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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

La patience de l'immortelle / Michèle Pedinielli

Editions de l'Aube, 2021

Editions de l'Aube, 2021

Depuis toujours, la Corse me parle en français avec l'accent corse.

...en Corse, on ne conduit pas, on pilote. Sur un territoire où la seule ligne droite est tracée dans la plaine orientale, c'est-à-dire bien loin d'où on se trouve, le Code de la route ressemble à une blague pour le touriste qui découvre un panneau 90 au milieu de la série de virages montagnards à la limite de l'épingle à cheveux alors qu'il peine à atteindre les 40 kilomètres à l'heure. Et c'est une entrave pour les Corses qui ne voient pas pourquoi ils ne pourraient pas doubler le pinzutu tétanisé devant eux, même si ligne droite au milieu, pas de visibilité en face, et ravin à droite.

Voici un bon polar lu pendant les vacances ! 

Ce roman fait suite à "Boccanera", présenté ICI et à "Après les chiens", pris d'assaut à la médiathèque, que je n'ai pas encore lu, mais les trois romans peuvent se lire séparément car si l'enquêtrice est la même, les enquêtes, elles, sont bien différentes et n'ont aucun lien entre elles.  

C'est cette fois en Corse que Diou (Ghjulia Boccanera) se rend pour enquêter sur le meurtre de la nièce de son ancien compagnon, Joseph Santucci, commandant de la P.J. de Nice. Letizia Paoli était journaliste à FR3 et très connue dans la région. 

Nous sommes tout près de Propriano dans les montagnes de l'Alta Rocca...un lieu paradisiaque, encore sauvage et préservé. 

Cela fait des années que Diou n'est plus revenue dans le village et la vallée de sa jeunesse. Elle a l'impression d'avoir tout à réapprendre des us et coutumes locales. Mais elle est accueillie avec chaleur par la famille de Jo comme si elle les avait quittés la veille. 

Cependant, ce n'est pas la même chose pour les policiers locaux qui voient d'un mauvais œil qu'elle se mêle de l'affaire en tant que détective privée, mais aussi d'amie de la famille. Jo le lui a demandé car il ne peut lui même enquêter, puisque Letizia était sa nièce, mais aussi parce qu'au fond de lui, il ne leur fait vraiment confiance. 

Malgré plusieurs tentatives d'intimidation, Diou va bien entendu aller interroger les différentes personnes qui connaissaient Letizia. Peu à peu, elle découvre que la jeune femme s'intéressait à des sujets sensibles sur l'île comme les feux de forêts, les zones agricoles devenues mystérieusement constructibles, les oliviers arrachés pour être ensuite revendus...et autres dérives illégales locales. Letizia n'en parlait pas ouvertement mais consignait tout dans un blog, indépendamment de ses enquêtes officielles. Les suspects sont donc nombreux. 

Mais voilà que dès le lendemain de l'enterrement, le mari de Letizia disparait à son tour...L'enquête prend alors un tout autre tournant. 

La solitude s'abat sur Diou, après le départ à Nice de Jo pour obligation professionnelle. Elle va sortir de son refuge pour faire quelques connaissances intéressantes et bien entendu, comme elle sait si bien le faire, se mettre en danger et mettre les pieds là où elle n'aurait jamais du aller.

La chute n'en sera que plus vertigineuse ! 

Voilà encore une fois un polar qui se lit d'une traite. Facile à lire, sans prise de tête, riche en rebondissements, dépaysant par l'ambiance qui est décrite avec réalisme par l'auteur, il a tous les atouts pour vous faire passer un bon moment durant les week-ends ou les vacances. De plus l'auteur emploie le tutoiement pour s'adresser au lecteur ce qui permet une immersion encore plus immédiate, comme si nous devenions le confident de Diou, le temps qu'elle nous conte cette nouvelle enquête. 

J'ai retrouvé avec plaisir notre enquêtrice tellement "nature" et donc attachante, avec son côté un peu décalé et ses pensées féministes et engagées, son franc-parler, son humour désopilant et sa sensibilité à fleur de peau. A aucun moment quand elle (l'auteur à travers son personnage) nous parle de son île, de son enfance, des "lois" à part qui y règnent, elle ne tombe dans la caricature.

Les personnages secondaires ont tous leur importance et les dialogues sont étonnamment vivants comme si nous y étions. Les moments passés avec Maria Stella, l'adorable petite fille de Letizia, âgée de 2 ans et demi sont bourrés de tendresse. Ceux passés avec l'ancien maire du village à présent octogénaire, sont d'une grande richesse et ne manquent pas d'humour car ils se déroulent au café du coin, tout en jouant au poker communiste (je ne vous en dirai pas plus !!).  

J'ai aimé en particulier les personnages féminins comme Diane et Antoinelle qui malgré tout ce que l'on peut penser d'elles au premier contact, ont une grande force morale comme Diou elle-même : libres, justes, capables de prendre leurs responsabilités, et ne comptant que sur elles-mêmes !

Au passage vous admirerez des paysages magnifiques, circulerez sur les routes de montagne à vos risques et périls et apprendrez quelques mots typiquement corses.

A noter, l'immortelle est une plante aux vertus médicinales connues, elle est en particulier cicatrisante et adoucissante et vient donc à bout des blessures et autres plaies du corps mais aussi de l'âme, tout un symbole. 

Merci à Alex (voir sa critique ICI) qui par son enthousiasme m'a donné envie de connaitre cet auteur.

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