de se torturer car maintenant c'est trop tard, et tout a disparu : à perte de vue, il n'y a que la mer...et eux au sommet de leur colline. Plus de village, plus de vallée, plus de maisons ou d'animaux, et des milliers d'êtres humains...tout a été emporté par les flots.

Le problème pour eux est que maintenant que la mer a gagné sa place sur la terre, tout envahi en ne laissant que quelques rares collines émergées, elle ne s'est pas retirée et qu'au contraire elle monte inexorablement de jour en jour. La maison est à présent entourée d'eau et les parents sont inquiets.

Les premiers jours, au loin, ils ont vu passer quelques rares embarcations et dans l'eau beaucoup de débris, et hélas de cadavres.

Peut-être sont-ils les seuls survivants ? Le père pense que non et que les Terres Hautes n'ont pas pu être atteintes par la mer.

Découragés d'attendre des secours qui n'arrivent pas, sachant que la nourriture ne pourra que manquer malgré la présence de leurs poules, ils décident de partir avec leur petite barque pour rejoindre les hautes terres de l'Est où ils pourront survivre, mais la barque n'est pas assez grande pour réunir toute la famille. Il leur faut donc se décider à laisser Louie, et deux autres de la fratrie Perrine et Noé, "ceux du milieu" qui ne pourront pas les aider à ramer, pour emmener avec eux les plus grands et les plus petits qui eux ne pourraient pas survivre sans leurs parents.

Les trois enfants sont désespérés quand ils se réveillent seuls sur l'île et qu'ils comprennent que leurs parents se sont mis en route en cachette pendant la nuit. Ils pensent que c'est à cause de leur handicap qu'on les a laissés. Louie a en effet une patte folle depuis sa naissance, Perrine a perdu un œil dans un accident et Noé, est très petit pour son âge.

Tous trois vont devoir s'organiser pour faire face à la faim (apprendre à se rationner et à cuisiner), affronter seuls les nouvelles tempêtes, la solitude et les mauvaises rencontres, et attendre, car la mère l'a promis dans la lettre qu'elle a laissée pour eux avant son départ : le  père reviendra les chercher.

Mais les jours passent et l'eau continue inexorablement à monter... 

Il n'y a rien de plus vivant que ses petiotes, rien qui ait davantage raison qu'elles, anrées dans chaque instant, oublieuses du passé, inconscientes de l'avenir quand il dépasse la prochaine heure ou le prochain repas. Il envie leur spontanéité animale, l'élan irréfléchi qui les porte vers le lendemain quoi qu'il arrive, égoïste et superbe, des âmes vierges ignorantes du bien et du mal, ses marmottes, ses petites filles. Il s'assoupit une heure ou deux en les couvant du regard. Si elles n'étaient pas là, il serait déjà mort...

Ce roman post-apocalyptique reprend le thème bien connue de la catastrophe plausible mais qui restera mystérieuse sur ses origines et même ses suites, puisque normalement après un tsunami, l'eau se retire. Le lecteur comme les personnages du livre, est angoissé à l'idée qu'elle continue de monter, mais comprend que les tempêtes y sont pour quelque chose, un dérèglement climatique irréversible en quelque sorte, ce qui n'est pas sans rappeler certaines des prévisions climatiques actuelles. 

Mais c'est avant tout un roman noir et un drame familial, qui alterne les voix des enfants restés seuls sur l'île qui vont devoir s'organiser et le récit du terrible voyage qui attend les parents et leurs six autres enfants. 

Il est découpé en trois parties, en plus du prologue qui nous présente les personnages : le jour du départ des parents, vu du point de vue des enfants restés sur la terre ferme ; le jour du départ du point de vue du reste de la famille sur la barque ; et 9 jours plus tard lorsque les événements se sont dégradés et que chaque membre de la famille a souffert d'une manière ou d'une autre de la façon la plus horrible qu'il soit.

Inutile que je vous dise que l'ambiance est oppressante, et que comme à son habitude, l'autrice ne laisse pas son lecteur respirer une seule minute tant les émotions s'entremêlent et le suspense devient insoutenable au fil du roman. Sa manière de décrire chacun des événements, chacune des pensées des personnages est toujours hyper réaliste, ce qui plonge le lecteur dans une angoisse quasi viscérale et je reconnais que j'ai eu maintes fois envie de lire les dernières pages pour savoir ce qu'il allait advenir des enfants abandonnés mais j'ai résisté.

