Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Il m'arrivait de rêver que quelqu'un venait nous sauver. Car tout le monde était au courant. Même s'ils n'avaient aucune idée de la gravité de la situation, ils en savaient assez. Pourquoi personne ne venait donc nous chercher ? Nous libérer? Mais tous, ils détournaient lâchement le regard, étaient aveugles aux plaies et aux bleus. Aucun enseignant n'a jamais rien dit. Aucun médecin du dispensaire n'a jamais commenté nos blessures, ni celles de maman. L'hiver dernier, maman avait dû être hospitalisée à huit reprises. Une épaule déboîtée. Une fracture du poignet. Une mâchoire fendue. Personne n'a remis en question ses histoires de mauvaise chute dans l'escalier de la cave, de porte de placard l'attaquant par surprise dans la cuisine. Tous ont fermé les yeux.
Personne ne connaissait mon passé. Personne ne savait rien de ce qui était arrivé. Quand on m’interrogeait sur ma famille, je disais juste que mes deux parents étaient morts. Un accident de la route. Et que j’étais fille unique. Ce qui, en soi, était la vérité. J’étais fille unique. Désormais.
Mais parfois, Sebastian visitait mes rêves.
Le problème principal des gens, je le comprenais était de projeter sur les autres leurs propres chagrins. De vouloir les partager. Ils imaginent que parce qu'on a le même ADN, on va automatiquement éprouver du chagrin dans les mêmes situations. Le chagrin n'est pas plus facile à supporter juste parce qu'on le partage, au contraire, ça le rend plus pénible.
Faye est une jeune femme qui a tout pour être heureuse, Jack, un mari presque parfait et riche, grâce à une entreprise florissante, et Julienne, une adorable petite fille.
Mais son mari, coureur de jupons, la quitte pour une de ses collaboratrices, plus jeune. Il la laisse démunie et sans ressources car elle a cru à ses promesses.
Faye qui a déjà eu son comptant de souffrances lorsqu'elle était enfant, et a su se sortir seule de ses problèmes, se retrouve dans un tel état, qu'elle ne songe plus qu'à se venger de celui qu'elle aime par dessus tout et pour lequel elle a tout sacrifié, ses études, sa carrière et jusqu'à sa vie personnelle.
Peu à peu, aidée par son amie de toujours Chris, et par Kerstin, qui lui a ouvert sa porte et son cœur, elle va oublier sa dépression et élaborer un plan qui va lui permettre de sortir la tête haute de cette situation apparemment inextricable.
Que les hommes qui liront ce thriller haletant soient sur leur garde, il peut être fatal de sous-estimer une femme !
Car c'est ainsi que font les femmes. Elles tournent leur colère vers l'intérieur. Contre elles-mêmes. Elles n'occupent pas de place, ne réclament pas justice. Les filles comme il faut ne se battent pas. Les filles comme il faut ne haussent pas la voix. C'est ce que les femmes doivent apprendre dès le début. Les femmes encaissent, passent l'éponge, assument, tiennent leur couple à bout de bras, ravalent leur orgueil et s'aplatissent, à la limite de la disparition.
Elle regarda Alice, qui venait de s'installer en face d'elle.
Quand Faye avait fait sa connaissance, ainsi que celle des femmes de la haute société gravitant dans le même cercle qu'elle, elle les avait baptisées "les oies", puisque leur rôle principal était de pondre pour leurs maris.
Elles devaient se consacrer à mettre au monde des héritiers, puis couver leur progéniture surprotégée sous leurs ailes drapées en Gucci.
Voilà le premier volet d'un diptyque que je ne pouvais pas ignorer car j'adore cet auteur dont j'ai lu la totalité, je crois, de sa précédente série qui se déroulait la plupart du temps à Fjällbäcka. Mais pas d'Erika, ni de Patrick dans celui-ci, et un changement de style radical qui pourra dérouter les fans de l'auteur.
Il est certain que l'auteur a voulu surfer sur la vague #MeToo, et nous savions qu'elle était féministe, mais avant de lire ce thriller, il vaut mieux oublier ce qu'on a lu avant. Je comprends que certains fans aient été déçus mais ce n'est pas mon cas.
Nous faisons connaissance avec Faye, une jeune femme brillante, qui s'est battue pour changer de vie et a même changé de nom. Elle a quitté sa région natale de Fjällbäcka pour Stockholm où elle est entrée à Sup de Co.
Tout le long du roman, elle tente de cacher aux autres, qui elle est vraiment et ce qu'elle a vécu et fait durant son adolescence. Le lecteur imagine le pire, forcément, vu les encarts en italique qui parsèment le roman et nous donnent quelques indices, judicieusement distillés.
C'est une femme qui au départ apparait soumise totalement à Jack, son mari, qu'elle a rencontré très jeune et pour qui elle était prête à tout pour atteindre le bonheur auquel elle pense avoir droit. Mais sous cette indifférence se cache une révoltée, une véritable stratège et en tous les cas, une personne qui ne se laissera plus jamais humilier par la gent masculine, cela faisant référence à sa douloureuse enfance, à son père violent qui purge une peine de prison.
Voilà un roman résolument féministe dont je ne vous dirai rien de plus pour vous laisser savourer l'intrigue. Même si parfois j'ai trouvé quelques invraisemblances dans son personnage principal, j'ai été prise par ce roman dès les premières pages. Le lecteur relèvera aussi quelques clichés concernant le milieu des affaires et en particulier les épouses de ces hommes riches et narcissiques. Mais découvrir l'envers du décor est intéressant, car les relations tellement superficielles entre les gens, dans ce milieu particulier, sont décrites avec beaucoup de réalisme.
Bon je vous l'accorde j'avais deviné la fin, mais cette semaine était parfaite pour vous présenter cette lecture, puisqu'aujourd'hui, c'est la Journée Internationale des Droits des Femmes.
A demain pour une autre lecture mettant à l'honneur les femmes !
On dit que rien ne nous rend plus aveugles que l’amour, mais Faye savait que rien ne nous rend plus aveugles que le rêve d’amour.
C'était lui qui l'avait transformée en quelqu'un d'autre. Quelqu'un qu'elle-même ne reconnaissait plus. Et si elle n'était plus la femme de Jack Adelheim, qui était-elle ?Pendant ses années passées avec Jack, elle avait épluché tout le reste, couche par couche. Il ne restait plus rien.