Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Les femmes ont le chic pour aborder plusieurs affaires en moins de trente secondes. Une gageure pour nous les hommes qui avons besoin d'une poignée de minutes pour assimiler un seul sujet, quand on parvient à l'assimiler.
Voilà un polar loufoque écrit par un auteur toulousain dont je n'avais encore jamais entendu parler lorsque je l'ai obtenu lors de la dernière Masse Critique de Babelio que j'en profite pour remercier ici, ainsi que l'éditeur Cairn, que je ne connaissais pas non plus. L'auteur est le frère de Franz-Olivier Giesbert ce que j'apprends en rédigeant cette chronique. Il a déjà écrit plusieurs livres sous son propre nom, dont des essais, mais aussi sous le pseudo de Norman Ginzberg.
C'est l'histoire de Matthias Degenhardt, un ancien flic de la BAC de Seine Saint-Denis qui a été radié pour faute grave et se retrouve à Souberne, un village fictif perdu au pied du Pic du Midi, où il pleut presque sans discontinuer...ce qui rend les habitants dépressifs et accros aux drogues en tout genre. Là bas, il tente de refaire sa vie tout en rendant service pour résoudre les problèmes du quotidien en tant que "démerdeur toutes branches". Il mène donc de petits enquêtes pour lesquelles il touche à peine de quoi vivre, mais en échange de l'amitié et de la considération des habitants.
Un jour, il reçoit Odette et Francis, un couple de retraités éplorés. Ils viennent lui demander d'enquêter sur la disparition de leurs "bouts de choux" lesquels s'avèrent être des... nains de jardin. Or il ne s'agit pas de nains ordinaires, non ! Il s'agit de nains qui se retrouvaient pour réparation chez eux ...car Francis, depuis plusieurs années est passé maître dans l'art de réparer ces adorables petits habitants des jardins. Le couple est prêt à y mettre le prix, ce qui arrange bien notre "démerdeur", fauché comme jamais.
Matthias va donc ravaler son envie de se moquer d'eux et accepter de mener l'enquête. De plus Camille, une mystérieuse jeune femme, fraichement débarquée dans le village, se propose de l'aider dans sa quête...
Le lecteur ne tardera pas à comprendre ce qu'elle fait là et ce qu'elle cache pour arriver à ses fins.
Mais l'affaire se corse quand Francis est retrouvé assassiné, et que nos deux enquêteurs se lancent sur la piste d'une secte locale qui séquestre apparemment de très jeunes adolescents et adolescentes...
C'est un polar que j'ai lu quasiment d'une traite tant il y a de rebondissements dans l'enquête et d'humanité dans les propos. De plus, le lecteur sent que l'auteur aime beaucoup cette région des Hautes-Pyrénées.
Au départ ni Matthias, ni Camille ne m'ont été pourtant sympathiques mais au fil de l'histoire, découvrir leurs personnalités tellement différentes, devient un exercice amusant et participe à l'envie de poursuivre la lecture.
C'est un polar plaisant qui ne révolutionnera pas le genre mais qui est subtilement étayé tout au long du récit, d'humour décalé et de références à la société d'aujourd'hui. Au passage les médias et les réseaux sociaux en prennent pour leur grade. L'immersion dans ce petit village fictif aux habitants hauts en couleur, venus là pour se protéger du monde trop violent qui les entoure, fait partie du plaisir de la lecture. Le lecteur même s'il devine par avance certains éléments de l'histoire, finit par s'attacher à cet anti-héros maladroit qui se fait toujours avoir, et a toujours un temps de retard sur son entourage. De plus, on sent que l'auteur a beaucoup de tendresse pour ses personnages, tant humains que... nains.
Un polar et un auteur à découvrir pour passer un bon moment de détente, sans prise de tête, même s'il aborde des thèmes de société gravissimes, ce n'est pas un livre triste et c'est une lecture qui fait du bien.
Vous pouvez aller lire la chronique de Bernie ICI.