L'autrice sait particulièrement bien nous décrire la personnalité de chacun des personnages ce qui nous les rend encore plus attachants. 

Elle aborde aussi à travers son roman le thème de l'amour parental, et en particulier de l'amour maternel et bien entendu le thème du handicap. Le point de vue de ces enfants "pas comme les autres" qui envisagent lucidement que les parents les aient abandonnés parce qu'ils ne les aimaient pas à cause de leur handicap, est tout à fait bouleversant...bien entendu que le raisonnement du père se tient et le désespoir de la mère inconsolable est émouvant pour nous qui avons des enfants. En tant que mère j'ai ressenti beaucoup d'empathie pour elle, car comment une mère peut-elle  sélectionner lesquels de ses enfants elle va abandonner. Le père par contre, pragmatique, veut avant tout sauver le plus de membres possibles de la famille. Cependant vous le verrez en lisant le roman, nous n'adhérons pas à toutes ses décisions, ce qui rend cette lecture encore davantage riche en émotions.

Il faut bien reconnaître que l'autrice sait jouer avec nos peurs les plus enfouies. Tout d'abord, cela nous ramène à notre petite enfance, le Petit Poucet est passé par là bien entendu, qui peut se vanter de n'avoir jamais eu peur, enfant, d'être abandonné ? C'est même un sentiment qu'adulte nous pouvons connaître lors du deuil d'un proche...Qui n'a jamais eu peur de l'eau, des profondeurs, des animaux qui se cachent dans les profondeurs ?  

Et puis nos angoisses profondes se révèlent : qui n'a jamais eu peur pour ses enfants ? Et nous quels choix ferions-nous dans l'urgence ? Je ne veux même pas y penser ! 

Il parait que l'autrice a une peur panique de l'eau, une peur qu'elle symbolise dans le roman par la présence du "monstre marin" (auquel je le reconnais je n'ai pas cru) et à la montée de l'eau qui nous fait craindre que les enfants meurent noyés. En apprenant cela, je me suis demandée comment elle avait pu ne pas faire de cauchemar en écrivant ce roman. Tout que je peux dire c'est qu'elle nous transmet ses angoisses...et le pire c'est qu'on en redemande. 

J'hésitais à le mettre dans le booktrip en mer de Fanja (voir ICI) et pourtant la mer entoure nos héros et ils passent plus de temps sur l'eau à naviguer que sur terre...alors pourquoi pas si Fanja l'accepte, ça fait un polar de plus.

Bonne lecture !

Bonne lecture !

Un chagrin les prend, la nostalgie d'un monde qui meurt, de la page tournée sur leur enfance et leurs espoirs, l'île va disparaitre et Pata n'est pas revenu les chercher. Sans rien dire aux autres, chacun d'eux espère le croiser sur la mer, ce soir, demain, dans deux jours. S'ils ne croyaient pas cela, sans doute ne partiraient-ils pas. L'océan leur fait peur...

