Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Le village était baigné d'une lumière pourpre irisée d'or et les toits de tuile semblaient capter tous les feux du soleil couchant. La forêt s'étendait au-delà, paisible, symphonie de verts profonds et de mauves délicats...Sur l'horizon embrasé se découpaient les monts roses de l'Estérel qui viraient déjà au violet, sombres dentelles de roche d'une éternelle majesté.
Hélène ne se lassait pas de contempler cette vision familière, si chère à son coeur...
Hélène est une jeune femme qui a tout pour être heureuse. C'est une pianiste adulée. Elle a des parents aimant, une amie merveilleuse et vit dans une région qu'elle aime par dessus tout, la Provence.
Alors qu'elle se rend au chevet d'un ami de la famille, qui est en fin de vie, elle croise un jeune homme qui la bouleverse. C'est Alexandre. Elle en tombe immédiatement amoureuse, et lui, ne semble pas indifférent non plus, mais...il est prêtre.
Alors pour les deux jeunes gens, qui pourtant se sentent unis par un lien très fort, commence une vie de tourments qui va les mener de drame en drame...avec quelques moments d'amour fou et d'autres plus sereins, comme volés à la vie.
...le coeur d'Hélène se serrait à la pensée qu'Alexandre, comme elle, aurait admiré en silence les gestes de la dentellière assise sur le pas de la porte, les pêcheurs tirant à l'aide d'une corde leur barque remplie de poissons. il aurait suivi du regard les vieilles femmes puisant l'eau à la noria, vêtues de longues jupes plissées, les épaules couvertes d'un petit châle à franges et coiffées d'un foulard en pointe noué sous le menton.
Je n'avais jamais lu cet auteur et je dois dire que j'ai été plutôt déçue par ce roman, paru en 2012, certes bien écrit et qui nous offre quelques belles descriptions des régions traversées.
C'est un roman sentimental et je m'attendais donc à un livre romantique, léger et parfait pour des vacances, et à des personnages attachants que j'aurai eu du plaisir à retrouver entre deux occupations. En fait, j'ai trouvé l'histoire trop tarabiscotée, les revirements affectifs pas toujours crédibles, les personnages peu attachants dans la durée, malgré quelques passages émouvants. Seuls, les personnages secondaires, plus réalistes, ont su me toucher.
Le sujet de fond m'intéressait beaucoup, puisqu'il s'agissait d'aborder un véritable problème de société, celui du célibat des prêtres, sujet délicat qui, je trouve, devrait être d'actualité jusqu'à ce qu'il soit résolu, et donc, de mieux comprendre la difficulté des hommes d'église, à vivre heureux dans leur foi, qu'ils ont choisi, tout en renonçant à toute autre forme de bonheur. Mais ce sujet omniprésent et important, même pour moi qui suis athée, est très vite masqué par les problèmes du couple.
Le tout est bien entendu romancé, écrit avec une plume légère ; l'histoire d'amour aurait pu être une belle histoire...
Le point négatif est que j'ai trouvé que tout était TROP : trop de tergiversations, trop de disputes, trop de tromperies...trop de malheurs...trop...de tout ! Du coup, l'émotion n'était pas au rendez-vous pour moi, et je suis restée en dehors de l'histoire, quasiment tout au long de ma lecture.
J'ai trouvé que le personnage d'Alexandre en particulier, manquait de crédibilité, même si les contradictions qui l'animent sont compréhensibles. Le fait qu'il soit capable de devenir violent m'a beaucoup choqué, car je pensais, à tort, que devant toutes sortes de situations difficiles, un homme d'église se devait de rester paisible et intègre. De plus, à cause de son caractère emporté et jaloux, il provoque un désaccord durable, souvent incompréhensible pour le lecteur, car dans des moments inattendus, entre Hélène et lui, alors que le bonheur semble à leur portée. Le seul point positif est qu'il aime passionnément la montagne !
Le personnage d'Hélène est plus touchant et surtout davantage crédible : elle me parait plus authentique au tout début du roman, et ensuite en tant que mère. Par contre, à d'autres moments, je l'ai trouvé trop volage et surtout très immature, compliquant sa vie encore davantage, par son manque de constance. J'ai trouvé aussi qu'elle renonçait trop facilement à sa passion pour la musique, même si sa mère adorée lui avait déjà montré la voie, en abandonnant elle-même son métier de cantatrice pour l'élever, et pour s'occuper de sa famille. Finalement, la relation entre Alexandre et Hélène m'est apparue "toxique" pour l'un comme pour l'autre.
J'ai eu envie à plusieurs moments de laisser tomber ma lecture, ce qui est rare chez moi quand je choisis un livre, mais comme je connais parmi mes lectrices plusieurs personnes qui adorent cet auteur, j'ai persévéré.
Pour terminer sur une note plus positive, je dirai d'une part, que je n'ai pas choisi le bon titre pour faire connaissance avec cet auteur, et d'autre part, que les passages où il est question de musique, et ceux qui nous décrivent les liens familiaux, comme les relations entre Hélène et sa mère, ou son père, ou amicaux, que ce soit avec son amie d'enfance, ou son ami médecin et sa femme, sont tous d'une grande sincérité. Ce sont ceux que j'ai le plus aimés dans le roman...mais hélas, ils ne constituent pas le centre de l'histoire.
Elle avait joué de toute son âme, malgré le trac des premières minutes, malgré l'amertume qui demeurait dans son cœur. La musique s'était révélée comme jadis une complice, mieux encore, elle l'avait emportée très loin, sur les ailes d'un éternel rêve d'amour et de bonheur.