Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Un regard neuf, créatif, innocent sur le monde, voilà la clé de la réussite. Les enfants ne sont pas représentés au gouvernement, or, nous sommes concernés par les décisions qui sont prises aujourd'hui, car elles auront des conséquences demain.
Il suffit de peu pour que la mémoire passe d'être notre alliée à notre pire ennemie. Solide, le souvenir devient de plus en plus flou, impalpable. Il se faufile au travers de notre esprit comme du sable entre les doigts. Il est impossible de le retenir. Il s'en va irrémédiablement.
Avant de vous présenter ce livre, je tenais à vous dire que l'auteur écrit sous un pseudo et que personne ne connait son identité réelle. Il (ou elle) est simplement un(e) "écrivain(e) français(e) bien connu(e) du grand public", trouvons-nous mentionné sur la quatrième de couverture.
Je n'en sais pas plus !
Noah D'Amico est un petit garçon de dix ans qui rêve de devenir le premier président métis des États-Unis. Il sait bien qu'il n'a pas l'âge requis, mais il a déjà plein d'idées et une volonté de fer et il a donc entrepris de faire du porte à porte pour obtenir le plus grand nombre de signatures sur sa pétition, afin de modifier les conditions d'accès en vue de sa future candidature.
Mais en principe, les gens ne le laissent même pas se présenter avant de lui fermer la porte au nez. Ils ne savent pas ce qu'ils perdent car c'est un jeune garçon d'une très grande maturité, et qui a énormément réfléchi à son projet. Il sait comment réduire la faim dans le monde, agrandir la surface de la terre habitable en prenant sur la mer, ou forcer les politiques à écouter les enfants... il a des solutions pour presque tous les problèmes que nous connaissons sur terre !
Un mardi, il frappe à la porte d'un vieil homme, c'est Jacob Stern. Il n'a que 75 ans mais perd la mémoire et pour éviter d'oublier sa femme qu'il a tant aimé et certains événements de sa vie, il note tout dans des carnets. Sinon, il ne sort presque plus et reste accroché à sa bouteille d'oxygène devant sa télé éteinte, après avoir été pourtant dans sa jeunesse un dynamique imprimeur.
La venue de ce petit garçon si curieux et pétillant, va changer sa vie !
Autour d'un verre de lait et d'un donut au chocolat, tous les deux se livrent à des confidences et ils deviennent amis sans toutefois tout se dire.
Noah en particulier ne veut pas révéler toute sa vie, comme par exemple qu'il ment souvent à son père (et ressemble en cela aux hommes politiques, c'est pas moi qui le dit c'est lui !!), ni qu'il n'est pas si heureux que ça. Sa maman est morte, son père travaille comme un forcené pour fabriquer des pizzas et s'occupe peu de lui. En tous les cas, il ne trouve pas auprès de lui l'écoute dont il aurait besoin.
Idéaliste et rêveur, Noah décrit avec ses mots et beaucoup de candeur ses idées pour rendre le monde meilleur, et les hommes plus généreux. Il s'impatiente tellement à l'idée de changer le monde qu'il en est touchant.
Jacob, de son côté, finit par lui raconter certaines événements dramatiques de sa vie en les présentant comme s'ils avaient été heureux.
Mais le lecteur va découvrir que tout n'est pas si simple pour Jacob et que sa perte de mémoire n'explique pas tout. Qui sont ces hommes en noir qui viennent le harceler chez lui et taguer sa maison ? Et qui est ce vieil homme qui vient une nuit y mettre le feu ?
Depuis longtemps, Noah faisait croire à son père qu'il adorait les jeux vidéo afin que celui-ci continue de le menacer de l'en priver. Tant qu'il le privait de Nintendo en croyant que cela l'affectait, il ne le privait pas d'autres choses plus vitales pour lui, à savoir les livres, les journaux, les sorties, et la glace au chocolat et aux noisettes.
La première partie de ce court roman (220 pages à peine) qui démarre comme un feel-good est pleine de poésie, de sensibilité et d'humour. Les dialogues entre le petit garçon et le vieil homme sont emplis de tendresse et le lecteur est finalement content de voir s'établir entre eux une relation qui leur fait du bien à tous les deux car il les trouve très attachants. On comprend très vite que le récit du vieil homme, assez incroyable au départ, cache quelque chose et qu'il n'est pas présenté ainsi uniquement pour protéger le jeune garçon. Certains éléments de l'histoire sont tellement étonnants que le lecteur comprend que la réalité n'est pas tout a fait celle qui est décrite, que le vieil homme ne dit pas tout de son histoire.
La seconde partie va nous ouvrir les yeux. Des éléments nouveaux vont nous faire comprendre que nous nous sommes trompés, comme Noah, à propos de Jacob. Pourtant l'auteur nous avait donné de nombreux indices. Les gens ont tous plusieurs facettes et ne sont pas toujours ceux que l'on imagine. L'auteur arrive à nous surprendre et à nous embarquer là où il (ou elle) le désire...et nous nous en voulons de l'avoir suivi avec autant de naïveté.
Quant à la troisième partie, très courte elle nous projette dans le futur, vingt-cinq après, alors que Noah a réalisé son rêve. Noah va avoir une très difficile décision à prendre et le témoignage d'une personne qui avait gardé le silence pour se préserver jusque-là, va remettre en question tout ce que nous avions cru être la vérité.
Voilà donc un roman facile à lire et plaisant, riche en émotions, écrit de manière fluide et agréable avec des chapitres courts. Il peut être lu dès la classe de troisième et c'est une lecture intergénérationnelle intéressante qui pourra être agréablement partagée pendant les vacances avec les plus grands ados qui saisiront mieux les subtilités de l'histoire.
Les personnages principaux sont très attachants mais j'ai aimé aussi beaucoup les personnages secondaires en particulier le père de Noah tellement touchant par sa maladresse, mais aussi l'enquêtrice qui écrit des rapports de police aussi longs que des romans... J'aurais tout de même aimé que ces deux derniers personnages soient davantage présents dans l'histoire.
Vous pouvez aller lire l'avis de Doc Bird ICI.
Merci à l'éditeur, à Babelio et à sa Masse critique exceptionnelle de m'avoir permis de recevoir et de lire ce livre.
...on se souvient toujours plus du mauvais que du bon, plus du mal que l'on nous a fait que du bien. Ainsi est la vie. Ainsi est la mémoire.