Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Il pensait aux gens qui laissaient un message derrière eux avant de disparaître. Et lui, qu'écrirait-il sur un bout de papier ? A l'intention de qui laisserait-il ce message ?
Erlendur ne croyait pas aux présages, aux visions et aux rêves, pas plus qu'à la réincarnation ou au karma, il ne croyait pas en Dieu ni à la vie éternelle, bien qu'il eût très souvent lu des passages de la Bible ; il ne croyait pas non plus que son comportement au cours de cette vie déciderait de l'endroit où il irait ensuite, le paradis ou bien l'enfer. Il lui semblait que la vie elle-même offrait un compromis des deux.
Et malgré cela, il éprouvait parfois ce sentiment incompréhensible et surnaturel de répétition, il avait l'impression qu'il avait déjà vu tel lieu et vécu tel moment, comme s'il quittait son propre corps, se transformant ainsi en spectateur de sa propre vie.
Encore un polar aujourd'hui...
Le cadavre d'un vieil homme est découvert par ses voisins. C'est l'inspecteur Elendur et son équipe, Sigurdur Oli et Elinborg, qui sont aussitôt dépêchés sur les lieux. Holberg avait apparemment une vie sans histoire et l'inspecteur, de mauvaise humeur, est persuadé qu'il va encore perdre son temps. Pourtant l'assassin a déposé un mystérieux message sur son corps "Je suis LUI" écrit sur une page arrachée à un carnet trouvé sur les lieux.
Qu'est ce que cela peut-il signifier ? L'inspecteur n'en a aucune idée.
En parallèle, à la demande expresse de sa fille, il doit enquêter sur la disparition, d'une de ses amies, le soir même de son mariage.
Mais en fouillant dans la vie d'Horberg, les enquêteurs vont découvrir que son ordinateur contient une belle collection de photos pornos qui remontent toutes à près de quarante ans. Et dans un tiroir fermé à clé, la photo d'une tombe, celle d'une petite fille morte à l'âge de 4 ans, un drame pour sa famille. Mais Holberg n'avait pas de famille, alors qui est-elle ?
Il n'en faut pas davantage à Erlendur pour poursuivre son enquête d'autant plus qu'au fur et à mesure de ses découvertes, l'inspecteur s'aperçoit que le vieil homme était un véritable monstre, un violeur sans foi ni loi, qui a fait beaucoup de mal autour de lui par ses actes, mais pas que.
L'enquête va le mener tout droit à la Cité des Jarres, un endroit secret où seraient conservés précieusement de nombreux organes humains afin d'être étudiés de près.
Bien entendu, je vous en ai bien assez dit et vous découvrirez la suite lors de votre lecture !
Erlendur savait bien qu'il n'avait rien d'un père modèle et que le discours qu'il venait de tenir aurait tout aussi bien pu s'adresser à lui-même. Il était probable que c'était tout autant à lui-même qu'il se parlait, contre lui-même qu'il se mettait en rage plutôt que contre Eva Lind. Un psychologue aurait dit qu'il effectuait un transfert de sa colère sur sa fille. Mais peut-être que ce qu'il venait de dire avait eu un quelconque effet. Il n'avait jamais vu Eva Lind pleurer auparavant. Pas depuis qu'elle était enfant.
C'est encore une fois un roman noir passionnant. La violence est avant tout psychologique et les faits troublants. L'auteur installe, sans blablas inutiles, une ambiance glauque propice à nous donner envie d'en apprendre davantage très vite sur la victime et le tueur.
Les personnages féminins sont formidables dans leur rôle de victimes, elles gardent beaucoup de dignité.
J'ai aimé que l'auteur ne cache rien de la complaisance de certains policiers qui sonne malheureusement très juste.
L'auteur nous fait entrer dans le monde médical, celui des secrets de famille, des maladies dont on ne peut parler parce qu'héréditaires, des collectionneurs d'échantillons biologiques, d'organes et autres, des fichiers informatiques secrets qui recensent les données sur la santé des islandais...il fait référence à une entreprise qui a réellement existé et qui s'était spécialisée dans les génomes humains.
Ce livre qui est le premier roman de l'auteur à avoir été traduit en français. Il est en fait le sixième de la série.
Comme nous le verrons par la suite dans les autres romans de l'auteur, l'inspecteur Erlendur a un caractère difficile, il est dépressif, boit trop et il est toujours de méchante humeur, doit gérer sa fille Eva Lind, qui se drogue, vient s'installer chez lui mais n'arrive pas à décrocher. Mais, tout cela le rend plus humain.
Ce roman a obtenu le Prix Clé de verre du roman noir scandinave, le Prix Mystère de la critique et le Prix Coeur noir en 2006 lors de sa sortie.