Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
27 octobre
Le silence est entré dans la ville. Il est descendu des collines, s'est glissé sous les porches. Il a filé dans les ruelles courbes, contourné les fontaines où s'ébrouent les pigeons. Le silence encore chaud des pinèdes est entré dans cette ville d'ombre, il s'est assis sur les bancs de pierre derrière les églises.
Ma fille est partie vivre dans une autre ville, vivre sa vie.
La Provence est âpre, brutale, contrastée. Je l'aime parce qu'elle reste imprévisible et sauvage. En été elle brûle ce qui se hasarde hors de ses ombres maigres, elle tire sur l'argile et fait éclater les maisons. L'hiver elle fend les arbres et les pierres, elle traverse les villes comme un rasoir ouvert.
L'écriture est le contraire d'un programme, d'une technique, c'est un vagabondage dans une contrée sauvage.
L'auteur encore une fois nous offre dans ce récit largement autobiographique, présenté comme un journal, une belle balade au cœur de la Provence. Seul à présent que Marilou sa fille, est partie faire ses études à Montpellier, le narrateur (l'auteur) parcourt inlassablement ces lieux connus qui le rattachent à ceux qu'il aime.
Au fil des saisons, du mois d'octobre au mois de juin de l'année suivante, il va écrire dans un cahier d'écolier ses souvenirs du passé et les rencontres faites dans sa vie quotidienne, tout comme dans la nature.
Bien entendu, comme dans la plupart de ses écrits, l'auteur nous parle de sa jeunesse à Marseille, de sa mère disparue et de son père.
Il ne cache rien non plus de sa vie personnelle auprès de celle qu'il aime profondément et qu'il a surnommé "la fiancée des corbeaux", Isabelle. Vous découvrirez pourquoi en lisant le livre. C'est l'institutrice de la classe maternelle du village. Elle est tendre et rassurante, elle sait écouter ses angoisses...
Les pages où il nous parle d'elle sont magnifiques et j'ai aimé aussi celles où il nous parle de Félix, le père d'Isabelle qu'il faut surveiller comme un enfant et protéger quand la personne qui s'en occupe doit s'absenter.
Le lecteur va s'amuser au fil des pages d'autres belles rencontres comme de celle par exemple de cette octogénaire qui fait du stop tous les dimanches pour aller...danser ; celle de ses jeunes voisins dont il aperçoit la salle de bain de sa fenêtre ; ou encore de Tony qui écrit depuis qu'il est sorti de prison et lui soumet ses textes...mais il y en a bien d'autres que je vous laisse découvrir.
Le lecteur se moque qu'il n'y ait pas de fil conducteur particulier dans cette histoire, émaillée de mille petites choses de la vie quotidienne, il se laisse emporter par la rencontre avec de belles personnes, la poésie du texte et des mots, et la beauté des paysages et de cette Provence à la fois rude et accueillante comme le sont les gens du pays...
Il sent l'odeur de la garrigue et des terres labourées, voit les belles couleurs d'automne et les ciels colorés.
J'ai aimé aussi que l'auteur adhère aux paroles pleines de sagesse de Sitting Bull.
Que dire de plus, c'est un récit plein de douceur, d'émerveillement, de tendresse et de poésie, mais aussi de nostalgie, un roman qui fait du bien...car c'est un chant d'amour à la nature, à la beauté et à la vie tout simplement.
Je n'ai pas dit mon dernier mot avec cet auteur car il me reste encore beaucoup de livres déjà lus à vous présenter, de livres à relire ou à tout simplement découvrir.
Bonne lecture !
Nos mères ne nous abandonnent pas, elles nous confient en partant à un monde de douceur, un petit coin qui ressemble à l'enfance, à un jardin, aux jours d'été, à la lumière.
Avec les enfants des écoles primaires on peut faire parler les chats, les loups et les oiseaux, une souris peut tomber amoureuse d'un ours. Avec les lycéens on peut gentiment tripoter le mot philosophie. Avec les collégiens on traverse un champ de mines. Essayer de faire parler les souris...
...chaque matin, certains d'entre nous se ruent sur leur ordinateur pour rejoindre les autres. Quand ils les croisent dans la rue, dans la vie, ils ne les voient pas.
Qui est responsable ? ...
Chacun de nous essaie de sortir un instant de la nuit, d'être aimé, d'éloigner la mort. Je ne suis ni pire ni meilleur que les autres, j'écris pour être aimé, pour comprendre ce chaos, notre folie, pour retenir ceux qui s'en vont.
On ne sait jamais ce que les gens lisent dans nos livres, ils y lisent leurs vies, ils y cherchent leurs rêves, ils y trouvent mille choses que nous n'avons jamais imaginées. Ils s'engouffrent dans d'obscures cités dont nous n'avons fait qu'entrouvrir la porte.
Je voyage à travers l'or des jours et les ombres de la mémoire vers des rivages inconnus. Je poursuis le grand voyage immobile dans le silence de mon appartement, entre les déserts violets de lavande et toutes les silhouettes que j'ai dû croiser un jour dans les pays que j'ai traversés et les livres que j'ai lus, qui sont en moi comme des villes vibrantes de peur, de désir et de lumière.