Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
La ville glacée dort, comme encore courbatue du chaos. Les rues vides sont mal éclairées de lumignons blafards et les fenêtres sont obscures. La chaussée verglacée cache mal ses cicatrices, et les montagnes autour ressemblent à des sentinelles mortes. Un vent glacé souffle aux carrefours, chassant devant lui les scories de la tempête. Aussi loin que se porte mon regard, ce n'est que bois et verre brisé.
Alors qu'une tempête, d'une ampleur et d'une violence inouïe, fait rage dans la petite ville de Woodfoll, dans le Grand Nord Canadien, une panne informatique entraine un bug dans la toute neuve prison de haute sécurité du Nord canadien. Les portes s'ouvrent suffisamment longtemps, pour que quatre frères, incarcérés dans un secteur à part des autres détenus, se fassent la malle. Ce sont des tueurs sans foi ni loi, récidivistes, qui se retrouvent libérés dans la nature.
L'enquêtrice Lou (Louise) Gynspan est immédiatement dépêchée sur les lieux. Elle dirige les forces de l'ordre qui comprennent douze officiers de police, hommes et femmes, ainsi que des auxiliaires. Petite-fille d'immigrés autrichiens ayant fuit l'Autriche antisémite en 1940, elle a étudié le droit criminel, avant d'obtenir son poste de profileuse...Autant dire qu'elle sait ce qu'elle fait !
La tempête a détruit partiellement la petite ville, mais il n'y a que quelques blessés à déplorer, et des dégâts matériels considérables, mais pas irréparables : les fenêtres ont volé en éclat et, il n'y a plus ni électricité, ni téléphone.
La traque se met en place dans des conditions particulièrement difficiles, le froid, la glace vive perturbant les déplacements. La forêt est aussi obscure qu'en pleine nuit, et la mort rode partout...sans savoir où elle va frapper.
Lou Gynspan et son équipe doivent, en parallèle de la traque des malfaiteurs, élucider le meurtre d'une toute jeune fille indienne habitant à proximité de la ville, ce qui n'arrange pas les relations entre les deux communautés.
C'est alors qu'une des équipes du commissariat ne donne plus signe de vie. Elle était attendue au camp de base pour y passer la nuit. Peu après, leur voiture est retrouvée sur les lieux d'un drame : deux habitants de la région viennent d'être sauvagement assassinés. Vue l'atrocité de la découverte, les auteurs ne peuvent être que les frères recherchés.
Que va-t-il advenir des policiers kidnappés ?
L'angoisse monte d'un cran...
Les mœurs des Indiens ne le concernent plus. J'ai tenté au début, en arrivant de Montréal, de leur faire comprendre que la civilité n'était pas un signe de faiblesse, mais une meilleure façon de se côtoyer. Que ce serait mieux de laisser tomber leur machisme ancestral pour que leurs femmes entrent dans le monde moderne. Mais j'ai vite abandonné.
Les indiennes occupent le plus souvent un rang subalterne et doivent servir les hommes. Elles ne mangent pas à la même table que leurs époux ou leurs fils et ne prennent pas de décisions concernant l'éducation des enfants, surtout des garçons ou l'orientation des affaires.
Voilà un thriller bien construit et très prenant.
L'histoire se passe dans un environnement particulièrement hostile, celui du Grand-Nord canadien. Les gens n'ont jamais assisté à une telle tempête, et tout le monde pense aussitôt à l'intervention d'une puissance surnaturelle, venue venger les ancêtres indiens ayant vécus là, et qui se sont vus dépossédés de leur terre par les blancs. D'autant plus que, le chef indien laisse entendre, que cette prison est bâtie sur un ancien cimetière indien, ce que les hommes blancs connaissaient parfaitement avant l'élaboration du projet.
Depuis plusieurs décennies à présent, comme tout le monde le sait, le peuple indien a perdu son âme, et la pauvreté, l'alcoolisme et la violence ont envahi les camps. Il y a beaucoup de tensions entre les deux communautés, canadiennes et indiennes, dans cette partie du Canada.
Les deux intrigues sont menées en parallèle par l'enquêtrice qui tente de se trouver au bon moment, au bon endroit, pour faire avancer les choses. Le suspense est au rendez-vous, les scènes de crime sont assez difficiles à lire, car violentes, et créent une atmosphère hautement anxiogène, mais bon c'est un thriller, et donc il n'y a là rien de surprenant. Mais le lecteur n'en sortira pas indemne...
L'auteur, en effet, décrit très bien l'angoisse qui règne en dehors de la prison, à partir du moment où la population et les enquêteurs apprennent que les évadés ne sont pas des enfants de cœur.
Les personnages principaux sont bien décrits et leur personnalité, forte mais humaine, nous les rend bien sympathiques. Ils doivent faire face à des sujets d'actualité pas faciles à démêler. Les "méchants" le sont vraiment et bien entendu, cela prouve que l'auteur a su se documenter sur le sujet. Ils n'hésitent pas à se venger avec cruauté des revers subis au cour de leur vie.
Résultat : ça marche et le lecteur est totalement pris par l'histoire !
Maud Tabanick est l'auteur d'une trentaine de polars. Il était temps que je la découvre car, elle est considérée comme une pionnière du roman noir féminin français. Je n'avais pas encore franchi le pas, alors que j'avais entendu parler d'elle, et lu des critiques très positives sur ses romans. J'ai eu beaucoup de plaisir à la découvrir.
Pour moi, la réincarnation n'est rien d'autre que ce que l'on transmet à ceux qui nous ont aimés et qui nous survivent. Nous continuons de vivre tant qu'ils se souviendront de ce que nous avons été, les valeurs et les idées que nous leur avons laissées, l'amour que nous avons partagé...