Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Un jour on jouait aux petites voitures, le lendemain il avait seize ans. Je me demandais où étaient passées toutes ces années. Et dans cette distance entre nous, parfois, je me disais que je lui en voulais sans doute d'avoir grandi, parce que ça signifiait que moi j'avais vieilli.
Lucas, 16 ans et David, son père, ne se parlent plus. Lucas ne sait pas depuis quand. Il se souvient pourtant que lorsqu'il était petit, son père jouait avec lui au foot.
Anna la mère, suggère à David de profiter d'une semaine de vacances durant laquelle elle doit s'absenter, pour emmener Lucas dans la montagne, dans une cabane qui a appartenu au grand-père.
Là-haut, il n'y pas d'électricité, pas de réseau et tous les deux se retrouvent coupés du monde. Mais ils ne vont pas manquer d'occupations.
Vont-ils peu à peu sortir de leur solitude pour réapprendre à communiquer ?
Pourquoi en grandissant, s'éloigne-t-on des gens qu'on aime ?
...comment on fait pour dire à son fils, que l'important, c'est d'être au monde, ce sont les couleurs de l'automne et ce qui renaît au printemps, c'est cette impression d'être dans la vie, sur la terre, reconnaissant de ce qu'elle nous donne.
Madeline Roth nous offre un court roman de 74 pages à peine, sur la filiation, la transmission et l'importance, pour les enfants et adolescents, de connaître leurs racines pour pouvoir s'aimer, se sentir aimés et surtout grandir. Un thème déjà maintes fois traité dans la littérature pour adolescents, mais qui cette fois aborde ce sujet différemment.
Je ne connaissais cette jeune autrice que de nom et je suis tombée sous le charme de son écriture toute en pudeur et délicatesse. Le texte entremêle les voix de Lucas et de David avant de les réunir dans des chapitres courts mais émouvants, dans lesquels chaque mot compte par ce qu'il évoque de non-dits et d'émotions contenues.
J'ai beaucoup aimé déjà la couverture qui est à la fois sombre et lumineuse, ce qui explique que j'ai eu envie de l'emprunter pour le lire.
C'est un roman pour adolescents qui nous touche au plus profond de nous car la maladresse de ce père qui lui même n'a jamais pu exprimer son ressenti avec son propre père, ses silences, son embarras devant ce fils qui a grandi si vite qu'il est devenu un étranger dans sa maison, tout cela sonne tellement juste qu'à peine commencé, nous avons envie de le finir pour connaître la fin.
Autant vous dire qu'il se lit vite. Il est très accessible mais est cependant d'après moi à réserver aux plus de 12/13 ans. Il ne manquera pas de faire réfléchir les ados qui souvent se coupent ainsi de leur famille pour se murer dans le silence.
Les choses qu'on ne dit pas, ça fait un bruit d'orage. Celles qu'on vit, comme celles qu'on vivait-là, juste maintenant, ça faisait un bruit de feu qui brule, ça éclairait la nuit, nos deux ombres, à lui et à moi.