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M
Je viens de lire ce livre...Impossible de s'en détacher...
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M
Je le note, envie de me plonger dans cette vague
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A
Une lecture qui m'avait marqué. Un titre auquel je n'aurai pas pensé pour le Book trip en mer.
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F
Oups, ce billet était passé entre les mailles du filet.😅 Je n'ai pas lu ce livre, tu es donc la mieux placée pour savoir si ça peut intégrer le book trip en mer, mais d'après ton retour, ça y a tout à fait sa place. J'ai des catégories thriller et post/apo parfaites pour ce roman qui semble, par ailleurs, brasser des thématiques plus larges et universelles, et toutes aussi intéressantes. J'avais prévu de lire Six fourmis blanches de Sandrine Collette pour enfin la découvrir, mais ce roman me tente encore plus !
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M
Tu peux la ranger dans les thrillers sans problème en effet. J'ai hésité c'est vrai parce que je n'avais pas pensé à ce style de lecture pour le book trip c'est en le lisant que je me suis dit que puisque tout se passait sur l'océan cela pouvait convenir aussi... J'avoue que j'aime beaucoup Sandrine Collette et que je me laisse souvent tenter par ses romans...toujours angoissants !
S
Un roman qui me plairait, mais anxiogène tout de même....Bises à toi.
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E
Bonjour Manou. Je ne l'ai pas trouvé à la médiathèque alors j'ai été l'acheter. Bonne journée et bisous
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S
Hihi, j'adore ta remarque : "le pire, c'est qu'on en redemande", quel meilleur signe d'une lecture réussie ?
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E
Bonjour Manou. J'apprécie cet auteur et comme je pars à la médiathèque je vais chercher ce roman qui doit être angoissant. Bonne journée et bisous
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C
bonjour<br /> le petit poucet revu ..fiction mais je pense que de telles situations doivent arriver dans des contextes différents.<br /> Pour Entrevaux, on avait dormi non loin. Pour nous aussi trop de trajet<br /> belle semaine
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A
Bonne soirée. En espérant que vous n'ayez pas trop chaud. Bises
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A
Oui c'est une bonne auteure. Je l'apprécie comme Fred Vargas.
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P
Les scénarios catastrophes, je n'aime pas trop, mais je l'essayerai un jour, car il est dans ma PAL. Tu me donnes plutôt envie de le lire alors que j'hésite depuis longtemps. Un jour viendra...
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T
Je me le note! <br /> J'ai justement reparcouru récemment une nouvelle signée Jules Verne (et dont le manuscrit est en fait de l'écriture de son fils Michel Verne), intitulé l'éternel Adam, qui fait état de l'engloutissement du monde tel que nous le connaissons par les flots... vu à travers les yeux d'un archéologue, d'ici 400 siècles! <br /> Là, je me demande si les trois enfants survivent, ce qui se passe après... <br /> Il va falloir que j'y jette un oeil, merci.<br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
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J
Bonjour Manou, une auteure à suivre avec un nom qui rappelle une grande écrivain ! Je te souhaite un très bel été et de bonnes lectures ! De coté, je relie du Frédéric Dard.
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F
C'est une auteure que j'apprécie beaucoup. Ses livres sont magnifiquement écrits.
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M
Bonjour Manou,<br /> Ta présentation m'a bien plu.<br /> Je télécharge ce fichier illico!<br /> Merci et bisous.<br /> Bon après-midi,<br /> Mo
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F
L'eau source de toutes les angoisses qu'il y en est trop ou que l'on en manque, l'eau soit est vitale , soit est létale. <br /> Cette lecture, telle que présentée doit être particulièrement haletante... L'eau qui occupe toujours plus d'espace... les continents réduits à des îles ou îlots. des parents qui doivent choisir lesquels de leurs enfants ils vont tenter de sauver en priorité, quelle douloureuse épreuve !<br /> Oui, c'est bien dans la nature humaine et déjà dès l'enfance : jouer à se faire peur ... et voici, qu'au cœur de l’Été, entre bains de soleil et bains de mer, étendu sur le sable ou bien calé dans son transat, on choisit telle lecture pour frissonner même si le mercure atteint les températures caniculaires...<br /> Mais on a toujours à apprendre de ses peurs, y compris de celles émanant de l’intrigue bien ficelée d'un roman s'inspirant des aléas de notre temps à l'ère du réchauffement climatique.<br /> Merci pour cette suggestion de lecture que je retiens pour plus tard, étant, ces jours-ci, plus axés sur l'actualité olympique.<br /> Amitiés des farfadets du Poitou.
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B
J'ai dû le lire à sa sortie, mais j'avoue ne pas en avoir de réels souvenirs.
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D
J'en ai beaucoup entendu parler, mais je ne l'ai pas lu. J'imagine bien qu'on n'a pas envie de lâcher ce roman une fois qu'on l'a commencé, se demandant ce qui va arriver à chacun... J'avais déjà envie d'en savoir plus rien qu'en lisant ta chronique. Merci d'avoir aprtagé ta lecture avec nous.
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B
Lu et aimé !<br /> Un livre très angoissant. J'ai peur de l'eau également !<br /> Je te remets le lien de l'article le présentant que tu avais commenté :<br /> http://kimcat1b58.eklablog.com/la-vague-a211108544<br /> <br /> Bisous Manou et bon début de semaine
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M
Oui en effet...ne t'inquiète pas cela arrive souvent que les titres se ressemblent et celui que tu as présenté a l'air tout aussi angoissant et prenant ! Bisous et bonne journée
B
Je me rends compte aujourd'hui avec l'article d'Ecureuil Bleu que j'ai fait une confusion de livres avec leurs titres ressemblants...<br /> Mais bon ce n'est pas grave les deux sont très bien !<br /> Et tu as dû rectifier de toi -même...<br /> Bisous Manou et bon 15 août